Le livre « Histoires de Madagascar » de Rangers Tsihaligno, historien diplômé à l'Université d'Antananarivo, mais aussi titulaire de deux masters en histoire et en science politique dans une université de Paris en France vient de sortir. Un livre bousculant certaines certitudes.
Il y a des « Afriques », il y a aussi des « historiographies » de Madagascar. Voilà donc en écho à cela le titre du livre, numérique pour l'instant, de Tsihaligno Rangers : Histoires de Madagascar. « Deux utilités, publique et politique.
Nous avons beau être un pays, nous n'avons pas encore une idée de la nation. Il nous faut poser les bases d'une construction nationale, d'une histoire partagée, commune », souligne l'auteur à propos de ses écrits. A le croire, il donne l'impression de dresser un procès d'histoire au groupe humain « merina ».
Entre le rappel des débâcles militaires de l'armée de Radama en terres Sakalava, les échecs honteux face à Ipoinimerina, roi Bara du temps de Ranavalona. Mais aussi le suicide monarchique d'Ifandana à Ambalavao Tsienimparihy, sous la pression guerrière encore de Radama. « Oui, il est possible qu'il y ait une certaine tradition asiatique », reconnaît-il dans le fait de préférer la mort au déshonneur. Et d'ajouter, ce lieu du suicide est « tabou aux Merina, mais les gens de là-bas sont conscients que les choses évoluent.
À cause du brassage, ils veulent enlever ce tabou en sacrifiant le zébu pour prévenir un quelconque incident ». Ce focus sur le groupe humain « merina », Tsihaligno Rangers y déroge avec un chapitre sur le futur monarque Massavana, vendu en esclave aux Hollandais. « Mort dans la prison de Robben Island en 1769 après trois ans de détention, son autre ami y a vécu pendant vingt ans. Robben Island est la prison où Nelson Mandela a aussi été détenu », relate-t-il. Si les archives ne le mentionnent pas, ce serait un régent Masikoro, un proche de surcroît, par peur de voir Massavana prendre sa place, qui aurait fomenté le stratagème. Trahison familiale, guerre de territoire et de prestige... Madagascar ne fait pas exception dans les hautes sphères du pouvoir.
Pas de place pour la fantaisie dans « Histoires de Madagascar ». Sur 7 chapitres et 271 pages, l'auteur veut ainsi aboutir à une piste de réconciliation nationale. « L'union de Radama et Rasalimo, qui était d'abord un calcul politique, mais finalement le roi est tombé éperdument amoureux d'elle peut en être une. Parce qu'il lui a donné deux enfants. Il a même voulu porter Raketaka au trône, sauf que les Tsimiamboholahy et les Tsimahafotsy ont empêché cela parce qu'ils ne voulaient pas d'une reine ayant une «"origine" Sakalava », met-il évidence.
« Ce mariage royal est une piste, mais il y en a beaucoup à Madagascar. Aux chercheurs de les trouver et de les mettre en avant », conclut Tsihaligno Rangers. La version papier du livre est prévue sortir et être mise en vente cette semaine, nécessitant presque deux années de recherches.