Congo-Kinshasa: Incarcération de Stanys Bujakera - Olpa interpelle la ministre de la Justice

L'ONG demande à la ministre Rose Mutombo Kiese d'instruire les services habilités à libérer immédiatement le journaliste dont la privation de liberté ternit l'image du pays sur le plan du respect des droits et libertés fondamentaux.

Dans une correspondance adressée, le 14 septembre, à la ministre chargée de la Justice et Garde des sceaux, Rose Mutombo Kiese, l'organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté de la presse basée à Kinshasa, Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), dit protester contre l'incarcération du journaliste Stanys Bujakera de média en ligne Actualite.cd et correspondant des médias français et britannique Jeune Afrique et Reuters. L'ONG appelle cette membre du gouvernement congolais à instruire les services habilités en vue de la libération immédiate de ce journaliste dont la privation de liberté ternit l'image du pays. « Olpa proteste vigoureusement contre l'incarcération de Stanys Bujakera Tshamala, journaliste du média en ligne Actualite.cd et correspondant des médias français et britannique Jeune Afrique et Reuters, depuis le 8 septembre 2023 », peut-on lire dans ce document.

L'Olpa rappelle, en effet, à la ministre de la Justice que l'incarcération du journaliste, sous un prétexte quelconque, est de nature à violer les dispositions pertinentes de l'Ordonnance-loi n°23/009 du 13 mars 2023 fixant les modalités de l'exercice de la liberté de presse, d'information et d'émission par la radio et la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication dans le pays. Et de noter qu'il n'y a aucune crainte de fuite du journaliste, qui a une adresse bien connue à Kinshasa et peut comparaître devant les juridictions compétentes en homme libre. « Par voie de conséquence, l'Olpa vous prie de bien vouloir instruire les services habilités à libérer immédiatement Stanys Bujakera Tshamala dont la privation de liberté ternit de plus en plus l'image de marque du pays sur le plan du respect des droits et libertés fondamentaux », a conclu l'Olpa.

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Cette ONG note que le journaliste Bujakera a été interpellé, le 8 septembre, à l'aéroport international de N'djili par deux agents de police munis d'un avis de recherche, puis placé dans un cachot du Commissariat provincial de Kinshasa et du Parquet de grande instance de Kinshasa/Gombe. Alors que ses effets (téléphones, ordinateur...) ont été confisqués. Et, un jour après son interpellation, il a été soumis à un interrogatoire de plusieurs heures par les membres de la commission d'enquête sur l'assassinat du député national et ancien ministre des Transports, Chérubin Okende Senga, tué le 13 juillet 2023. L'Olpa fait savoir que lors de son audition, Stanys Bujakera a été inculpé de propagation de faux bruits, consécutivement à la publication par Jeune Afrique, dans son édition n°3128 du 31 août 2023 d'un article intitulé : « Mort de Chérubin Okende en RDC : les renseignements militaires ont-ils joué un rôle ? »

Dans cet article, précise l'ONG, le média français publiait un document attribué aux services d'intelligence mettant en cause les renseignements militaires congolais dans cet assassinat. « La publication de cet article avait suscité de vives réactions des autorités principalement le vice-Premier ministre de l'Intérieur, qui a adressé des lettres de protestation, le 5 septembre 2023, aux médias français Jeune Afrique et Radio France internationale, qui ont fait écho de ce document attribué à l'Agence nationale des renseignements », a souligné l'Olpa dans cette correspondance signée par sa secrétaire exécutive par intérim, Chancelle Nsingi. Des copies de cette lettre ont été envoyées au président de la République et au Premier ministre.

L'OLPA condamne la confiscation du matériel d'un journaliste à Rubaya

Dans ce même chapitre de respect des droits et libertés fondamentaux, l'OLPA condamne fermement la confiscation du matériel de travail de Jean-Claude Mukulu, journaliste à Radio Amani, station communautaire émettant à Rubaya, zone minière du territoire de Masisi à 60 km de Goma, chef-lieu de la province de Nord-Kivu.

A en croire cette ONG, le matériel du journaliste (dictaphone, carte de presse) a été confisqué, le 13 septembre, par des soldats de la garde républicaine (GR) qui accompagnaient une délégation des expatriés aux sites miniers de Luoo, D3 Bibatama et D2 Kakombe. « C'était au moment où Jean-Claude Mukulu s'y était rendu pour effectuer un reportage sur la visite de cette délégation sur le lieu pour enquêter sur les conditions de travail des creuseurs artisanaux », a indiqué cette organisation.

A en croire l'ONG, ces soldats ont proféré des menaces au journaliste, l'obligeant de supprimer les éléments sonores d'une interview réalisée avec la délégation, l'accusant de l'avoir réalisée sans autorisation préalable. « Le matériel confisqué a été remis à un responsable local de l'Agence nationale des renseignements (ANR)/Rubaya », a souligné l'Olpa. Et d'indiquer que le journaliste a été de nouveau interpellé à son domicile, 24 heures après, par une personne se réclamant être agent de l'ANR. Cette association a indiqué que le journaliste a été conduit au poste de ce service de renseignements où il a été soumis à un interrogatoire serré par le chef de poste local, lui reprochant d'avoir alerté l'opinion sur les bavures de la GR.

« Il a été relaxé après 10 heures de privation de liberté et seul son enregistreur de son a été restitué », a indiqué cette association, qui a dit condamner cet acte manifestement illégal qui menace gravement la liberté de presse garantie par la législation congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme. Elle en appelle aux autorités provinciales du Nord-Kivu afin de favoriser l'exercice de la liberté de presse sur toute l'étendue de la province et exige la restitution immédiate et inconditionnelle de la carte de presse du journaliste.

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