Congo-Kinshasa: La Lucha dénonce l'inhumation de victimes de la répression du 30 août contre l'avis des familles

RFI/Sonia Rolley
A l’extérieur du tribunal de Goma, de jeunes militants se sont rassemblés pour soutenir leurs camarades arrêtés, avec des pancartes « Free Lucha », le 22 février 2016.

À Goma, en République démocratique du Congo, la journée de ce lundi 18 septembre 2023 a été tendue. Malgré des mouvements de protestation dans plusieurs quartiers de la ville, les autorités locales ont procédé à l'inhumation au cimetière Makao de 57 personnes décédées il y a trois semaines, victimes de la répression du 30 août.

Ces personnes avaient été tuées lors d'une intervention militaire contre les membres d'une secte locale, secte qui avait appelé à manifester contre la Monusco. Les familles des victimes demandaient aux autorités un report des funérailles afin de pouvoir notamment identifier les corps.

Elles n'ont donc pas été entendues. Ce que dénonce Steward Muhindo, militant de la Lucha, joint au téléphone par Pierre Firtion, de la rédaction Afrique.

« Ça, c'est vraiment un des derniers actes de mépris et de déconsidération étatique à l'égard de ces personnes, que les autorités décident d'enterrer - toutes les victimes ! - sans l'accord de leur famille.

Parce que le deuil, les funérailles, c'est un dernier moment de complicité entre les vivants et les morts. C'est quelque chose d'assez important dans la culture africaine. Alors, que les autorités décident unilatéralement d'enterrer autant de personnes sans que leurs familles ne soient d'accord, c'est totalement révoltant et c'est un mépris à l'égard de ces victimes !

Ce (lundi) matin, il y a eu des manifestations et des barricades dans plusieurs quartiers de la ville pour protester contre cet enterrement unilatéral, et le vice-Premier ministre de l'Intérieur qui est arrivé à Goma aujourd'hui, le 18 septembre 2023, a annoncé qu'il y aurait des réunions avec les membres des familles pour pouvoir trouver un consensus. Cette réunion, je ne sais pas si elle a eu lieu, mais en tout cas elle n'a pas abouti à un accord de principe de famille, parce que l'enterrement qui a eu lieu ce soir - en tout cas vers 18h00/19h00 - n'a pas connu la participation des membres des familles, des personnes qui ont été enterrées. »

Peter Kazadi, le ministre de l'Intérieur, était hier à Goma pour rencontrer les familles des victimes. Le processus d'inhumation a été accéléré, selon le ministre, en raison de « risques sanitaires ».

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