Selon une étude indépendante, commandée par les Nations unies, l'aide d'urgence pour les personnes déplacées en Somalie fait l'objet d'un trafic organisé. Les résultats de cette enquête ont fuité en début de semaine, dans le monde humanitaire, mettant au jour un trafic massif qui implique de nombreux acteurs de la société somalienne.
Gardes des camps de déplacés, chefs de clan, propriétaires fonciers, agents de police ou autorités locales : c'est tout un réseau qui depuis des années taxe les déplacés internes somaliens. D'après le rapport confidentiel de l'ONU, ces prélèvements se font sur l'aide matérielle, comme les denrées alimentaires, mais aussi financière.
Dans un communiqué publié lundi 18 septembre, le gouvernement somalien a annoncé une enquête : il s'engage avec les Nations unies à « développer une stratégie pour diminuer le détournement d'aide » et déplore que les organisations humanitaires « travaillent en dehors des canaux gouvernementaux ».
« Cette situation n'a pourtant rien de nouveau, explique un humanitaire sur place. La corruption est telle que certaines agences de l'ONU considèrent que c'est le prix à payer pour pouvoir atteindre les déplacés », conclut-il.
« Ces révélations portent atteinte à tous les travailleurs humanitaires », déplore une autre source qui redoute un retrait des bailleurs alors que la Somalie est toujours menacée de famine. En février, les Nations unies estimaient que plus de huit millions de personnes, soit plus de la moitié de la population somalienne, avaient besoin d'une aide immédiate.