Le ministre en charge du commerce, celui de l'Administration territoriale et celle déléguée chargée du Budget étaient face aux députés, le vendredi 15 septembre 2023 pour répondre à des questions orales qui leur ont été adressées.
La consommation de boissons frelatées et énergisantes par les jeunes au Burkina Faso prend des proportions qui inquiètent le député Salif Yada de l'Assemblée législative de Transition (ALT). Pour ce faire, il a introduit une question orale à l'endroit du ministre du Développement industriel, du Commerce, de l'Artisanat et des Petites et moyennes entreprises afin de l'entendre sur les mesures qui sont prises par le gouvernement pour contrer le phénomène.
Sa préoccupation a trouvé réponse au cours d'une séance plénière tenue dans la matinée du vendredi 15 septembre 2023 lors de laquelle le ministre en charge du commerce, Serge Poda, a décliné la stratégie qui est en train d'être mise en place par son département pour mettre fin à cette situation. Mais avant de donner plus de détails sur leur stratégie, le ministre a fait un bref rappel des mesures qui sont déjà prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le phénomène.
Il a indiqué que depuis 2019, son département, en collaboration avec les ministères en charge de la sécurité, de la santé et de l'économie, a élaboré des textes pour règlementer la production, l'importation et la commercialisation des boissons frelatées. Il a cité entre autres l'arrêté interministériel du 19 septembre 2019 dont la mise en application a permis de saisir une quantité importante de boissons dites frelatées conditionnées dans des sachets ou flacons de moins 30 centilitres.
A l'entendre, 301 423 litres de liqueurs et boissons frelatées ont été saisis par ses services techniques grâce à cette règlementation. En plus de ces mesures, d'autres actions telles que le renforcement des opérations de contrôle des boissons alcoolisées sur le territoire national et l'inter-pellation des départements ministériels ayant des services déconcentrés aux frontières pour rappeler les conditions d'importation des boissons alcoolisées ont également été menées, aux dires du ministre.
Eveiller la veille citoyenne
Même si ces efforts ont permis de lutter contre la prolifération des boissons frelatées, Serge Poda a indiqué qu'un problème demeure. Il s'agit des boissons énergisantes dont la consommation abusive constitue également un problème de santé publique. Pourtant, a-t-il fait remarquer, les arrêtés sus-cités n'intègrent pas dans leur champ d'application ce type de produits. D'où la nécessité pour son département d'élaborer de nouveaux textes pour mieux assainir le secteur.
De ce qu'il a dit, un projet d'arrêté interministériel portant règlementation de la production, de l'importation et de la commercialisation des boissons sans alcool et des boissons énergisantes au Burkina Faso a été élaboré et sera adopté dans les prochains jours. Et dans la mesure où les boissons énergisantes sont présentées comme des produits destinés à rehausser les niveaux d'énergie et de vivacité et ne présentent donc à priori aucun danger pour l'organisme, le ministre a indiqué que des analyses ont été faites sur plus d'une cinquantaine de boissons énergisantes par l'Agence nationale pour la sécurité sanitaire de l'environnement, de l'alimentation, du travail et des produits de santé (ANSSEAT) afin de contrer tout type de recours en contentieux après l'adoption de la règlementation. Selon ses dires, les analyses ont révélé la présence de substances dans les échantillons qui, une fois dans l'organisme, ont l'effet de stupéfiants.
Toute chose qui donne les instruments juridiques nécessaires au ministère pour agir. Serge Poda a donc rassuré les députés que des résultats seront constatés dans les prochains jours dans le cadre de cette lutte. Il a toutefois appelé à une veille citoyenne et à la sensibilisation sur les dangers de ces produits.
De la recrudescence des incendies et inondations
En plus de la question des boissons énergisantes, celle des incendies et des inondations préoccupe également les députés. Une question orale a été adressée par le député Pawindé Edouard Savadago au ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité Emile Zerbo à ce sujet. Venu répondre, le ministre a fait comprendre que plusieurs dispositifs sont envisagés par son département pour renforcer le système de sécurité-incendie dans les administrations et établissements publics.
Il s'agit notamment de l'adoption d'un texte qui imposera le respect des règles de sécurité- incendie dans le processus de passation des marchés de construction. « Nous allons également instaurer des mesures coercitives en cas de non-respect de la réglementation », a annoncé le ministre. Les députés ont également un oeil sur le processus d'élaboration de l'Etude nationale prospective (ENP) de long terme Burkina 2050. Invitée par le député Issa Sawadogo à donner plus de détails sur le sujet, la ministre déléguée chargée du Budget, Fatoumata Bako/ Traoré a noté que plusieurs actions ont été réalisées par les gouvernements successifs afin d'élaborer une feuille de route pour la formulation de l'ENP Burkina post- 2025.
Ils ont également dégagé, a-t-elle indiqué, les activités nécessaires à réaliser ainsi que le chronogramme et les budgets nécessaires à la conduite du processus. Tout en affirmant que le processus est sur la bonne voie, la ministre a rassuré les députés que l'ENP Burkina post-2025 saura prendre en compte les problématiques majeures de la société burkinabè et les aspirations des populations.
Elle sera bâtie sur des piliers importants tels que « la construction d'une Nation solidaire, de justice, de progrès, qui consolide son respect sur la scène internationale ». Tout en remerciant les différents ministres pour les éléments de réponses accordés aux différentes questions orales, les députés ont à leur tour formulé des recommandations pour la résolution des problématiques soulevées.