Togo: L'unité de mesure de la révolte de tous nos pays ne peut pas être le nombre de drapeaux russes brandis

19 Septembre 2023

Depuis le coup d'Etat au Gabon, je vois de plus en plus de journalistes, leaders d'opinion, activistes, souvent du courant " néo-panafricaniste" lancer au général putschiste et au peuple gabonais une injonction de russophilie pour prouver sinon la sainteté, au moins la validité de leur putsch.

Sortons des légèretés, les amis. Nos pays et nos peuples n'ont pas les mêmes réalités historiques, géopolitiques et géostratégiques depuis leurs indépendances. Et ça il suffit d'ouvrir n'importe quel livre sur l'histoire et la politique de l'Afrique subsaharienne pour le savoir.

A part le fait d'avoir été des colonies françaises, le Gabon, politiquement, n'a rien de commun avec le Mali, le Niger et le Burkina. Ce pays, vis-à-vis de la France, a une histoire unique qu'il convient de prendre le temps d'étudier. Une histoire qui le rend particulier même à côté du Togo avec qui on le compare, à raison sur certains points, à tort sur plusieurs autres.

Non, les Gabonais n'ont pas connu le même cheminement politique et idéologique que le Sahel après les années 60. Et aujourd'hui ils n'ont pas les mêmes réalités et problèmes que les pays du Sahel.

Ils n'ont pas besoin d'avions de guerre pour se défendre face à des terroristes. Ils ont besoin de pouvoir voter librement (ce que font déjà plus ou moins bien le Mali et le Niger depuis les années 90). Ils n'ont pas besoin d'armes pour sécuriser leurs frontières face à des hordes de djihadistes. Ils ont besoin de tenir librement des meetings politiques (ce qui est déjà presque un acquis au Niger et surtout au Mali depuis trente ans).

%

Il est normal qu'ils ne sortent pas avec des drapeaux russes pour fêter. Et il est encore plus normal qu'Oligui Nguema n'adopte pas le même ton face à la France qu'Assimi Goïta, Ibrahim Traoré, Tsiani...

Tout ce que je pense, c'est que pour le moment on laisse les Gabonais souffler, parce que ça fait presque 60 ans qu'ils sont étouffés. Qu'on ne les mélange surtout pas avec des enjeux qui ne les concernent pas pour le moment.

Non, l'unité de mesure de la révolte de tous nos peuples ne peut pas être le nombre de drapeaux russes dans les manifestations populaires.

Allons ouvrir les livres d'histoire sur nos pays et arrêtons de nous tromper à chaque fois !

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.