Congo-Kinshasa: Les forces burundaises en RDC, fidèles alliées de Kinshasa

Seules les troupes burundaises échappent aux foudres de Kinshasa, qui accuse les autres contingents de la force est-africaine de « collaborer » avec les rebelles du M23. Une confiance qui remonte à plusieurs années.

Pendant longtemps, des accords secrets ont permis au Burundi de déployer des troupes chargés de traquer les mouvements rebelles burundais de RED-Tabara et des FNL basés dans le Sud-Kivu, en RDC voisine.

La coopération militaire entre le Burundi et la RDC a débuté à l'époque du président Joseph Kabila. « Il ne faut pas oublier que les ex-rebelles hutus du CNDD-FDD au pouvoir au Burundi ont combattu aux côtés des Congolais lors des premières et deuxièmes guerres du Congo, et Kinshasa a tendance à faire plus confiance au régime burundais considéré lui aussi comme bantu », souligne l'une de nos sources.

Et signe que ces liens privilégiés perdurent entre les deux capitales, l'armée burundaise est en train de monter en puissance dans l'est de la RDC, conformément à un nouvel accord militaire bilatéral signé entre Félix Tshisekedi et Evariste Ndayishimiye fin août dans la capitale congolaise. Le pays compte aujourd'hui, dans le cadre de la force de l'EAC, quatre bataillons soit environ 3200 soldats dans cette partie de la RDC et un autre bataillon envoyé dans le Nord-Kivu sur demande de Kinshasa. Dans le détail, un bataillon burundais de 800 soldats vient d'être envoyé dans le Sud-Kivu, où il s'ajoute aux trois autres déjà sur place. Et deux autres bataillons sont déjà pré-positionnés dans le camp militaire de Mudubugu, non loin de la frontière congolaise.

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« Les Burundais resteront en RDC »

Arrivées dans le plus grand secret au Sud-Kivu dès la fin de l'année 2021, les troupes burundaises ont finalement rejoint le déploiement sous la casquette de l'EAC au mois de septembre 2022. Six mois plus tard, elles ont fait leur arrivée au Nord-Kivu, sur demande expresse de Kinshasa, avec comme mission d'assurer la sécurisation de la zone de Saké, à cheval entre les territoires du Masisi et du Rutshuru, après le départ des rebelles du M23. Mission saluée plusieurs fois par les autorités de Kinshasa : « Ils ont sauvé la face de l'EAC », confie même un proche de la présidence congolaise.

À terme, le Burundi va déployer deux brigades constitués de trois bataillons chacune, qui « ont vocation à être déployées dans le Nord-Kivu après le départ projeté des autres forces de l'EAC », explique un haut gradé burundais.

L'objectif de cette « montée en puissance des militaires burundais », c'est une sécurisation mutuelle, confirme notre source à la présidence congolais qui ajoute que cette présence dans l'est du pays a vocation à durer. « Les Burundais resteront en RDC même si les autres partent, ça c'est clair ». Mais aucune de nos sources n'a voulu s'étendre sur le rôle exact que le contingent burundais aura alors à jouer.

Concernant l'EAC, le mandat a été prolongé une nouvelle fois jusqu'à début décembre. « Le temps pour les chefs d'État d'examiner le rapport d'évaluation de la mission », explique le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula. Mais c'est un « sursis », prévient-il pour envisager un retrait programmé et graduel. Un retrait qui ne devrait donc pas concerner les forces burundaises.

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