Afrique: Présidentielle de 2024 - De jeunes candidats dans la course au Palais

19 Septembre 2023

L'élection présidentielle de 2024 intéresse des jeunes. Parmi les candidatures déclarées, des hommes et des femmes d'un âge moyen cherchent à présider aux destinées de la Nation. Il s'agit, en l'occurrence, de Pape Djibril Fall, d'Anta Babacar Ngom, d'Ousseynou Diallo... Pour une première, ces « novices » devront affronter des politiciens rompus à la tâche.

Ils s'opposent à la figure du politicien classique rompu à la tâche. Pape Djibril Fall, Anta Babacar Ngom, Ousseynou Diallo, entre autres, sont différent des profils d'anciens jeunes politiques à l'instar d'Idrissa Seck sous l'aile d'Abdoulaye Wade, d'Abdou Diouf, alors héritier du Parti socialiste (Ps). Néanmoins, ils ont annoncé partir à la conquête des suffrages des Sénégalais pour diriger le pays en 2024.

Selon Moussa Diaw, Enseignant-chercheur en Sciences politiques à l'Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, l'implication de cette jeunesse traduit un certain « renouvellement de l'élite politique ». Il soutient, en effet, que c'est une respiration générationnelle qui, en soi, est bonne pour le pays. Pour lui, le contexte actuel est favorable à la candidature des jeunes à la présidentielle puisqu'une certaine partie de la classe politique est vieillissante, mais tient tout de même à se maintenir dans l'attelage étatique. L'heure du remplacement a donc sonné selon ses jeunes qui aspirent à se positionner et à trouver leur place sur l'échiquier politique.

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Un avis partagé par Dr Serigne Thiam, enseignant-chercheur à l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. D'après ce dernier, ces jeunes ont un message à porter. Cependant, il trouve qu'il y a un blocage. « Il sera très difficile pour ces jeunes politiciens cités de faire le poids devant les politiciens chevronnés du fait de leur grande expérience étatique, du fait qu'ils disposent d'appareils politiques bien installés sur le territoire sénégalais », pense Dr Thiam. À l'en croire, aussi noble que soit la volonté de cette jeunesse de faire bouger les lignes, elle se heurtera à la réalité de la politique au Sénégal.

Des novices

Moussa Diaw est presque catégorique. Pour lui, il est évident que les jeunes à l'image de Pape Djibril Fall, Anta Babacar Ngom, Ousseynou Diallo, etc., ont du pain sur la planche. Il estime que ces derniers doivent passer différentes étapes avant d'espérer diriger un pays. « Il leur faut beaucoup plus d'expérience politique, de connaissances également, notamment le sens élevé de l'État... Cela requiert énormément de travail de terrain. Il ne faudrait pas se retrouver à la tête de l'État avec un novice qui se cherche encore », déclare M. Diaw. Toutefois, il salue leur engagement en politique qui, somme toute, reste honorable.

Poursuivant son analyse, l'Enseignant-chercheur souligne une carence identitaire de ces jeunes profils qui ne s'inscrivent pas forcément dans des courants de pensée ou des idéologies claires. Il soutient que c'est justement cela leur défaut. Pour lui, ils doivent davantage exposer leur vision du développement et leur projet politique en participant à des débats afin de convaincre l'opinion. Mais, à ses yeux, ils ne sont pas suffisamment outillés pour cela. « Ils gagneraient à proposer des idées nouvelles et à davantage se faire connaître », ajoute-t-il.

Dans la même veine, Serigne Thiam souligne que la vraie ambition derrière ces candidatures n'est certainement pas de remporter la présidentielle de 2024. Pour lui, l'enjeu pour ces jeunes est de prendre rendez-vous dans l'objectif de gagner en popularité. Les jeunes qui ont annoncé leur candidature sont, renchérit-il, dans la poursuite de projets à moyen terme qui commence dès maintenant. « Pour le moment, l'électorat sénégalais n'est pas prêt à confier les rênes du Palais de la République à cette jeunesse inexpérimentée et manquant d'outils idéologiques et techniques. À partir de 2029, il n'y aura que des jeunes pour diriger le pays.

Et la candidature des jeunes pour cette élection leur prépare à bien se hisser au sommet pour 2029 », fait remarquer l'universitaire.

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