Le secteur de la finance islamique est encore marginal en Afrique. N'empêche, le Président de la République, Macky Sall, est un champion pour le développement de ce mode de financement. Hier, il a décroché le Prix mondial du leadership en finance islamique.
Le Président de la République, Macky Sall, a reçu, hier, à Dakar, le Global islamic finance awards (Gifa), le Prix mondial du leadership en finance islamique. C'était lors de la 13ème édition du Gifa, rencontre qui abritait également le 4ème Sommet mondial de la finance islamique. Créée en 2011 par la firme britannique Edbiz Corporation, spécialisée dans la finance islamique, cette distinction vise à reconnaître et récompenser l'innovation, la réussite, la stratégie et les changements progressifs et inspirants qui se produisent au sein de la communauté financière islamique mondiale.
Devant le Président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, le Premier ministre Amadou Bâ, le Président du Conseil économique, social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo, le Président de la République a affirmé que ce prix est une reconnaissance avisée du travail que le Sénégal est en train de faire dans le développement de la finance islamique. Une activité financière qui, à ses yeux, n'est pas suffisamment connue et pratiquée dans nos pays. Macky Sall a rappelé que le Sénégal a été le premier membre de l'Uemoa à émettre des sukuks (obligations islamiques) en 2014, 2016 et 2022. « C'est une bonne performance compte tenu de l'arrivée récente de notre pays sur ce marché », se réjouit-il.
Si ce secteur est en progrès dans le monde, l'Afrique reste encore loin du compte, car, d'après le Président Sall, sur un potentiel de 4000 milliards de dollars de transactions, l'Afrique de l'Ouest n'est concernée que par moins de 5 %, citant en exemple la Côte d'Ivoire, le Mali, le Nigeria, le Sénégal et le Togo. « Il faut former plus d'experts et faire plus de benchmarking afin de nous inspirer des pays meilleurs en la matière pour mieux maîtriser les conditions mécaniques de la finance islamique », a soutenu le Chef de l'État.
Avec les avantages de ce mode de financement, Macky Sall compte en profiter en termes de crédit par ce que la finance classique, dit-il, fait payer aux pays en développement des primes d'assurance exorbitantes. « Ce qui renchérit le coût de nos projets et plombe notre compétitivité. La finance islamique reste marginale, voire inexistante, dans la plupart des pays africains », déplore-t-il. Ainsi, Macky Sall appelle les organisations qui s'activent dans ce secteur à financer les projets de ports, d'autoroutes à péage, le domaine des hydrocarbures, la microfinance en faveur des femmes et des jeunes...
Président fondateur de l'Institut africain de finance islamique, Mouhamadou Lamine Mbacké a rappelé que le Sénégal, sous le magistère de Macky Sall, a décroché plus de 400 milliards de FCfa, entre 2013 et 2022, dans ce secteur pour financer des projets du Plan Sénégal émergent (Pse). Il a ainsi rappelé le Programme de développement de la microfinance islamique au Sénégal (Promise) et la contribution d'organisations comme le Banque islamique de développement dans le financement de nombreux projets de l'État, dont le Train express régional (Ter).
« Je me félicite de l'appui décisif de votre Gouvernement pour la formation d'une masse critique d'experts en finance islamique afin d'asseoir une industrie de la finance islamique en Afrique de l'Ouest. Votre engagement est connu de tous », lance M. Mbacké à l'endroit du Chef de l'État.
...la Banque islamique distinguée aussi
Pour ses efforts dans le développement de la finance islamique, la Banque islamique du Sénégal (Bis) a été distinguée, hier, à Dakar, lors de la 13e édition du Global islamic finance awards (Gifa). Le prix a été reçu par Boubacar Corréa, Directeur général de la Bis, qui fait partie de la vingtaine d'organisations ou personnalités primées. Elles viennent d'Afrique du Sud, du Pakistan ou encore de la Malaisie. Parmi les anciens lauréats de ce prestigieux prix figurent notamment Ismaïl Omar Guelleh, Président de Djibouti, Joko Widodo, Président de l'Indonésie, Muhammadu Sanusi II, Émir de Kano (Nigeria), Nursultan Nazarbayev, ancien Président du Kazakhstan, Shaukat Aziz, ancien Premier ministre du Pakistan, le Sultan Nazrin Shah de Perak (Malaisie) et Tun Abdullah Badawi, ancien Premier ministre de Malaisie.