Madagascar: Appel du PM aux politiciens - «Ne détruisez pas la Nation»

Le Premier ministre, chef du gouvernement collégial est catégorique quant à la tenue et la sécurisation du scrutin présidentiel du 9 novembre 2023.

Appel

« J'adresse un appel aux politiciens : Ne détruisez pas notre nation. Ne suscitez pas de troubles ». Le Premier ministre Christian Ntsay a employé le pronom personnel de la première personne du singulier dans l'allocution qu'il a faite hier, à l'occasion de la sortie officielle de la promotion « Vina » de l'Ecole Nationale Supérieure de Police (ENSP) à Ivato et la présentation du nouvel Inspecteur Général de Police, en la personne du ministre de la Sécurité publique, Fano Randrianarison, des Contrôleurs Généraux et Commissaires Divisionnaires récemment promus.

Même si son discours n'était pas écrit sur papier, encore moins sur téléprompteur, le chef du gouvernement collégial savait de quoi il allait parler. Et à qui il voulait s'adresser. A son corps défendant de nommer entre autres, le « Andrimaso FFKM » qui conteste la décision de la Haute cour constitutionnelle portant notamment désignation du gouvernement collégial à exercer les fonctions de chef de l'Etat par intérim.

Sécurité, paix, stabilité

L'organe de vigilance électorale du Conseil Chrétien des Eglises de Madagascar a effectivement publié une déclaration en date du 13 septembre 2023 qui débute par un verset tiré du Livre de Jérémie (1.10) : « Vois, aujourd'hui je te confie une responsabilité envers les nations et les royaumes : celle d'arracher et de démolir, de faire disparaître et de détruire, de construire et de planter ». C'est ce qui a amené visiblement Christian Ntsay à lancer cet appel à l'endroit de la classe politique, en sa double qualité de chef du gouvernement collégial et de Premier ministre dont il continue d'assumer la plénitude de ses attributions. Tout particulièrement, celles prévues par l'article 65.9 de la Constitution qui dispose que « le Premier ministre, chef du gouvernement, assure la sécurité, la paix et la stabilité sur toute l'étendue du territoire national dans le respect de l'unité nationale ; à cette fin, il dispose de toutes les forces chargées de la police, du maintien de l'ordre, de la sécurité intérieure et de la défense ».

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Voie unique et démocratique

C'est dans le cadre de ses attributions qu'il s'est adressé hier à la Police nationale, à la Gendarmerie et à l'Armée pour assurer la sécurité, la paix et la stabilité, tout particulièrement, en cette période électorale. « Les élections restent et demeurent la voie unique et démocratique pour avoir un président en janvier 2024 », a-t-il réitéré, hier. Avant de marteler qu' « il n'y aura pas de transition de deux ans ». Balayant d'un revers de la main, le schéma proposé par certains acteurs politiques.

Troubles politiques

Il, c'est évidemment Christian Ntsay qui veut visiblement éviter de passer par l'article 65.10 de la Constitution qui prévoit que le Premier ministre, « en cas de troubles politiques graves et avant la proclamation de la situation d'exception, peut recourir aux forces de l'ordre pour rétablir la paix sociale après avis des autorités supérieures de la Police, de la Gendarmerie et de l'Armée, du Haut Conseil de la Défense nationale et du président de la Haute Cour Constitutionnelle ».

Séparation État - Église

Le locataire du Palais de Mahazoarivo de rappeler que « la Constitution est la base de l'Etat de droit ». Une manière de dire que « tout individu est tenu au devoir de respect de la Constitution, des Institutions, des lois et règlements de la République », conformément à l'article 16 de la Constitution. Un devoir opposable également aux instances religieuses qui ne peuvent, par ailleurs, s'immiscer dans les sphères de compétence de l'Etat et vice-versa. Et ce, au nom de la laïcité de la République qui repose sur le principe de la séparation des affaires de l'Etat et des institutions religieuses. Un principe inscrit noir sur blanc dans la Constitution qui consacre la neutralité de l'Etat à l'égard des différentes religions, quoique la réciproque ne soit pas vraie, du moins en ce qui concerne certaines églises qui ne sont pas toujours politiquement neutres. Si le Premier ministre ne l'a pas dit dans son discours, c'est sans doute pour éviter justement de s'ingérer dans le domaine de la religion.

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