Afrique de l'Ouest: La junte engagée dans le bras de fer avec le Bénin et la France

Les tensions sont montées d'un cran ces derniers jours entre Niamey et ces deux pays. Les militaires au pouvoir au Niger accusent Cotonou « d'envisager une agression » contre leur territoire, avec l'appui français. Ils dénoncent un accord de coopération militaire conclu en 2022 avec les autorités béninoises, et ont « appelé à plusieurs reprises au respect des obligations » de ce texte signé le 11 juillet 2022.

« La République du Bénin a autorisé le stationnement des militaires mercenaires et matériels de guerre dans la perspective d'une agression voulue par la France en collaboration avec certains pays » de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) contre le Niger, a assuré la junte tout en réitérant sa « volonté d'éviter l'escalade ». L'accord dénoncé par le Niger porte notamment sur l'échange de renseignements, l'assistance aérienne pour suivre les mouvements des djihadistes et des opérations conjointes entre les armées béninoise et nigérienne.

Pour la junte nigérienne, le Bénin a effectivement « décidé d'envisager une agression contre le Niger au lieu de le soutenir » et cette agression, estiment les militaires, ne pourrait se faire qu'avec l'appui de la France qu'ils accusent de préparer également une agression contre leur pays. Le régime nigérien dit notamment avoir constaté « une centaine de rotations d'avions militaires cargo ayant permis de débarquer d'importantes quantités de matériel et d'équipement de guerre au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Bénin, pour ne citer que ceux-là ».

Depuis le 1er septembre des « aéronefs de transport militaire type A400M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d'Ivoire », et « deux hélicoptères multirôles type Super Puma » et « une quarantaine de véhicules blindés » l'ont été « à Kandi et Malanville au Bénin, pour chercher à en découdre avec la junte nigérienne, assurent les militaires, dans un communiqué. « Le 7 septembre 2023, un navire militaire français a accosté à Cotonou (Bénin, ndlr) avec à son bord du personnel et des moyens militaires », indique-t-on, précisant que « ces manoeuvres » ont pour but de « réussir une intervention militaire contre le Niger ».

En réponse à ces accusations, le président français, Emmanuel Macron, a dit que son pays ne reconnait « aucune légitimité aux déclarations des putschistes ». « Rien de tout cela n'est ni en préparation, ni en intention. Il n'y a pas d'intervention, d'attaque prévue contre le Niger », a indiqué une source militaire française. « Le bateau au large de Cotonou, c'est le porte-hélicoptère amphibie Mistral engagé dans l'opération Corymbe prévue de longue date et qui fait de la sécurité maritime. C'est de la coopération avec les pays riverains du golfe de Guinée contre les trafics (pêche illicite, trafic de stupéfiants...) », a expliqué cette source.

Après le coup d'Etat, la Cédéao avait brandi la menace d'une intervention militaire au Niger et annoncé sa préparation pour rétablir l'ordre constitutionnel, libérer Mohamed Bazoum et le restaurer dans ses fonctions présidentielles. Une décision soutenue par la France, qui compte environ 1.500 soldats dans ce pays sahélien, dans le cadre de la lutte antidjihadiste. Paris ne reconnaît pas les autorités nigériennes issues du coup d'Etat survenu fin juillet et refuse à ce titre le départ de son ambassadeur, Sylvain Itté, comme exigé par les putschistes.

L'Union européenne (UE) se dit solidaire avec la France sur ce sujet. « Nous exprimons notre solidarité avec la France au sujet de son ambassadeur », a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, lors d'une conférence à New York à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE. Parlant du président Mohamed Bazoum renversé par et détenu par les militaires, il a redit son « soutien entier » à ce dernier. « Nous avons salué son courage et sa détermination », alors qu'il est retenu depuis deux mois et qu'il ne compte pas démissionner, a poursuivi Josep Borrell.

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