Sénégal: Le gouvernement dévoile sa stratégie nationale sur l'intelligence artificielle

Dakar — Le gouvernement du Sénégal, à travers le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l'Economie numérique, a présenté jeudi la stratégie nationale sur l'intelligence artificielle (IA), à travers une restitution des travaux initiés avec l'ensemble de l'écosystème numérique du Sénégal.

"On sait qu'aujourd'hui l'intelligence artificielle est une technologie révolutionnaire qu'on appelle la 4ème révolution après internet et qui est un atout majeur pour notre pays", a indiqué Moussa Bocar Thiam, ministre de la Communication, des Télécommunications et de l'Economie numérique.

Présidant la cérémonie, M. Thiam a rappelé que le Sénégal est aujourd'hui l'un des premiers pays à "dérouler" une stratégie nationale et souligné que "l'enjeu majeur" est de "chiffrer" cette stratégie et de mettre l'accent sur sa mise en oeuvre.

"Les experts qui ont travaillé sur cette stratégie ont pris en compte les aspects réalisables, comme le coût et la mise en oeuvre qui peuvent être faits de manière soutenable pour nos finances et pour l'état de notre économie, de notre croissance et le tout arrimé au PSE [Plan Sénégal émergent]", le référentiel des politiques publiques au Sénégal, a souligné Moussa Bocar Thiam.

Il a précisé qu'il s'agit d'une première restitution qui va être ouverte au public pour contribuer à l'amélioration de la stratégie nationale sur l'intelligence artificielle. Il a annoncé qu'une version finale du document sera soumise au chef de l'Etat, Macky Sall, en vue d'une validation politique.

De l'importance des valeurs éthiques

Il a cependant estimé qu'il était "important que, dans la mise en oeuvre et l'usage de l'intelligence artificielle, des valeurs éthique soient au coeur de notre stratégie au Sénégal".

Dans cette stratégie, a-t-il relevé, il y a un aspect gouvernance qui permet de créer le "contour juridique et institutionnel" permettant d'encadrer, de contrôler, de décliner tous les aspects liés à l'intelligence artificielle.

"Il y a également des aspects de souveraineté qui sont pris en compte, car qui parle d'IA parle de données, donc il est important qu'il y ait des garde-fous, pour que l'exploitation de ces données puissent être en cohérence par rapport à la sécurité nationale, individuelle et à la vie privée", a-t-il révélé.

Moussa Bocar Thiam estime que l'intelligence artificielle est aussi une "aubaine", expliquant que, selon la FAO, l'IA va induire une amélioration de 30% de la qualité de l'agriculture.

"L'IA présente un avantage réel pour l'ensemble de l'économie en aidant par exemple à lutter contre le changement climatique, à améliorer les rendements agricoles ou encore les services de santé aux populations", a déclaré Jean Marc Pisani, ambassadeur de l'Union européenne au Sénégal.

Il souligne qu'il y a beaucoup de "convergences" entre le Sénégal et l'Union européenne quant aux analyses faites sur les "défis éthiques" que pose l'intelligence artificielle mais aussi concernant les bénéfices socio-économiques.

"La France et le Sénégal ont construit sur ce domaine un partenariat solide et tout ceci reflète la volonté remarquable du Sénégal d'inscrire durablement le secteur du numérique comme une clé de route de son développement", a quant lui relevé Florian Blazy, ministre-conseiller à l'ambassade de France.

"Aujourd'hui, ces révolutions industrielles ne vont pas impacter chez nous de la même façon qu'elles vont impacter ailleurs, car l'employabilité, l'identité des personnes seront remises en question ainsi que leur dynamique économique, car on va se retrouver dans un marché où les compétences attendues seront différentes", a soutenu le Pr Amath Mbacké, représentant des groupes de travail issus de l'écosystème numérique sénégalais.

Tous les experts présents ont insisté sur l'importance de miser sur la jeunesse qui doit être mise selon eux au début et à la fin de toute réflexion.

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