Paris a suspendu début août la délivrance de visas pour tous les ressortissants maliens. Bamako a fait de même par réciprocité, dans la foulée. Depuis, cette suspension pénalise tous ceux qui devaient voyager d'un pays à l'autre dans tous les secteurs d'activité. Dans l'éducation, particulièrement touchée, ces suspensions sont vécues comme une punition injuste pour les citoyens des deux nationalités, empêchés de mener à terme des projets cruciaux pour leur avenir.
Elle a eu son bac en juin dernier. Mariama Dembélé - son nom a été modifié pour ne pas lui porter préjudice - est une jeune Malienne qui sort du lycée français de Bamako. Elle devait faire sa rentrée en début de semaine à Paris, le lundi 18 septembre, dans la prestigieuse université de la Sorbonne, où elle est inscrite en licence de gestion. Mais, comme d'autres étudiants dans sa situation, elle est toujours bloquée à Bamako.
« Je trouve ça très injuste, parce que je ne comprends pas pourquoi des raisons politiques devraient affecter notre avenir, confie-t-elle. On n'a rien à voir avec ça. On a fait un cursus français depuis la maternelle, on a eu un bac français, on est acceptés dans des écoles et des universités françaises. Donc, on ne comprend pas pourquoi le gouvernement français ne veut pas nous aider. On ne sait pas comment faire. »
Plusieurs dizaines d'étudiants maliens sont concernés. Aucun chiffre précis n'a pu être fourni, ni par l'ambassade de France à Bamako, ni par le ministère français des Affaires étrangères.
Dans le sens inverse, le problème se pose également. Pas tant pour les étudiants que pour les professeurs français. Comme Yves Désiré Ipolo, qui devait venir enseigner les mathématiques au Mali. « J'avais un contrat avec le lycée Liberté de Bamako et parallèlement, je devais mener un projet avec l'école des jeunes aveugles. Je n'ai pas pu faire ma rentrée, ça m'a vraiment fait mal. Une grosse déception, surtout pour les jeunes aveugles, parce que c'est une thématique qui me tient à coeur. »
Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué que les étudiants maliens déjà en France pourraient poursuivre leur cursus. Mais pour ceux qui, comme Mariama Dembélé, comptaient faire leur première rentrée en France, aucune solution n'a été trouvée.
Le problème se pose également pour les étudiants burkinabè et nigériens, la France ayant aussi suspendu ses délivrances de visas dans ces deux pays, dont les autorités de transition sont en conflit ouvert avec Paris. Il se pose enfin de la même manière pour les chercheurs et les artistes ressortissants de ces trois pays - Mali, Niger, Burkina -, où les représentations consulaires ne délivrent plus aucun visa. Paris invoque des raisons de sécurité.