Afrique: Éloïc Peyrache, Doyen et Directeur général d'HEC Paris - 'Notre objectif est de placer l'Afrique au coeur de la stratégie d'HEC Paris'

15 Septembre 2023

Le Doyen et Directeur général d'HEC Paris, institution de formation supérieure de référence mondiale, est à Abidjan dans le cadre du lancement d'un projet avec l'Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (Inp-HB) de Yamoussoukro.

Cela fait cinq ans que HEC Paris est présent en Côte d'Ivoire à travers son bureau local. Quel bilan ?

Nous avons un très bon bilan. Nous sommes présents en Côte d'Ivoire depuis 2007 et plus généralement dans la sous-région et avons décidé d'amplifier cette présence en 2018 avec la création d'un bureau à Abidjan. L'objectif que nous nous sommes fixé est de placer l'Afrique au coeur de la stratégie de l'école, c'est-à-dire faire en sorte que le continent pèse dans le concert des nations sur notre campus de Paris. Nous sommes sur la bonne voie pour atteindre cet objectif. Nous avons commencé avec d'ambitieux programmes de formation continue sur place, avant de déployer des initiatives fortes pour faire venir plus d'Afrique sur notre campus afin que sa voix porte. Cette dynamique est en marche et porte ses fruits. Nous sommes actuellement dans une phase d'accélération.

Quelle est la mission que vous vous êtes assignée ?

La mission que nous nous sommes assignée est de former les cadres des entreprises ici en Côte d'Ivoire et sur tout le continent, accélérer leur performance et leur permettre d'être au fait des grands sujets du monde. Nous avons également monté un programme en partenariat avec certains établissements de référence comme l'Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (Inp-HB) de Yamoussoukro, l'université de Cocody et l'Ensea et en vue de sélectionner et former les étudiants brillants qui viendront ensuite sur le campus à Paris pour porter cette voix de l'Afrique, et créer ces ponts si importants entre l'Europe et l'Afrique.

Ce programme, intitulé PACT Afrique, a été lancé depuis 2020. Il y a eu plus de 1000 candidatures sur ce programme en trois ans, et nous avons accompagné plus de 200 étudiants, en Côte d'Ivoire principalement, mais également au Cameroun et au Gabon. Et sur ces 200, 40 ont pu venir sur le campus de Paris. Notre objectif est que, chaque année, une cinquantaine d'étudiants viennent sur le campus et participent à la construction de ce réseau mondial qui contribue à créer des ponts entre des jeunes venant du monde entier.

Combien de nationalités y a-t-il sur votre campus de Paris et que représente l'Afrique dans votre effectif ?

Sur le campus de Paris, il y a 135 nationalités, parmi lesquelles 34 nationalités du continent africain. Notre responsabilité est de former ces étudiants et cadres supérieurs qui viennent du monde entier, mais surtout de créer de solides ponts entre eux. Aujourd'hui, nous estimons que l'Afrique doit être encore plus représentée sur le campus. Nous avons près de 500 étudiants qui viennent de pays africains, ce qui représente environ 10% de l'effectif global.

Avec l'aide du bureau de Côte d'Ivoire, notre objectif est de passer à 15% dans trois à cinq ans. Nous estimons que nous avons le devoir de contribuer, très modestement, à créer des ponts entre les étudiants du monde entier qui seront des gens influents demain. Tous nos étudiants font partie des meilleurs dans leurs différents pays. Il n'y a aucune raison que des ressortissants des pays africains ne soient pas fortement représentés sur le campus pour porter la voix de leurs pays, les faire connaitre, compter dans la compréhension des enjeux de développement et intégrer les grands réseaux.

Pourquoi l'Afrique est-elle si importante dans votre stratégie ?

Le continent africain a une forte jeunesse et des perspectives de développement immenses. Il faut aussi lui donner toute la place qu'il mérite dans la reconfiguration en cours des chaines de valeur avec les crises qui s'enchainent. Et cela est au coeur de la stratégie de l'école.

Comment adressez-vous le défi de l'employabilité des étudiants ?

Pour nous, l'employabilité ne doit pas être dissociée de l'entrepreneuriat. Car il faudra davantage d'entreprises pour absorber le flux d'étudiants qui sortent chaque année des écoles. Ici en Côte d'Ivoire, on parle de créer huit millions d'emplois à l'horizon 2030. Pour contribuer à réaliser cet objectif, HEC Paris s'est engagée à créer des écosystèmes qui vont favoriser la création d'entreprises. C'est une expertise et une de nos grandes forces qui nous est reconnue en Europe.

Beaucoup de "Licornes" c'est-à-dire les entreprises qui sont valorisées plus d'un milliard de dollars, sont sorties de notre école. L'idée c'est de voir comment mettre cette expertise à la disposition de la Côte d'Ivoire et du continent. Pour ce faire, nous avons travaillé avec l'Inphb à la création d'un Master en entrepreneuriat qui se fera en partenariat avec nous. C'est d'ailleurs l'une des raisons de ma visite en Côte d'Ivoire. C'est une filière qui est axée sur la méthodologie entrepreneuriale historique d'HEC « learning by doing ». La première cohorte démarrera en octobre avec 25 étudiants. Notre objectif, c'est d'accompagner 1000 projets d'entrepreneuriat dans les cinq ans qui viennent.

Pourquoi le choix de l'Inp-HB pour lancer ce master ?

L'Inphb offre des formations d'excellence très attractives pour de hauts potentiels très qualifiés. Ses étudiants, mais aussi son personnel d'encadrement et ses professeurs sont brillants. L'Adn de cet institut est très compatible avec celui d'HEC aussi bien dans l'esprit que dans l'ambition. Pour ce programme d'entrepreneuriat, l'Inphb aura la charge de recruter des étudiants dans tout le pays et tous les pays environnants. Le coût de la formation a été bien étudié en tenant compte des réalités socio-économiques locales. Le programme sera subventionné à la fois sur les ressources propres de l'Inphb, mais aussi par la voie de contribution d'entreprises qui vont aider à appuyer les étudiants qui auront le plus besoin d'aide financière pour accéder au programme.

Avec l'évolution technologique, des emplois disparaissent et d'autres se créent. Avez-vous une stratégie de soutien aux entrepreneurs de demain qui créeront les emplois d'après-demain ?

Ce qui est fascinant dans tous nos programmes, c'est que nous les faisons évoluer en permanence. Nous sommes en permanence en train de les réviser, mais sommes surtout obsédés par les grands sujets qui émergent. Notamment le climat et l'intelligence artificielle. Nous sommes conscients que le monde bouge à toute vitesse. C'est d'ailleurs pour cela que nous faisons de la formation continue ici en Côte d'Ivoire. Car, quelle que soit son influence, chacun est condamné à se former régulièrement. HEC Paris est une structure qui a une capacité à changer les destins, mais aussi à faire en sorte que les talents demeurent talentueux en les connectant entre eux.

Quelle est votre perception des étudiants ivoiriens et vice-versa ?

Nous sommes très contents des étudiants que nous avons recrutés. Nous en avons accompagné près de 150 ici en Côte d'Ivoire. Certains d'entre eux sont admis à venir sur le campus de Paris. D'autres sont admis à aller dans d'autres écoles françaises ou internationales et d'autres encore vont directement travailler dans de grandes entreprises. Ceux qui ont été admis à HEC Paris s'intègrent bien et très rapidement. Une fois sur le campus, ils ont les mêmes chances et les mêmes débouchés que tous les autres étudiants. Eux, ont l'air très contents aussi. Ils s'épanouissent et ont de très belles perspectives. HEC Paris c'est une école qui forme à tout étudier : Marketing, Finances, Stratégie etc. Nous aidons les étudiants à définir leurs rêves et à les réaliser.

Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés en Côte d'Ivoire ?

Notre défi majeur, c'est de pouvoir offrir davantage d'opportunités pour les étudiants et les entrepreneurs. Nous avons un support très fort de la Présidence, de nos anciens étudiants en Côte d'Ivoire, de mécènes et de philanthropes, et de nos partenaires académiques afin d'offrir davantage d'opportunités et de contribuer à créer les conditions pour un développement économique pérenne et la création d'emplois.

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