Retour à l'an 2012, année du déclenchement de la cinquième rébellion touareg dans le nord du Mali menée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ?
Peut-on encore sauver l'Accord d'Alger, du nom de cet acte signé en 2015 mettant officiellement fin à la guerre qui a opposé la Coordination du mouvement de l'Azawad (CMA) aux Forces armées maliennes (FAMA) ?
Qu'adviendra-t-il du nord du Mali, après l'échéance du 31 décembre 2023, date de la fin du retrait progressif de la MINUSMA ?
Autant de questions qui hantent bien des esprits tant au Mali, dans les Etats sahéliens qu'au sein de la communauté internationale au regard de la multiplication et de la complexification des attaques armées.
En effet, depuis août dernier, l'on assiste à une exacerbation continue du climat de défiance qui a toujours existé entre Bamako et la CMA, contexte dans lequel les deux principaux groupes terroristes, JNIM et EIGS, intensifient leurs actions contre les positions de l'armée régulière.
Jamais depuis la signature de l'Accord d'Alger le septentrion malien n'a enregistré un tel niveau de violence qui met à mal la stabilité, déjà précaire, des autres pays du Sahel, en lutte contre le terrorisme.
S'achemine-t-on donc, si l'on n'y est déjà, vers la sixième rébellion armée des groupes touareg qui réclament depuis plusieurs décennies leur indépendance vis-à-vis du pouvoir central de Bamako ?
En tout cas la question mérite d'être posée depuis que la MINUSMA, force d'interposition entre les FAMA et la CMA, a commencé à plier bagage sur injonction des autorités de la transition. Dès lors, les emprises onusiennes, rétrocédées à l'Etat malien, sont devenues la cible des récentes attaques des indépendantistes qui n'entendent rien céder du contrôle qu'ils ont pu imposer sur le Nord.
Mieux, dans un communiqué, la CMA a appelé «tous les habitants de l'Azawad à se rendre sur le terrain pour contribuer à l'effort de guerre dans le but de défendre et protéger la patrie et ainsi reprendre le contrôle de l'ensemble du territoire national azawadien».
Autant dire que l'Accord d'Alger, longtemps à l'agonie sans avoir connu une véritable mise en application, est sur le point de mourir de sa belle mort.
Et les multiples offensives meurtrières contre l'armée malienne, à l'instar de celle qui a eu lieu le 12 septembre à Bourem (Gao) ou plus récemment celle du dimanche dernier à Léré (Tombouctou) au cours desquelles les FAMA ont subi d'énormes pertes, oui autant dire que tous ces affrontements s'apparentent à des coups de baïonnette contre la feuille de route devant conduire au maintien de l'intégrité territoriale de l'ex-Soudan français.
Qu'en sera-t-il de la bataille pour l'occupation du camp onusien de Kidal, bastion touareg, en fin 2023, lorsque les derniers Casques bleus auront quitté le Mali ? Déjà, nombreux sont ceux qui redoutent le pire si avant cette date rien n'est fait pour mettre fin à cette nouvelle escalade de la violence entre les deux camps protagonistes.
Il est impératif donc pour l'Etat malien, déjà à la peine dans la lutte contre les groupes terroristes, de prendre l'initiative du dialogue et de faire ainsi l'économie de la sixième guerre de l'Azawad aux conséquences insoupçonnées, aussi bien pour le Mali que pour le Sahel tout entier.