« C'est vraiment inquiétant de voir la situation se dégrader aussi rapidement dans un pays qui avait pourtant une démocratie stable depuis un moment. » Nancy Kankam Kusi, de l'organisation de la société civile Wacsi, membre de Civicus Monitor, s'inquiète de la situation au Sénégal. Cette plateforme de recherche et d'évaluation des libertés civiques dans le monde dénonce un rétrécissement de l'espace démocratique sénégalais ces derniers mois. Explications.
Le Sénégal est désigné comme l'une des démocraties où les libertés civiques se dégradent rapidement.
La plateforme de recherche et d'évaluation des libertés civiques dans le monde, Civicus Monitor, dénonce en effet un rétrécissement de l'espace démocratique ces derniers mois et place le pays sur la liste des démocraties à surveiller.
« C'est d'autant plus inquiétant dans le contexte des élections »
Parmi les sujets de préoccupation : la dissolution des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), le parti de l'opposant Ousmane Sonko, et l'arrestation de ce dernier. Mais aussi l'utilisation de force excessive et létale pour réprimer les manifestations au Sénégal, tout comme l'arrestation de plusieurs journalistes.
Pour Nancy Kankam Kusi, de l'organisation de la société civile Wacsi, basée au Ghana et membre de la plateforme Civicus Monitor, il faut tirer la sonnette d'alarme. « C'est vraiment inquiétant de voir la situation se dégrader aussi rapidement dans un pays qui avait pourtant une démocratie stable depuis un moment, déplore-t-elle. De plus en plus, il y a des violations répétées du droit des citoyens à manifester et à s'exprimer librement. Les médias ont été attaqués, l'accès à Internet à été bloqué, l'accès au réseau social TikTok est toujours suspendu. Et c'est d'autant plus inquiétant dans le contexte des élections [présidentielle, Ndlr] qui auront lieu en février 2024 au Sénégal ».
La plateforme Civicus Monitor appelle le gouvernement du Sénégal à inverser la tendance en autorisant à nouveau la tenue de manifestations pacifiques. Les autorités, elles, affirment que les interdictions sont prises en fonction du risque de trouble à l'ordre public.