Afrique: Macky Sall plaide pour l'expansion de la finance islamique en Afrique

Dakar — Le président de la République, Macky Sall, lauréat cette année du Prix mondial du leadership en finance islamique, a appelé les États et les institutions financières d'Afrique à faire "jouer un rôle encore plus important" à la finance islamique au Sénégal et dans le continent.

"En définitive, au-delà du cérémonial, je souhaite que l'événement qui nous réunit ici contribue à nous rendre davantage conscients que la finance islamique peut jouer un rôle encore plus important au Sénégal et en Afrique", a lancé M. Sall.

"Travaillons ensemble pour relever ce défi", a-t-il ajouté en présidant une cérémonie au cours de laquelle le Prix mondial du leadership en finance islamique lui a été remis.

La firme Cambridge IFA, basée à Londres, et l'Institut africain de la finance islamique, dont le siège est à Dakar, ont décerné cette distinction au président sénégalais pour récompenser les "efforts considérables" qu'il a fournis pour le développement de la finance islamique dans le continent.

"Ce prix qui nous est décerné est la reconnaissance du travail avisé que le Sénégal est en train de faire pour le développement de la finance islamique, une activité qui n'est pas encore suffisamment connue et pratiquée dans nos pays", a souligné Macky Sall en présence de représentants d'institutions financières.

Le président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, le Premier ministre, Amadou Ba, le président du Conseil économique, social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo, et d'autres personnalités sénégalaises étaient également présents.

Une finance restée "marginale, voire inexistante, dans la majorité des pays africains"

Des entreprises pratiquant la finance islamique ont été récompensées en même temps pour les résultats obtenus au cours de cette année.

"Je dois saluer les efforts inlassables que Mouhamadou Lamine Mbacké, le directeur de l'Institut africain de la finance islamique, fait dans ce domaine depuis 2010, à travers la promotion du Forum international de la finance islamique de Dakar", a dit le dirigeant sénégalais.

Il a fait un plaidoyer pour la promotion de cette finance en Afrique, où elle est encore marginale.

"Les indicateurs montrent que, en plus de certains pays asiatiques à forte majorité musulmane, la finance islamique progresse également dans d'autres pays où l'islam est loin d'être la religion dominante. Nous avons l'exemple de l'Afrique du Sud", a signalé Macky Sall.

"En revanche, elle reste marginale, voire inexistante, dans la majorité des pays africains", a-t-il souligné.

Selon le président de la République, environ 5 % seulement du "potentiel de 4.000 milliards de dollars US de la finance islamique" se trouvent en Afrique de l'Ouest. "Et cela (ces 5 %) se concentre dans cinq pays : la Côte d'Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Nigeria et le Togo", a-t-il précisé.

"C'est une bonne performance, si on tient compte de l'arrivée relativement récente de notre pays sur ce marché. Nous devons mieux faire pour [développer] la finance islamique dans l'écosystème économique et financier de nos pays", a poursuivi Macky Sall.

Pour répandre la finance islamique dans les pays africains, "il nous faut sans doute former plus d'experts dans ce domaine et faire plus de benchmarking auprès des pays et des institutions partenaires, afin de nous inspirer des meilleures pratiques et de mieux maîtriser les conditions, modalités et mécanismes de la finance islamique", a recommandé M. Sall aux dirigeants et institutions financières du continent.

"Nous devons diversifier nos sources d'accès au crédit et tirer profit des avantages comparatifs en matière d'investissement et de crédit", leur recommande-t-il.

"Il y a donc lieu de voir comment la finance islamique pourrait nous accompagner dans la construction des grandes infrastructures"

Les pays en développement, ceux d'Afrique notamment, sont obligés de supporter des "coûts abusifs" lorsqu'ils veulent accéder au crédit, a rappelé le chef de l'État.

Ce constat lui fait dire qu"'il y a donc lieu de voir comment la finance islamique pourrait nous accompagner dans la construction des grandes infrastructures, les autoroutes à péage, les aéroports, les chemins de fer..."

Le Sénégal s'est lancé dans la finance islamique en levant des sukuks de 100 milliards de francs CFA en 2014, de 200 milliards en 2016 et de 330 milliards en 2022, a rappelé le président de la République.

Les sukuks sont des titres financiers islamiques équivalant aux obligations de la finance classique et respectant les préceptes religieux de la charia, la loi islamique.

Le Sénégal a mené plusieurs réformes dans le domaine bancaire pour promouvoir la finance islamique, a ajouté Macky Sall en citant l'exemple de la loi du 6 mai 2015 sur le waqf - le waqf désigne tout investissement d'une aumône fait dans le but de la rendre perpétuelle et profitable à la société. S'y ajoute, a-t-il rappelé, la création de la Haute Autorité du waqf, en 2017.

Le Sénégal a également veillé à l'aménagement, dans son code général des impôts, d'incitations fiscales applicables au waqf et à la mise en oeuvre des directives de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest relatives aux institutions de finance islamique, selon M. Sall.

"Dans le même esprit de réforme et d'adaptation, je salue la révision du cadre réglementaire relatif aux instruments financiers islamiques et leur véhicule d'émission et de gestion dans la zone UEMOA", a-t-il souligné.

Selon Macky Sall, le volume des actifs de la finance islamique est de 2.698 milliards de dollars US, qui sont répartis entre le secteur bancaire, le marché des sukuks, les fonds islamiques et les assurances dites "takaful".

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