Afrique: MAGAZINE - À 15 KM DE TOAMASINA - Au coeur de la protection des lémuriens

Depuis 1988, le parc zoologique d'Ivoloina, près de Toamasina s'adonne à la protection des lémuriens, confisqués à des trafiquants par les forces de l'ordre. Des centaines d'animaux y sont soignés dans leur milieu naturel, sensibilisant au passage touristes et locaux.

Johnny se rapproche peu à peu, d'un air curieux, observant les visiteurs à travers la grille, à l'heure où d'autres lémuriens se reposent ou terminent le repas de fruits et légumes. Au parc Ivoloina, à 15 km au nord de Toamasina, chaque pensionnaire semble avoir trouvé sa place. Qu'ils soient gardés en captivité ou laissés en semi-liberté, les lémuriens sont chouchoutés. Pour les découvrir, les visiteurs doivent d'abord parcourir une dizaine de kilomètres en taxi-brousse depuis le centre-ville, emprunter la RN5 ainsi qu'une route cabossée.

Le long de la voie, des ouvriers cassent des pierres, des habitants vendent leurs fruits depuis leur maison traditionnelle en Ravenala. Les promeneurs doivent ensuite traverser en tuk-tuk un sentier rocailleux au coeur de la flore endémique, avant de pénétrer dans les 282 hectares de végétations indigènes et ornementales dédiées aux makis. La réserve compte une quinzaine d'espèces de primates, dont quatre nocturnes et trois « prioritairement protégées » car menacées d'extinction. Certains animaux sont issus de trafics illégaux ou de braconnages (la détention de lémuriens est proscrite par la loi).

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Ils sont ramenés par les douaniers ou les gendarmes et placés en quarantaine. Des tests sont ensuite effectués afin de les garder en captivité ou de les relâcher au sein du parc. Une réintroduction « très compliquée » et rare selon l'équipe soignante.

Flavien Raminty, chef soigneur, et Jules Fasy, son collègue, font partie du groupe de dix employés. Les repas et les soins sont les moteurs de leurs journées : « On leur donne des bananes, des légumes et fruits de saison. Pour ceux qui sont en semi-liberté, on prépare des « restaurants perchés » où ils viennent se servir, et pour les captifs, on les stimule en roulant la nourriture dans des feuilles ».

La visite, guidée ou non, débute au milieu des Ravenala et eucalyptus, où s'érigent les habitats des espèces les plus surveillées : les lémurs aux yeux turquoise, les vari noirs et blancs ou encore les lémurs grands bambous. Les visiteurs déambulent entre les cages, admirant les primates et leurs nouveaux-nés. Ils observent un peu plus loin les lémuriens en liberté, cachés dans la verdure, peu effarouchés par leur présence. Mais d'autres animaux sont aussi à découvrir dans les bois : tortues, caméléons et grenouilles notamment.

Enfin, la piste se termine sur une cascade ainsi qu'un point de vue sur l'étendue du lac artificiel du parc, accessible par une passerelle. Au cours de la randonnée, on est presqu'effrayé par le ritardando, chants et cris des lémuriens en cage, repoussant leurs congénères sauvages, un peu trop proches de leur abri. Le parc zoologique est ouvert en journée avec la possibilité de visites de nuit afin de suivre les espèces nocturnes.

À travers ses pistes, la réserve espère pouvoir sensibiliser le plus grand nombre aux dangers et à la protection de ces animaux, encore très menacés, même aux abords de la réserve. Prix du billet : 1000 ar pour les locaux, 20 000 pour les touristes étrangers.

Une ONG à la direction du parc

Madagascar Fauna and Flora Group est une organisation non gouvernementale qui gère plusieurs zoos et réserves. Elle oeuvre pour la préservation de la biodiversité de Madagascar. Ses principaux objectifs sont la sensibilisation et l'éducation sur l'environnement, la recherche, en particulier sur la réserve naturelle de Betampona, la conservation, par les programmes d'élevage en captivité pour les animaux de Madagascar, à l'intérieur ou à l'extérieur de la Grande île. De la surveillance des lémuriens aux reboisements des forêts malgaches, les actions de l'ONG sont nombreuses et diverses.

Illustration avec Grayson Pellerito, une Américaine employée au parc Ivoloina pour trois mois : « Je suis à l'université de Duke aux Etats-Unis qui a un partenariat avec Madagascar Fauna and Flora Group. Je suis spécialisée dans la protection et la conservation des lémuriens depuis maintenant deux ans ».

Ce reportage a été réalisé par une étudiante d'Infocom, à l'université de La Réunion, grâce au soutien financier de la Direction des relations internationales et de la Direction de l'orientation, de la formation et de l'insertion professionnelle. Un groupe de huit apprentis journalistes a effectué un séjour d'une semaine à Toamasina à cet effet.

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