Gabon: Harmoniser les vues ?

Le Gabon a entamé une transition politique après les événements ayant conduit à l'éviction du président Ali Bongo Ondimba par les militaires le 30 août. On ne revient pas sur le processus électoral qui était en cours puisqu'il a été mis entre parenthèse autant que les principales institutions de ce pays d'Afrique centrale membre fondateur et actif des institutions communautaires dont les plus en vue sont la CEMAC et la CEEAC.

Si la première, la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, à laquelle participent six pays : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, n'a pas encore officiellement réagi au changement de fusil d'épaule à Libreville, sa consoeur, la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, qui fédère onze pays (+ Angola, Burundi, Rd-Congo, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe) est rapidement montée au créneau pour condamner le putsch puis, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, a appelé à une transition « rapide » vers le retour à l'ordre constitutionnel.

Lors de leur sommet extraordinaire le 4 septembre, en Guinée équatoriale, après examen de la situation créée chez leur voisin, les chefs d'Etat de la CEEAC ont borné à une année maximum l'échéance de la transition. Ceci d'autant plus qu'en dehors des questions routinières de gouvernance auxquelles nombre de pays d'ici ou d'ailleurs sont confrontés (les projets de société qui s'entrechoquent au moment des mobilisations électorales en sont la preuve) le Gabon n'est pas traversé par une crise sociopolitique particulière : il n'y a pas de violences armées, ni de manifestations de rues réprimées par les forces de l'ordre.

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Ceci expliquant cela, les questions intérieures aux Etats ne pouvant au meilleur des cas être mieux expliquées que par leurs dirigeants si tant est que l'on accorde aux nouveaux venus - pourtant ayant toujours été là pour certains d'entre eux- le préjugé de la bonne foi tel qu'il est livré par le ton de leur discours de politique général. Et aussi par l'opinion positive du citoyen gabonais ordinaire et de certains acteurs connus qui prennent la parole : le micro-trottoir baladé dans les rues des villes du pays semblait convenir qu'il faut aller de l'avant.

Une année, comme rappelé plus haut, telle est la préconisation de la CEEAC. Raymond Ndong Sima, le Premier ministre nommé le 7 septembre par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, chef d'Etat de la transition, a prestement rendu la copie de son équipe gouvernementale pour, a-t-il déclaré, se mettre au travail. Evoquant la durée de la période transitoire, il a indiqué que 24 mois est une longueur raisonnable pour conduire le pays, après des réformes nécessaires, à des élections générales apaisées qui ne souffriront pas de contestation.

Si le chef du gouvernement gabonais n'a pas parlé trop vite, s'il tient ce qu'il a exposé du président de la Transition, le temps de la « grande » explication viendra. Celui au cours duquel des missions seront dépêchées dans la sous-région et au-delà auprès de chefs d'Etat pour vendre cette échéance et obtenir l'adhésion, ou plus politiquement correcte, la compréhension des voisins et des autres partenaires. Le problème des putschs est qu'ils ont tendance à mettre les choses sens dessus-dessous.

Nous l'avons écrit ici-même il y a quelques semaines : passé le branle-bas du changement soudain du 30 août, les Gabonais deviendront d'attachants observateurs de la scène « transitoire » de leur pays ; ils listeront d'éventuels faiblesses et manquements, en chercheront la cause et peut-être proposeront des pistes de solution. En tout état de cause, oui ! - la première campagne d'explications sur le changement de régime intervenu il y a peu, et sur le chemin conduisant aux élections « démocratiques apaisées », les nouvelles autorités l'orienteront avant tout en direction des Gabonais eux-mêmes. Tous devront apprendre à être résilients.

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