L'émergence d'un pays passe aussi par le financement des projets de développement. Madagascar ne fait pas exception à cette règle puisque comme tous les pays en développement, la Grande île a aussi recours aux financements extérieurs et intérieurs.
Selon la Stratégie de la Dette à Moyen Terme (SDMT) 2023-2025, sur une période de trois ans, les besoins de financement brut s'élèveront à 25 538,6 milliards d'ariary dont 6 941,1 milliards d'ariary pour 2023, 8 617,4 milliards d'ariary pour 2024 et 9 980,1 milliards d'ariary pour 2025.
Risque modéréLe besoin de financement extérieur a une part totale de 74,4% dans le besoin de financement brut (BFB) total, pendant la période sous revue. Sur ce total, 74,4% sont des financements extérieurs. Pour l'année 2023, les prévisions font état d'un besoin de financement brut de l'Etat qui sera financé à 69,4% par la dette extérieure. D'après le document sur la SDMT, ce recours au financement extérieur est possible puisque l'analyse de viabilité de la dette (AVD) menée par le ministère de l'Economie et des Finances dans le cadre de la Loi de Finances 2023 révèle que le risque de surendettement extérieur de Madagascar reste à un niveau « modéré ». Il en est de même pour le risque de surendettement global.
Concessionnels.C'est d'ailleurs grâce à ce risque modéré de surendettement que Madagascar arrive encore à mobiliser des financements concessionnels et semi-concessionnels auprès des partenaires privilégiés que sont les bailleurs multilatéraux comme la Banque mondiale, la BADEA, la BAD, la BEI, l'OFID ou le FIDA. Ou encore les partenaires bilatéraux, comme le Japon, la France (à travers l'AFD et le Trésor français), l'Inde, la Chine ou la Corée du Sud.
« Ces types de financements sont recommandés pour minimiser les coûts et limiter les risques liés au portefeuille de la dette publique », selon la SDMT qui ajoute que « les financements verts doivent être également explorés, vu que Madagascar est un pays vulnérable aux changements climatiques ». En somme, le pays dispose encore de beaucoup d'alternatives en matière de financements concessionnels de son développement.
Non concessionnels
Ce qui n'empêche pour autant pas les autorités de recourir aux prêts non concessionnels, mais d'une manière modérée. Vu le déséquilibre entre la disponibilité des financements concessionnels et l'importance des investissements nécessaires à l'émergence de Madagascar, augmenter le recours aux financements non concessionnels, dits prêts commerciaux, de la part des banques commerciales, s'avère inévitable.
« Cette stratégie d'endettement priorisera toujours le recours aux emprunts extérieurs concessionnels et aux instruments à taux d'intérêt fixe. Néanmoins, à défaut de financement concessionnel et pour réaliser les projets du Plan Emergence Madagascar (PEM), l'Etat malgache pourra recourir aux emprunts semi-concessionnels ou commerciaux de façon modérée, tout en s'assurant que la viabilité de la dette soit maintenue. Les projets financés sur ces types d'instruments devront avoir un taux de rentabilité important et un impact non négligeable sur le développement ».
Notation inaugurale.Les recours aux emprunts semi-concessionnels et commerciaux sont d'autant plus envisageables dans la mesure où Madagascar a obtenu depuis avril 2022 sa première notation inaugurale B-/B avec une perspective positive auprès de l'agence de notation Standard & Poor's (S&P). Une notation inaugurale qui permet d'améliorer les relations entre les investisseurs économiques et financiers internationaux et de mobiliser davantage de ressources.
Selon S&P, cette notation reflète notamment « les solides perspectives de Madagascar en termes de développement économique et social, soutenues par les importantes réformes structurelles mises en oeuvre au cours des dernières années, notamment pour améliorer l'environnement des affaires, lutter contre la corruption et assainir les finances publiques ». Encore de belles perspectives d'avenir en somme.