Afrique du Nord: La Tunisie débordée par le phénomène de transit migratoire

Des réfugiés et des migrants sur un bateau sont secourus près de l'île italienne de Lampedusa, qui se trouve non loin des côtes tunisiennes.

Huit mille cinq cents migrants ont débarqué cette semaine en trois jours à Lampedusa, soit plus que l'ensemble de la population locale. L'île italienne est à moins de 150 kilomètres des côtes de Tunisie, pays de départ essentiel des embarcations de migrants, où ces derniers développements y sont aussi scrutés de près.

Au journal d'Al Wataniya, la télévision nationale tunisienne, on passe un reportage d'une équipe de reporters qui a pu suivre les garde-côtes dans une opération au large de Sfax. Leur porte-parole reconnaît que la situation devient difficilement maîtrisable. « Si on fait une comparaison avec les chiffres de l'an dernier pour juillet et août, on se rend compte qu'ils ont été multipliés par trois en l'espace d'un an. L'an dernier, on avait 8 000 personnes qui ont tenté la traversée. Là, on en a eu 20 000 cet été, selon nos chiffres », indique-t-il.

Alors que les garde-côtes tunisiens semblent débordés par la situation et alors que la météo est dite clémente ces jours-ci, les migrants subsahariens prennent la mer en nombre.

Mais pour Wael Garnaoui, chercheur spécialisé dans les migrations, d'autres considérations entrent aussi en jeu. Il estime que la Tunisie n'arrive pas à faire face aux flux migratoires qui traversent le pays. D'autant qu'elle fait face aussi à une vague de départs intérieure, les Tunisiens quittant eux aussi leur pays face à la crise économique et politique qui y sévit.

L'avortement du partenariat avec l'UE

Au vu de la situation socio-politique en Tunisie, de la déstabilisation en cours dans plusieurs pays de la région sahélienne et au vu de la guerre au Soudan, Wael Garnaoui s'attend à ce que le phénomène se poursuive. Il en veut pour preuve la multiplication des réseaux de passeurs dans la région de Sfax où certains pêcheurs se sont aussi reconvertis dans le trafic des êtres humains.

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Cet été, l'Union européenne avait signé un partenariat qui visait à soutenir financièrement la Tunisie en échange d'une meilleure régulation des flux migratoires. Un accord mort-né pour le chercheur tunisien. Les derniers développements à Lampedusa semblent lui donner raison.

Les réactions des dirigeants européens face à cet afflux excèdent Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux qui était sur le plateau de la radio Mosaïque FM : « L'Union européenne est capable de gérer ces flux, aussi importants soient-ils. Rappelez-vous, elle avait été capable d'accueillir des centaines de milliers de réfugiés après la guerre en Syrie ou en Ukraine. L'UE a aussi une responsabilité à porter. Il y a des personnes parmi les migrants qui doivent être protégés, selon le droit international. C'est le cas des Soudanais par exemple. Il y a beaucoup de Soudanais parmi les migrants aujourd'hui qui fuient la guerre. »

Vendredi soir, Kaïs Saïed a donné de nouvelles directives pour que la situation à Sfax soit jugulée.

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