De Dakar à Lourdes en passant par Jérusalem, Bethléem, Nazareth et Rome, les « pèlerins de la Communion » ont vécu une expérience avec le Messie, Jésus-Christ et sa mère, la Vierge Marie. À la fin de ce voyage en Terre sainte, le Président du Comité interdiocésain national des pèlerinages catholiques du Sénégal (Cinpec) et évêque du diocèse de Tambacounda, Monseigneur Paul Abel Mamba Diatta, exprime sa joie de conduire à nouveau la délégation sénégalaise aux lieux saints de la chrétienté, évoque la question organisationnelle et se projette sur les perspectives.
Dans cet entretien accordé au « Soleil » et à la Rts, l'ancien évêque du diocèse de Ziguinchor a rendu un « grand hommage » au Chef de l'État, Macky Sall, à l'ensemble de son Gouvernement et à tout le peuple sénégalais.
Nous arrivons au terme d'une démarche de foi qui a débuté le 23 août dernier. Pouvez-vous nous faire l'économie de ce long périple religieux ?
Chaque année, depuis maintenant bientôt 60 ans, notre pays donne l'occasion à ses fils chrétiens de faire le pèlerinage qui comporte trois étapes. D'abord, l'étape de la Terre sainte au cours de laquelle nous mettons l'accent sur la personne du Christ pour que les Chrétiens découvrent davantage, à travers une catéchèse qui est le Christ, en foulant le lieu où il a vécu, où il est né, où il a grandi et où il a accompli son Ministère jusqu'à sa mort et sa résurrection.
Cela vient conforter leur foi dans la mesure où ils écoutent au cours des célébrations. Donc, ils font l'expérience du terrain avec le pèlerinage. Et quand on fait cette expérience, on n'écoute plus et on ne lit plus la Bible comme avant. Et c'est l'objectif que nous visons parce que nous voulons que le pèlerinage soit le cinquième Évangile.
Donc, l'édition de cette année s'inscrit dans cette mouvance et nous avons senti au niveau de la Terre sainte que cela a ému plus d'un en faisant cette expérience. Et c'est l'objectif que nous visons dans cet exercice. Ensuite, nous avons l'étape de Rome qui met essentiellement l'accent sur l'Église, ceux que Jésus a choisis pour continuer la mission qu'il a initiée en commençant par les apôtres dont le premier responsable est Pierre. Aujourd'hui, Pierre est représenté par le Saint Père (le Pape François) qui fait l'unité de toutes ces communautés, de ceux qui sont disciples du Christ.
En allant à Rome, qui est le coeur de l'Église universelle dont la personne principale est le Pape, les pèlerins font l'expérience de vivre les liens de leur communauté avec d'autres chrétiens venus d'ailleurs. Nous visitons à cette occasion, les principales basiliques où sont enterrés les premiers apôtres, les colons de l'Église Pierre, Paul, Jean et tous les autres.
À Rome, c'est là où les pèlerins découvrent la communauté à laquelle ils appartiennent n'est-ce pas ?
Tout à fait ! Dans cette cité, ils se rendent compte qu'ils ne sont pas les seuls chrétiens. Au Sénégal, même si nous sommes en minorité, nous sommes chrétiens avec les autres chrétiens du monde. Ils apprennent à connaître les liens qui les unissent autour du Christ. Et ils apprennent également à vivre en communion avec les autres comme les pierres vivantes.
Que représente l'étape de Lourdes pour les pèlerins sénégalais ?
L'étape de Lourdes leur permet de découvrir la place de la Vierge Marie dans cette communauté à laquelle ils appartiennent. À la mort de Jésus sur la Croix, il nous a légué sa mère, la Vierge Marie, d'abord comme disciple puisque Marie a suivi Jésus et a répondu à l'appel d'être la mère du sauveur. Elle a appris à marcher à sa suite, à le connaître et le servir.
Ensuite, elle a hérité de son fils sa communauté qui est l'Église. C'est comme ça qu'elle a accompagné la première communauté des apôtres, d'abord dans l'attente et l'Esprit saint qui va leur donner la force de continuer la mission de son fils. Et par cette occasion, elle devient la mère de l'Église.
C'est elle que nous sommes venus contempler ici, à Lourdes où elle est apparue en 1858 à une simple fille de cette localité : Sainte Bernadette. Nous venons à la suite de Sainte Bernadette écouter aussi les messages qu'elle a laissés à l'humanité : conversion et prières. C'est ça que nous allons vivre tout au long de la suite de notre pèlerinage. Parce qu'à la suite de ce pèlerinage sur les lieux de la chrétienté, nous avons à témoigner de ce que nous avons vu et entendu au cours de ce périple-là.
Du point de vue spirituel, est-ce qu'on peut dire que tous les objectifs visés ont été atteints ?
Bon, c'est à Dieu d'évaluer et à chacun d'évaluer. Mais, je pense que ce que nous avons perçu de l'ensemble des pèlerins, beaucoup ont atteint les objectifs visés. Surtout ceux qui sont venus pour la première fois. Je pense qu'ils ont fait une expérience unique qui va marquer toute leur vie chrétienne et toute leur vie spirituelle. Nous verrons après au niveau local comment ils vont en témoigner. Mais, nous pensons qu'ils ont essayé de vivre ce à quoi ils rêvaient en s'inscrivant au pèlerinage de cette année.
En 2022, vous aviez convoyé 350 pèlerins. Pour l'édition 2023, il y a eu un surplus de 50 pèlerins. On imagine que la tâche n'a pas été si simple...
L'édition 2022 s'inscrit dans la période de l'après pandémie. Et nous avons voulu, disons, faire un test pour voir si nous allions réussir cette édition après l'interruption. Et cela a été positivement vécu et la demande a été très forte. Nous avons voulu résorber un peu la forte demande en augmentant l'effectif des pèlerins.
Ce qui nous limitait dans le temps, c'était plutôt l'aspect des réceptacles hôteliers et le fait de ne pas avoir des capacités pour pouvoir convoyer le plus rapidement possible l'ensemble des pèlerins pour éviter de faire deux types de pèlerins, première classe et seconde classe. Souvent les pèlerins le vivent mal surtout ceux qui partent en dernière lieu parce qu'ils se considèrent comme des pèlerins de seconde zone. Donc, avec nos partenaires, nous avons essayé, pour cette année, d'augmenter le nombre pour essayer de résorber la forte demande.
Evidemment quand le nombre augmente, les tâches se multiplient davantage. Nous pensons que ce qui a été vécu cette année a mieux satisfait que ce que nous avons vécu l'année passée. Mais, nous pensons que c'est aux pèlerins d'apprécier et de faire l'évaluation pour pouvoir faire les remarques qui conviennent afin que nous puissions apporter des correctifs s'il en est besoin.
Peut-on s'attendre à ce que le quota de pèlerins soit revu à la hausse lors de la prochaine édition ?
Sur ce point précis, nous apprécierons le moment venu, après avoir évalué l'édition de 2023. Ainsi, pourrons-nous voir s'il faut encore augmenter ou pas le nombre de pèlerins pour l'édition 2024.
Des partenaires comme l'État du Sénégal vous accordent une subvention destinée à l'organisation des pèlerinages. Avez-vous encore senti la « main » du Gouvernement pour cette présente édition ?
Depuis des années, nous travaillons avec des partenaires. Avec eux, nous avons tissé un partenariat solide. Je voudrais, ici, les remercier pour leur engagement et leur dévouement. De plus en plus, nous avons remarqué que les tâches se compliquent avec les nombreuses contraintes liées à la pandémie de Covid-19. Mais, avec leurs expériences, nous arrivons à surmonter un certain nombre de difficultés. L'État du Sénégal fait partie de nos meilleurs partenaires. D'abord, sur le plan administratif, mais aussi sur le plan financier.
Pour ce qui concerne le plan administratif, il y a une facilité qu'il nous accorde que ce soit au niveau de notre Ministère de tutelle (celui des Affaires étrangères) ou au niveau des autres démembrements de l'État pour l'obtention des Visas.
Au niveau financier, le Gouvernement du Sénégal nous accorde une subvention substantielle qui nous permet d'alléger les billets, de prendre en charge toutes les équipes d'encadrement qui nous aident à accompagner les pèlerins. Nous apprécions cet appui de l'État à sa juste mesure. Nous voulons rendre un grand hommage au Chef de l'État, Macky Sall, à l'ensemble de son Gouvernement et à tous les fils de notre pays.
Le Cinpec, la structure qui convoie les pèlerins catholiques aux lieux saints de la chrétienté a 60 ans. Est-ce que des activités sont prévues pour commémorer ce soixantième anniversaire ?
Dans nos projections pour les 60 ans, nous voulions marquer l'évènement puisque c'est 60 générations de pèlerins que nous voulons regrouper et essayer de célébrer ces moments. Cela va permettre au Cinpec de rendre grâce au Seigneur pour cette expérience qui nous vient des pèlerins eux-mêmes.
Nous aurons l'occasion d'apprécier et de faire des suggestions qui nous permettront de capitaliser ce temps du jubilé et de pouvoir nous projeter dans les années à venir, en améliorant ce qu'il faut pour le bien des pèlerins.