L'admission à l'école de police au Cameroun est un sujet qui suscite actuellement de vives préoccupations. Les chiffres récemment publiés ont révélé un état de fait choquant qui ne peut être ignoré. Sur les 526 inspecteurs de police déclarés admis dans cette école, plus de 450 viennent du même groupe ethnique que le président de la République, Paul Biya. Cela représente une écrasante majorité de 85% des admis. Autrement dit, sur les 526 candidats admis, seuls 76 viennent d'autres régions du Cameroun, soit seulement 15% des places disponibles.
Cette situation soulève de sérieuses questions sur l'équité et la justice dans le processus de sélection des futurs inspecteurs de police au Cameroun. Dans un pays déjà marqué par des tensions ethniques et une guerre de sécession dans la région anglophone, cette admission biaisée ne fait qu'accentuer les sentiments d'exclusion et de marginalisation.
Le terme "frères du village" est souvent utilisé pour décrire cette préférence ethnique dans le processus de recrutement. Il est regrettable que dans un pays aussi diversifié que le Cameroun, où de nombreuses ethnies coexistent, les opportunités d'admission à des institutions comme l'école de police soient principalement réservées à un groupe ethnique spécifique.
La question qui se pose est de savoir pourquoi le régime au pouvoir s'obstine à maintenir cette politique de marginalisation, alors même que le pays est en proie à des conflits ethniques et régionaux. Les conséquences de cette pratique sont claires : des divisions croissantes, une perte de confiance dans le gouvernement et une exacerbation des tensions ethniques.
On nous a dit par le passé que cette préférence pour les candidats issus du même groupe ethnique que le président visait à assurer un équilibre régional et à donner des chances égales à tous les Camerounais. Cependant, les faits montrent que le mérite et l'équilibre régional sont souvent sacrifiés au profit du clientélisme et du tribalisme.
Cette tendance ne se limite pas à l'école de police ; elle est observée dans d'autres grandes écoles du pays, telles que l'Enam, l'Iric ou l'Emia. De plus, elle se prolonge dans les nominations aux postes gouvernementaux et dans les divers services de l'État. C'est une réalité scandaleuse qui va à l'encontre de l'idée d'unité nationale et de coexistence pacifique.
Le parti au pouvoir, le Rdpc, semble ignorer les conséquences de cette politique de tribalisme excessif. Il espère que les Camerounais éliront son candidat à la prochaine présidentielle, ce qui ne ferait que perpétuer la marginalisation et le tribalisme au Cameroun.
Il est temps que tous les Camerounais, y compris ceux qui ont bénéficié de cette préférence ethnique, se lèvent pour dénoncer cette pratique injuste et divisante. La construction d'une nation forte et unie ne peut se faire que si les citoyens de toutes les régions sont traités avec équité et respect. Le Cameroun mérite mieux que cette politique de division.