A l'ouverture du débat général annuel de l'Assemblée générale des Nations Unies, mardi, au siège de l'Organisation à New York, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a estimé qu'il était « grand temps de renouveler les institutions multilatérales » pour affronter les défis du 21ème siècle.
« Le monde a changé. Nos institutions, non. Nous ne pouvons pas traiter efficacement les problèmes tels qu'ils sont si les institutions ne reflètent pas le monde tel qu'il est », a observé le chef de l'ONU devant les 193 Etats membres réunis dans la salle de l'Assemblée générale.
Selon lui, au lieu de nous aider à régler les problèmes, nos institutions risquent d'en être une des sources, dans un contexte où les clivages ne cessent de s'accentuer, qu'il s'agisse des clivages entre puissances économiques et militaires ou les clivages entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest.
Grande Fracture
« Nous nous rapprochons dangereusement d'une Grande Fracture dans les systèmes économiques et financiers et les relations commerciales, qui met en péril l'existence d'un Internet ouvert et unique, et s'accompagne de stratégies divergentes concernant les technologies et l'intelligence artificielle, le risque étant que les cadres de sécurité soient en conflit », a-t-il ajouté.
Selon le Secrétaire général, « il est grand temps de renouveler les institutions multilatérales sur la base des réalités économiques et politiques du XXIe siècle - et de les ancrer dans l'équité, la solidarité et l'universalité - conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et du droit international ».
Il estime que cela demande de « réformer le Conseil de sécurité pour l'adapter au monde d'aujourd'hui » et de « repenser l'architecture financière internationale pour qu'elle devienne véritablement universelle et soit un filet de sécurité mondial pour les pays en développement en difficulté ».
Le chef de l'ONU a dit toutefois qu'il ne se faisait pas d'illusions, notant que « les réformes sont affaire de pouvoir » et qu'il existe « de nombreux intérêts concurrents et priorités contradictoires ».
Besoin de compromis
« Mais l'alternative n'est pas entre la réforme et le statu quo. L'alternative est entre la réforme et une fragmentation encore plus grande. C'est la réforme ou la rupture », a-t-il dit, observant que « les fossés se creusent à l'intérieur des pays », que la « démocratie est menacée », que « l'autoritarisme est en marche », que « les inégalités s'aggravent », et que « les discours de haine se propagent ».
Face à tous ces défis et à bien d'autres encore, le mot « compromis » semble être devenu tabou, a-t-il souligné.
« Ce dont notre monde a besoin, c'est d'une vision politique, pas de manoeuvres ni d'une impasse », a-t-il ajouté, appelant à un « compromis mondial ».
« La politique, c'est le compromis. La diplomatie, c'est le compromis. Un leadership efficace, c'est le compromis. Les dirigeants du monde ont le devoir de parvenir à un compromis pour construire un avenir commun de paix et de prospérité, dans l'intérêt commun », a-t-il martelé.
Détermination nécessaire
Selon le Secrétaire général, l'ONU a montré, au cours de l'année écoulée, que l'action multilatérale était riche de promesses, citant les nouveaux accords mondiaux importants sur la sauvegarde de la biodiversité, sur la protection de la haute mer, sur les pertes et les dommages climatiques, et sur le droit à un environnement propre, sain et durable.
« Nous avons tous les outils et toutes les ressources dont nous avons besoin pour relever ces défis communs. Ce qui nous manque, c'est de la détermination », a-t-il estimé, réclamant de la détermination à faire respecter la promesse de paix énoncée dans la Charte des Nations Unies, à s'attaquer au réchauffement de la planète et à honorer l'engagement de la Charte en faveur des droits humains fondamentaux.
Le Secrétaire général a notamment réclamé de la détermination à assurer l'égalité des genres. « Les femmes attendent toujours l'égalité des chances et des salaires ; l'égalité devant la loi ; la pleine valorisation de leur travail et la prise en compte de leurs opinions », a-t-il souligné. « À travers le monde, les droits des femmes - y compris les droits sexuels et reproductifs - sont réduits voire supprimés ; leurs libertés, restreintes. Dans certains pays, les femmes et les filles sont punies parce qu'elles portent trop de vêtements ; dans d'autres, parce qu'elles n'en portent pas assez ».
Selon lui, grâce aux générations de militantes des droits de femmes, les temps changent. « Des terrains de sport aux écoles en passant par les places publiques, les filles et les femmes défient le patriarcat - et triomphent. Je suis à leurs côtés », a-t-il dit, rappelant que quand il a pris ses fonctions, il s'est engagé à garantir la parité hommes-femmes au sein des Nations Unies.
« Nous y sommes parvenus aux échelons supérieurs et sommes en bonne voie pour le faire à travers l'ensemble du système des Nations Unies. Car l'égalité des genres n'est pas un problème. L'égalité des genres est la solution. L'égalité, ce n'est pas une faveur faite aux femmes, mais une condition fondamentale pour assurer un meilleur avenir pour tous », a martelé le Secrétaire général.