Cinquante ans après Nairobi (Kenya), les Assemblées annuelles du Fonds Monétaire International (Fmi) et de la Banque Mondiale (BM) reviennent en Afrique. Elles sont prévues du 9 au 15 octobre prochain à Marrakech. Cette rencontre s’annonce crucial avec un contexte marqué par des défis spécifiques à l’Afrique.
(Envoyé spécial à Marrakech) – Les assises annuelles du FMI et de la Banque Mondiale qui devait se tenir à Bali (Indonésie) en période Covid-19 vont finalement avoir lieu Marrakech le mois d’octobre prochain.
La voix de l’Afrique devra retentir au Maroc lors de ces Assemblées Annuelles pendant lesquels le Royaume Chérifien compte en faire une opportunité pour faire valoir son leadership et porter le combat pour la prise en compte des préoccupations africaines dans l’agenda de développement.
Face au groupe de journalistes ayant pris part à la tournée de presse organisée en prélude à la rencontre de Marrakech, le gouverneur de la Banque Centrale du Maroc a « dessiné » l’architecture de la déclaration devant sanctionner la rencontre de Marrakech.
Le président du comité scientifique des Assemblées Annuelles 2023 estime que dans le changement de paradigme auquel assiste le monde, l’Afrique doit avoir plus de place notamment dans le traitement des aspects climatiques, du numérique.
En présence de la directrice générale du FMI et du président de la Banque Mondiale, souligne M. Abdellatif Jouahri, la rencontre du Maroc sera une opportunité pour se pencher sur les questions relatives à la dette, le problème de la représentativité de l’Afrique dans ces institutions.
« Toutes ces questions seront contenues dans le cadre de la déclaration attendue de ces conclaves de Marrakech », assure le patron de la Banque Centrale du Maroc.
« Ce sont des points importants que nous allons appuyer au niveau des organisations internationales de façon à ce qu’il ait l’équité sur le plan de la structure, le devenir et la mission des deux organisations internationales notamment les Banques de développement, particulièrement la Banque Mondiale, avec le changement de paradigme », confie-t-il.
Le cocus africain qui s’est réuni au Cap-Vert a réussi à mettre en exergue ces problèmes auxquels est confronté le continent. Cette plateforme a aussi recommandé de travailler sur l’inclusion financière et la question du genre.
A Marrakech, il sera également question de remettre sur la table les engagements pris par les pays développés vis-à-vis de l’Afrique en ce qui concerne les aspects de dé-carbonisation et les aspects relatifs à l’aide qu’ils devraient apporter face à la question des changements climatiques.
M. Jouahri estime que la bonne collaboration entre institutions d’émission du continent matérialisée à travers l’ABCA (Association des banques centrales africaine) peut être un atout pour mieux défendre la position du continent lors de ces assises de Marrakech.
Une association dont les instances traitent en permanence les questions évoquées plus haut. Ce qui va faciliter la défense de la position africaine au niveau international.
Il s’agit entre autres de la monnaie unique africaine avec le début de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). « La démarche concerté facilite la tâche concernant la prise de position africaine au niveau des instances internationales ».
A cela s’ajoutent les résolutions issues des rencontres que la Directrice générale du FMI et le Président de la Banque Mondiale tiennent régulièrement avec les ministres des Finances des pays africains sur le traitement de problèmes transversaux.
Des séances dans lesquelles revient le récurrent problème de la dette des pays les plus vulnérables dans la mesure où les mesures prises lors des réunions du G20 sont jugées insuffisantes, en matière d’allègement.
« Il faut réglementer la dette. De belles initiatives existent dans ce sens mais cela prend beaucoup de temps parce qu’il faut réunir à la fois les prêteurs publics et privés pour traiter cette question ».
Pour lui, « on ne veut pas de cosmétique. On veut qu’on s’attaque aux problèmes réels pour trouver des solutions appropriées ».
Dans cette dynamique, il y ajoute le problème fondamental de la sécurité alimentaire doit figurer dans le chapitre des priorités. Sa résolution nécessite, selon le Gouverneur de l’institut d’émission de Maroc, des mesures concrètes à la hauteur des attentes des populations africaines.
Ce qui fait dire que ces problèmes évoqués nécessites que les pays africains agissent de façon cordonnée et se serrent les coudes pour que la voix africaine porte le mieux afin d’aboutir à des solutions concrètes et assurer une bonne suivie de leurs mis en œuvre.