Congo-Kinshasa: Les réactions se multiplient alors que le journaliste Stanis Bujakera a été transféré en prison

Le journaliste Stanis Bujakera, arrêté par la police le 8 septembre 2023 à Kinshasa, a été transféré le 14 septembre en prison, malgré les protestations et de nombreux appels à sa libération, dont celui du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) joint par RFI. Une situation sur laquelle le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement s'est également exprimé.

En République démocratique du Congo (RDC), le journaliste congolais Stanis Bujakera, arrêté par la police le 8 septembre 2023 à Kinshasa, a été transféré le 14 septembre dans la prison de Makala à Kinshasa.

Il est soupçonné notamment de « propagation de faux bruits et diffusion de fausses informations pour un article publié par Jeune Afrique mettant en cause les renseignements militaires dans l'assassinat de l'ancien ministre Chérubin Okende », selon le site congolais d'information actualite.cd, dont Stanis Bujakera est directeur adjoint de la publication.

Cet article, diffusé fin août, qui n'était pas signé par l'intéressé, se basait sur une note confidentielle présentée comme émanant des services de renseignements civils (ANR), note dont les autorités congolaises ont ensuite assuré qu'il s'agissait d'un faux document.

#FreeStanis - Stanis Bujakera Tshiamala, correspondant de @jeune_afrique en #RDC, a été placé sous mandat d'arrêt provisoire le 11 septembre, après trois jours de garde à vue.Cette détention est en contradiction avec les dispositions relatives au droit public à l'information de... pic.twitter.com/bS6mOi4Cyq-- Jeune Afrique (@jeune_afrique) September 12, 2023

%

« Ce n'est pas une bonne nouvelle qu'un journaliste aille en prison »

Ce jeudi soir, à l'occasion d'une conférence de presse devant les journalistes de Kinshasa, Patrick Muyaya Katembwe, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, a déploré cette situation.

« D'abord, le regret que vous avez, moi-même je l'ai aussi, a-t-il commencé. Peut-être moi plus que vous. Ce n'est pas une bonne nouvelle qu'un journaliste aille en prison. Je ne voudrais pas m'exprimer sur le fond du dossier parce que je n'ai pas d'éléments sur le volet judiciaire. Et vous savez que dans le cadre de la séparation des pouvoirs, je ne suis pas au courant de ce qui se fait. Mais ce que nous faisons, nous le faisons avec vous, vous le savez, depuis les premières heures : nous suivons les dossiers de manière régulière ».

Patrick Muyaya a ajouté : « Nous espérons que les dossiers qui suivent leur cours normal devant les juridictions pourront se dénouer rapidement. La liberté de la presse, nous y tenons. C'est une valeur cardinale à la démocratie, mais c'est aussi une liberté qui ne donne pas un blanc-seing, comme on aime le dire parfois, à la désinformation ou à l'instrumentalisation. Voilà ce que je peux dire à ce sujet. »

« On voit une dérive autoritaire en période électorale »

Malgré de nombreux appels d'organisations de défense des droits humaines et de la liberté d'expression, Stanis Bujakera a passé une septième nuit en détention. Une situation que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une association basée aux États-Unis et qui alerte sur les abus concernant la liberté de la presse, dit suivre de près.

« Au cours de ces années, au Comité pour la protection des journalistes, on a continué à voir du harcèlement, des violences, des meurtres envers des journalistes en RDC, affirme Tom Gibson, un membre du CPJ, au micro de Paulina Zidi. Mais ce qu'on voit maintenant, c'est une dérive autoritaire en période électorale avec une situation politique très tendue qui est aussi caractérisée par les violations des droits de l'homme. Ce sont les journalistes qui sont au centre de cette situation quand ils essaient de récolter les informations en faisant des enquêtes ».

Tom Gibson s'inquiète : « On espère que cette arrestation n'est pas le début d'une répression plus large des médias. Mais on va continuer à suivre la situation sur le terrain, faire des dénonciations publiques. Les autorités devraient immédiatement relâcher Bujakera et devraient immédiatement faire tout pour protéger les journalistes. »

Il conclut : « Cela veut dire aussi qu'ils ne doivent pas utiliser les lois, le système judiciaire pour criminaliser le travail des journalistes. Il faut aussi de la part des autorités une certaine tolérance pour les journalistes qui critiquent, y compris les journalistes qui touchent les allégations et des violations des droits de l'homme. »

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.