Au Mali, différents partis politiques appellent au dialogue pour sauver l'accord de paix de 2015 alors que les Forces armées maliennes (Fama) et les combattants du Cadre stratégique permanent (CSP) se sont affrontés à plusieurs reprises dans le nord du pays depuis la fin-août.
Au Mali, le calme est revenu ce 18 septembre 2023 à Léré, après l'attaque la veille du camp militaire de cette ville de la région de Tombouctou. Attaque revendiquée par le CSP (Cadre stratégique permanent), qui rassemble la majorité des groupes armés signataires de l'accord de paix de 2015 et qui accusent les autorités maliennes de transition d'avoir rompu cet accord.
L'armée malienne déclare ce matin déplorer 5 morts, 20 blessés et 11 disparus à Léré. Les Forces armées maliennes (Fama) assurent également avoir tué une trentaine d'ennemis. Bilan contesté par le CSP, qui avait pris le contrôle de Léré avant de se replier, et qui n'a pas communiqué son propre bilan.
L'attaque de Léré fait suite à celle de Bourem, la semaine dernière, qui avait fait des dizaines de morts.
« Tout doit se régler dans le respect de l'accord de paix »
Face à cette reprise des combats dans le Nord, onze ans après la guerre civile de 2012 et huit ans après la signature d'un accord de paix, de nombreux partis politiques maliens, de différentes sensibilités, expriment leurs inquiétudes et lancent des appels pour tenter, tant qu'il en est peut-être encore temps, de sauver la paix.
Le Parti pour la renaissance nationale (Parena) « exhorte les autorités de transition à favoriser l'union nationale » et invite les mouvements armés du Nord « à la retenue en restant ouverts au dialogue ». Face aux « carnages » provoqués concomitamment par les groupes jihadistes, le Parena, qui a communiqué après l'attaque de Bourem et avant celle de Léré, demande aux Maliens de « mettre entre parenthèses les débats subalternes » pour favoriser le dialogue, « avec tous les compatriotes qui ont pris les armes ».
« Nous appelons nos frères de la CMA et autres belligérants à revenir à la table des négociations »
Le Rassemblement pour le Mali (RPM) de feu Ibrahim Boubacar Keïta (président du Mali à 2013 à 2020) « prône le dialogue » : « Tout doit se régler dans le respect de l'accord de paix », estime son porte-parole Sékou Niamé Bathily, qui estime que cet accord « permet de lutter efficacement contre le terrorisme » et qui rappelle que « les autorités sont les garantes de l'unité nationale ».
L'Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), plus vieux parti du Mali, s'oppose également à la guerre : « Nous n'avons aucune alternative en dehors du dialogue », juge son Secrétaire général. Yaya Sangaré, qui prend soin de préciser : « Nous soutenons nos forces de défense », comme les autres partis politiques cités ici, et « appelons nos frères de la CMA et autres belligérants à revenir à la table des négociations ».
Même ligne pour le Parti social-démocrate africain (PSDA), mais avec plus de virulence : son président Ismaël Sacko, en exil, « condamne l'attitude belliqueuse, gravissime et immature du gouvernement malien ». Il estime que cette guerre a été « déclenchée et minutieusement préparée par la junte », et « invite démocrates et patriotes à [la] faire stopper » et « à exiger le dialogue inter-malien ».
Enfin, Oumar Mariko, président du Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), lui aussi en exil, sort exceptionnellement de sa réserve : « Il est difficile de se taire lorsque le pays est mené par des aventuriers, des va-t'en guerre qui ne mesurent pas la conséquence de leurs actes. » Ce militant historique de la souveraineté du Mali, qui avait soutenu le coup d'État militaire de 2012, se pose en défenseur de l'accord de paix de 2015 et attribue cette fois la responsabilité de la guerre aux autorités de transition. « Lorsqu'il y aura un vainqueur, il le sera sur un pays en ruine », prédit Oumar Mariko. Et d'appeler « tous ceux qui croient encore en la paix » à « travailler ensemble » pour « une paix juste et définitive ».