La forte propension des jeunes, garçons comme filles, à prendre le large pour rejoindre les côtes occidentales via la géhenne du Sahara est loin de faiblir. Chaque jour ou presque, des départs massifs et des arraisonnements d'embarcations de fortune sont signalés en haute mer.
L'aridité économique sur fond d'un chômage chronique et stressant, l'influence d'un tiers et/ou des parents, un effet de mode font hélas le chemin de ce voyage généralement sans retour. En réponse à cette problématique à visage multidimensionnel, la ministre auprès du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur en charge des Sénégalais de l'extérieur, Dr Annette Seck Ndiaye, préconise la création des pôles structurants de développement pour fixer les jeunes dans leur foyer d'origine.
Plus rien ne semble arrêter la frénésie des jeunes candidats à la migration irrégulière ; fussent-ils les bilans macabres et les multiples politiques de dissuasion. « C'est presque tous les jours que nous apprenons dans la presse, surtout internationale l'arraisonnement d'embarcations de fortune autour des côtes espagnoles, marocaines et même de plus en plus des côtes d'Amérique, de Nicaragua et des Etats-Unis d'Amérique. C'est devenu aujourd'hui un phénomène mondial », déclare Dr Annette Seck Ndiaye, la ministre en charge des Sénégalais de l'extérieur.
Interrogée sur les conditions de ce voyage périlleux au départ comme à l'arrivée ou à mi-chemin, Dr Annette Seck Ndiaye, presque les larmes dans la voix, en bonne mère de famille témoigne : « c'est un drame. Ce sont des personnes qui sont totalement meurtries, complètement désemparées par la désillusion entretenue par des gens qui ont décrit le voyage comme étant une croisière qui n'en est pas une. C'est extrêmement douloureux de voir des gens qui, pendant des années, ont fait ce rêve de faire ce voyage au péril de leur vie ».
La pression sociale nourrit la détermination des candidats
Au sujet de l'état d'esprit de ces migrants, grande fut la surprise de Madame le ministre de l'abnégation de certains candidats malheureux à vouloir refaire l'aventure : « ce qui est le plus étonnant, lorsque vous parlez à ces migrants, certains vous disent qu'ils ont échoué une fois et même deux fois mais vont peut-être réussir une troisième fois. C'est juste vous dire la détermination de ces jeunes qui croient que ce n'est qu'avec ce voyage qu'ils peuvent réussir ». Abordant le spectre de la pression sociale au sein des familles, Mme la ministre des Sénégalais de l'extérieur n'en doute point : « c'est effectivement cette pression sociale qui pèse sur ces jeunes.
Des pères et mères de famille ou des frères et soeurs qui encouragent ces jeunes à partir au motif que leurs camarades y ont réussi. Ce qui n'est pas souvent vrai car beaucoup sont morts sans que leur famille en soit informée. C'est donc comme un effet de mode. Ce sont des jeunes qui sont trompés et qui manquent de bonnes informations dans ce domaine vraiment », a-t-elle fait observer avec désolation.
Quels impacts des projets et programmes de l'Etat ?
La ministre des Sénégalais de l'extérieur tient de prime abord à rassurer des projets et programmes mis en place par l'Etat du Sénégal dans le cadre de la prise en charge des questions de formation et d'employabilité des jeunes : « on ne reviendra pas sur tous ces programmes bien ficelés et qui ont ciblé la jeunesse, il s'agit entre autres de la DER, du FONGIP, de l'ADPME sachant que notre pays allait avoir de plus en plus un profil jeune important. Toutefois, ces politiques se doivent d'être renforcées », note-t-elle.
S'il est vrai que l'Etat du Sénégal a promu des programmes de formation et d'insertion des jeunes, il reste sans ambigüité claire que le travail de coordination et d'efficacité et d'efficience demeure le talon d'Achille de la machine gouvernementale. Et l'une des recommandations phare du forum tenu à Sédhiou lundi 11 septembre, vise à créer une synergie des partenaires techniques et financiers pour mieux impacter sur les résultats à atteindre.
Créer des pôles pour matérialiser la territorialisation des politiques publiques
La ministre auprès du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur en charge des Sénégalais de l'extérieur dit être convaincue de l'émergence des territoires de l'intérieur du pays si les investissements sont équitablement faits jusque dans les terroirs les plus reculés. « C'est cela le grand défi, l'effectivité de la territorialisation des politiques publiques.
Que les investissements soient résolument tournés vers les territoires. Il est vrai que le Sénégal a fait de grands bonds en avant mais il faut nécessairement qu'on crée des pôles dans le domaine de l'agriculture, de l'éducation, la santé et autres investissements structurants. Cela permettra de fixer avec raison les jeunes dans leur foyer de départ », rassure-t-elle.
Et de poursuivre sur des cas bien pratiques : « je ne peux pas comprendre que Sédhiou soit la première région productrice d'anacarde et la deuxième productrice de banane et que le traitement de ces produits se fasse ailleurs avec tout ce qu'il y a comme manque à gagner dans l'emploi et d'activités génératrices de revenus. Ailleurs, ce sont d'autres produits et si ces investissements sont réalisés en amont, à mon avis, beaucoup de jeunes vont rester.
Nous en avons parlé en haut lieu et le chef de l'Etat, son Excellence Macky Sall, est très réceptif à nos propositions et nous allons faire le suivi pour qu'enfin, ces jeunes puissent trouver des opportunités locales, rester et réussir dans leurs terroirs respectifs », a-t-elle conclu.