Les pagnes Faso Dan Fani et Koko Dunda sont en train de perdre leur prestige sur le marché burkinabè, voire international. De la contrefaçon inonde, frauduleusement, le marché local de pagnes de basse qualité et à moindre coût. Concurrence déloyale, désintérêt pour ces produits 100% burkinabè... constituent la gangrène qui tue à petit feu la chaine de production et de commercialisation de ces produits «made in Burkina ».
Le 30 avril 2019, le ministère en charge du commerce dévoilait le logotype du label du Faso Dan Fani et les motifs à protéger par l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI). Entamé depuis 2018, c'est un long processus qui a abouti à la protection officielle du pagne tissé «made in Burkina». Cette labélisation a suscité un espoir chez des milliers de tisserands qui espéraient enfin mieux vivre du fruit de leur dur labeur.
Mais, ils ont vite déchanté. Des pagnes contrefaits, de mauvaise qualité et de moindres coûts sont en train de lui ravir la vedette sur les étals des marchés. Lancé depuis, le 25 juin 2021, le processus de labellisation du Koko Dunda, tissu teint localement par des Burkinabè, a pris fin, le 13 septembre 2021 avec le dévoilement du logotype du label. Ces sceaux qui devraient profiter de la fibre patriotique des Burkinabè à «consommer local» se perdent dans le labyrinthe des contrefacteurs.
«Nous constatons un envahissement de nos marchés par les pagnes contrefaits, soit importés en produits finis, soit en fils à tisser... L'opinion doit faire la distinction entre notre Faso Dan Fani 100% coton et ces pagnes importés de nature synthétique qui lui font une concurrence déloyale», interpelle la Secrétaire générale (SG) de la Fédération nationale des tisseuses du Burkina, Germaine Compaoré.
Des frontières poreuses...
Qu'est-ce qu'un pagne contrefait ? Contrairement au pagne labélisé, à vue d'oeil, le Faso Dan Fani contrefait est de nature lourde et synthétique. Il n'est pas 100% coton. Il est glissant au toucher. Avec son caractère synthétique, il ne se déchire pas. «Ce sont des pagnes tissés, mais pas Faso Dan Fani. L'original, c'est le pagne fait avec le fil burkinabè, travaillé par les tisserands burkinabè », précise la SG Compaoré.
Pour le Koko Dunda, le pagne est de nature industrielle, imprimée. Contrairement à l'original 100% coton, il présente une grande différence avec celui teint à la main. Généralement imprimé, il a une brillance et s'apparente aussi à du plastique. L'original est teint à la main au Burkina, en coton glacé, tremblant, velours... explicite, Eloi Sawadogo, le président de la fédération des acteurs du Koko Dunda du Burkina.
«Les pagnes contrefaits sont visibles au quotidien sur nos marchés», regrette, le président de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), Dasmané Traoré. Germaine Compaoré d'ajouter : «Le boom de la promotion et l'évolution de ces labels ont été une aubaine pour certains pays pour infiltrer les pagnes contrefaits dans notre marché national». Comment ces pagnes contrefaits arrivent-ils au Burkina ?
La porosité des frontières favorise l'entrée sur le territoire burkinabè des pagnes contrefaits. Les «fabricants » de ce genre de marchandises proviennent principalement des pays voisins et asiatiques comme le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Togo, la Chine... «Nous ne pouvons pas dire que ce fil importé est produit au Ghana. Il est importé plus loin. Mais comme ce pays a un port, le pagne transite par le Ghana.
Les commerçants ghanéens arrivent à les infiltrer et les nôtres les introduisent dans notre marché », précise Mme Compaoré. Dans les villes frontalières de ces pays, des tisseuses utilisent alors les fils importés qui passent par le Ghana, la Côte d'Ivoire ou encore le Togo... pour inonder le marché local. «90% des tisserands de la région du Sud-Ouest, notamment des villes de Dano, Diébougou, Dissin, Gaoua...utilisent les fils importés.
Comme les fils sont synthétiques, lorsqu'ils tissent, les pagnes sont attirants. Dans cette région, nous avons lutté pour que les tisserands changent de mentalité, mais ils continuent...», se désole-t-elle. Outre le Sud-Ouest, dans la région du Centre-Sud, le constat est alarmant. Dans les localités de Guelwongo,Pô,...les tisseurs s'illustrent dans la valorisation des fils importés. «Avec plus de 1000 tisseuses dénombrées à Guelwongo, si, elles se mettaient au fil burkinabè,cela allait booster la promotion du pagne », se convainc Mme Compaoré.
Une concurrence déloyale
Sur les étals des marchés, des boutiques...les pagnes contrefaits se vendent comme de petits pains. Lundi 8 mai 2023, marché de « 10 Yaar »de Ouagadougou. Mahdi est devant sa boutique, « Simporé et Frères ». Nous n'hésitons pas à l'approcher. Lors des échanges, il avoue : «il ya trois types de pagnes. Le pagne burkinabè, ceux ghanéen et ivoirien.
Mais comme le pagne de la Côte d'Ivoire ne marche pas, donc, nous ne l'envoyons plus. Dans notre boutique, deux pagnes tissés ghanéens coûtent 30 000 F CFA. Le prix de deux pagnes Faso Dan Fani varie entre 7 500, 8 000, 10 000 et 15 000 F CFA en fonction des motifs. En gros, nous pouvons donner deux pagnes ghanéens à 22 500. Ces pagnes ne sont pas fabriqués au Burkina et le fil coûte cher.
Par exemple, le gros fil enroulé du Burkina coûte 2 500 F CFA et 3 000 F CFA pour le petit rouleau du fil importé du Ghana. Les pagnes étrangers sont prisés parce qu'ils durent et sont résistants ». Après Mahdi, c'est l'Imam qui nous accoste en ces termes : «j'ai des pagnes VIP sans broderie, tissés avec du fil du Ghana et du Burkina». Quelle est la différence ? demandons-nous. Il explique que c'est le système tissage qui les différencie. Les pagnes burkinabè sont tissés à la main tandis que ceux des autres pays sont faits à la machine, détaille-t-il.
Chez lui, les pagnes « labélisés » varient de 1000 à 30 000 F CFA. Un tour dans le magasin de Sadi, les confidences sont effroyables. Il commercialise deux pagnes importés à 9 000 F CFA, les «made in Burkina» entre 5 000 et 10 000 FCFA l'unité. «Le prix est moins cher parce que ce sont des fils du Ghana, tissés au Burkina. La différence entre ces deux pagnes est que le fil de tissage du Burkina est blanc et doit être teinté avant son utilisation. Or, celui du Ghana sort déjà teinté en diverses couleurs.
Ce qui rend ces pagnes moins chers», révèle-t-il. Au grand marché de Ouagadougou (Rood-Wooko), Issa Ouédraogo est spécialisé dans la vente de pagnes importés, dit-il, du Ghana, Chine, Côte d'Ivoire...Chez lui, le prix du Koko Dunda et Faso Dan Fani « chinois »varie entre 1000 et 5 000 F CFA. Il nous dit : «le pagne ghanéen est de qualité et même original contrairement au Faso Dan Fani. Mieux, lorsque nous nous ravitaillons dans ce pays, les pagnes nous reviennent moins cher».
La traque...
Vendredi 3 février 2023. Arouna Ouédraogo a été pris la main dans le sac. Au cours d'un contrôle économique de routine portant sur les importations, une équipe de terrain de la brigade mobile de contrôle économique et de répression des fraudes a intercepté son camion chargé de pagnes frappés au motif de Faso Dan Fani, stationné au quartier Kamsonghin avant son transfert dans son magasin.
Le camion bondé de marchandises est saisi à titre conservatoire en vue d'approfondir l'investigation. Le contrefacteur ne disposait d'aucun document : absence de Registre de commerce et de crédit mobilier (RCCM), d'Identifiant financier unique(IFU), Déclaration préalable d'importation (DPI), Certificat national de conformité (CNC), etc. A l'issue des investigations, 53 balles, soit 2 650 pagnes d'une valeur de 13 250 000 F CFA ont été saisis, son magasin situé à proximité du marché de Gounghin scellé.
Après examen et audit des échantillons, il s'est avéré que la marchandise est rentrée frauduleusement au Burkina via le Ghana. Au contrebandier, il est reproché, une importation sans titre relative à l'absence de la DPI assimilable à la fraude, une inobservation des conditions d'exercer dues à l'absence du RCCM, une atteinte à la sécurité du consommateur relative à l'absence des résultats d'analyses et du certificat national de conformité, une présomption de contrefaçon du pagne Faso Dan Fani protégé par l'Etat burkinabè.
Selon l'article 45 de la loi n°016-2017/AN portant organisation de la concurrence au Burkina, constitue une concurrence déloyale et interdit, « tout acte ou toute pratique qui, dans l'exercice d'activités industrielles, commerciales ou artisanales, est contraire aux usages honnêtes». Et, constitue des pratiques de concurrence déloyale et interdit : «tout acte ou toute pratique ayant pour objet ou effet de désorganiser tout ou une partie substantielle d'un marché ou de nature à créer une confusion ou une tromperie par tout moyen, tel que l'imitation des signes distinctifs, noms, appellation, dénominations, enseignes, emblèmes, marques, dessins ou modèles industriels de produits, services ou activités industrielles ou commerciales d'un concurrent».
L'article 46 précise : «constitue une contrefaçon et interdit, tout acte ou pratique qui, dans l'exercice d'activités industrielles, commerciales ou artisanales porte atteinte à un droit protégé par la législation sur la propriété intellectuelle». Selon l'article 96 de la disposition légale, les pratiques de concurrence déloyale telles que définies à l'article 45 de la présente loi sont passibles d'une amende de 500 000 à 100 000 000 FCFA et d'un emprisonnement de deux mois à deux ans ou de l'une de ces deux peines seulement.
Les pratiques de contrefaçon sont punies d'une amende allant de 150% à 400% du chiffre d'affaires net des produits contrefaisants. Plus la valeur nette du stock disponible et d'un emprisonnement de six mois à six ans. En cas de difficultés d'évaluation du chiffre d'affaires net des produits contrefaisants et/ou la valeur nette du stock disponible, l'amende applicable est de 2 000 000 à 5 000 000 000 FCFA. Conformément à ces dispositifs, Arouna Ouédraogo a écopé d'une amende de 7 000 000 F CFA.
Des millions F CFA de pertes
La fraude et la contrefaçon sont malheureusement des activités qui mettent à mal l'économie du pays, d'après le coordinateur national de lutte contre la fraude, Yves Kafando. Et, le circuit par excellence d'introduction des marchandises de fraude sur le marché national est la contrebande. Selon le département des investigations, du contrôle, de la lutte contre la fraude et la contrefaçon, en 2020, 441 pagnes (Faso Dan Fani), 2021/2022, 19 182 pagnes (Faso Dan Fani), en 2023, 3 400 (Faso Dan Fani) et 855(Koko Dunda) qui ont été saisis.
Concrètement, de 2020 à 2023, ce sont 23 878 pagnes contrefaits ou frauduleux qui ont été saisis auprès des importateurs et détaillants dans les seules villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso d'une valeur de 119 390 000 F CFA. «Ces pagnes contrefaits contribuent à tuer l'économie locale et les activités génératrices de revenus des milliers d'acteurs de la transformation des deux labels et à mettre dans la rue des milliers de personnes qui vont souffrir du chômage.
Les commerçants véreux sachant bien que le pagne n'est pas de qualité, en simulant que c'est l'original, de façon délibérée, sont fautifs. Cette action va amener leur enrichissement au détriment des acteurs locaux», déplore Mme Compaoré. «Economiquement, ce sont des pertes. Dans une cérémonie, sur dix personnes, la moitié est habillée en pagnes contrefaits. Cela s'apparente à un crime économique.
Si, cette pratique illégale doit perdurer, l'effort, l'élan, la promotion, le recul de la pauvreté, de création d'emplois vont prendre un coup», dénonce Germaine Compaoré. La labellisation avait pour objectifs d'accroitre la compétitivité et la valeur marchande des produits concernés, de lutter efficacement contre la contrefaçon et la concurrence déloyale, de créer des emplois directs et indirects tout en sauvegardant l'origine de ces produits, rappelle, l'ex-ministre en charge du commerce, Harouna Kaboré.
«Les labels Faso Dan Fani et Koko Dunda qui ont fait l'objet de protection auprès de l'OAPI sont utilisés sur autorisation expresse du ministère en charge du commerce sous forme d'agrément. Ce qui se passe sur le marché nécessite le renforcement de la lutte contre ces pratiques que sont la contrefaçon, la fraude et la contrebande», souhaite-t-il.
Des emplois menacés
« Ces pagnes reviennent beaucoup moins chers que les originaux. Si, les pagnes labélisés ne trouvent pas preneurs, les producteurs, transformateurs n'auront plus de la matière à faire puisque cela ne servirait à rien de créer un produit qui ne sera jamais utilisé par le consommateur», regrette Mme Compaoré. Le président de la fédération des acteurs du Koko Dunda du Burkina, Eloi Sawadogo, d'affirmer : « depuis le lancement du label, le Koko Dunda s'exporte au-delà de nos frontières.
Malheureusement, nous constatons la contrefaçon de ce produit». L'activité en danger, la fédération qui ne veut pas rester les bras croisés face à cette pratique illicite s'est mise à la trousse des contrefacteurs. Après plusieurs mois de combat, leurs investigations ont porté des fruits. «Nous avons eu une information sur les réseaux sociaux, selon laquelle, un individu s'adonne à la vente du Koko Dunda au « 10 Yaar ». Avec les autorités compétentes, nous avons démasqué l'auteur de la contrefaçon», révèle M. Sawadogo. Ainsi, au marché appelé « 10 Yaar » à Ouagadougou, le contrefacteur de la marque «Joli-joli» a été appréhendé.
La brigade a saisi, scellé sa boutique et détruit ses produits. «Si, rien n'est fait, l'économie de tous les produits labélisés sera détruite. Car, pour des intérêts individuels et égoïstes, d'autres préfèrent contribuer à sa destruction», prévient-il. Avant la labélisation, confie Eloi Sawadogo, les acteurs de la chaine bobolaise ont engagé aussi un bras de fer contre les éventuels fraudeurs. Ainsi, ils ont fouillé de fond en comble, le grand marché de Bobo-Dioulasso pour en sortir les pagnes contrefaits des magasins. Maminata Sanou est promotrice de pagnes indigo Koko Dunda.
C'est avec amertume qu'elle dit constater la vente des pagnes Koko Dunda trafiqués que «nos mamans ont créés et travaillé durement à valoriser». «C'est une chaine de valeur qui permet à de nombreuses familles de subvenir à leurs besoins. C'est vraiment déplorable de constater des pagnes labélisés contrefaits sur le marché. Avec leurs prix réduits, certains s'y procurent facilement et détruisent l'économie locale», se lamente-t-elle. Quinquagénaire, Fatimata Cissé, teinturière au quartier Bindougousso de Bobo-Dioulasso, emploie quotidiennement 30 femmes (dresseuses, plieuses,créatrices de motifs...).
Chacune a un revenu moyen de 2 500 F CFA ou plus par jour. «Cette activité aide tellement de femmes à quitter la précarité que si la contrefaçon vient s'immixer dans notre travail, beaucoup de familles auront du mal à se nourrir à cause du chômage que cela va occasionner», soutient-elle. Sans dévoiler son chiffre d'affaires, c'est impuissante qu'elle constate son activité aller à vau-l'eau. «Certaines femmes viennent nous voir, mais nous ne pouvons plus les employer, car, l'activité ne marche plus comme auparavant.
Si, l'Etat n'arrive pas à aider ses citoyens à sortir de la misère, au moins qu'il les aide à protéger l'emploi qui leur permet de survivre», pense-t-elle. Rencontrée au grand marché de Bobo-Dioulasso, c'est avec fierté qu'Aicha Sanou brandit son Koko Dunda qu'elle dit «original». «Je l'ai acheté à 5 000 F CFA parce que c'est un produit typiquement burkinabè. Je suis écoeurée parce que les contrefacteurs sont en train de minimiser le travail de nos braves artisans », confie-t-elle, déçue.
Renforcer la lutte
Depuis 2013, le styliste François 1er milite pour la promotion du «made in Burkina». Il fait
savoir que le Burkina est le seul pays en Afrique occidentale qui a développé le tissage à grande échelle qui occupe les femmes,cela,grâce à l'ex-président Thomas Sankara. «Si, nous étions bien organisés, nous allions payer le fil en quantité, négocier avec l'Etat pour avoir des subventions sur la matière première et produire en quantité pour inonder la sous-région.
Ces produits contrefaits, ce ne sont pas les étrangers qui les amènent, ce sont nos frères qui prennent les motifs qui partent en Chine pour les reproduire. Ils n'ont même pas besoin de bouger. Grâce aux réseaux sociaux, ils envoient les motifs...», regrette le styliste. Pour lui, si le pays mettait en place une vraie politique de développement et d'indépendance économique, les populations auraient la culture de la transformation locale, toute chose qui permettrait d'occuper le marché local.
« Comme nous avons favorisé la politique d'import-export, aujourd'hui, nous avons des problèmes pour aller vers la transformation locale parce qu'on aura la concurrence au niveau du prix. C'est un problème économique qu'on aurait dû résoudre depuis », estime-t-il. De l'avis de Harouna Kaboré, la contrefaçon est néfaste pour le développement de ces secteurs qui sont pourvoyeurs d'emplois et de richesses pour les acteurs et notre pays.Fatimata Cissé est catégorique :« il faut stopper l'entrée des produits contrefaits sur le marché burkinabè ». Sinon, ce sera la mort programmée des labels...
Abdel Aziz NABALOUM
La matière première, un autre casse-tête
Depuis quelques années, l'on constate un regain d'intérêt des Burkinabè pour le Faso Dan Fani. Mais, souvent les tisserands peinent à se procurer la matière première, le fil «made in Burkina». Pour satisfaire leur clientèle, certains ont confié qu'ils sont «obligés» d'importer des fils de moindre qualité dans des pays étrangers. Si, l'on veut promouvoir le port du Faso Dan Fani, lutter contre la contrefaçon sous toutes ses formes, il faut impérativement résoudre cette problématique de la disponibilité de la matière première.
A.A.N
Justin Rouamba, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle
« La lutte contre la contrefaçon est essentielle pour protéger l'authenticité de ces produits... »
Sidwaya(S) : Le Faso Dan Fani et le Koko Dunda, deux labels protégés par l'Etat à l'OAPI, sont l'objet de contrefaçon. Quel commentaire vous en faites ?
Justin Rouamba (J.R.) : La contrefaçon est le fait de porter atteinte à un droit de propriété intellectuelle. S'agissant du cas du Faso Danfani et du KoKo Dunda, elle consiste généralement à faire des reproductions, des copies ou imitations, des ventes ou des mises en vente de ces produits sans l'autorisation du titulaire du droit de propriété intellectuelle. Les experts s'accordent à dire que la contrefaçon est devenue le plus grand marché illégal après celui de la drogue. Elle présente un danger pour l'économie burkinabè ainsi que l'industrie du textile et de la mode qui est en éclosion.
S : Quel est l'intérêt de les protéger ?
J.R. : Ils sont bien plus que des produits. Ils incarnent l'histoire, les traditions et la culture du Burkina. Leur préservation contribue à maintenir l'identité culturelle du pays. Leur protection, malgré la contrefaçon, est cruciale pour l'économie. Au niveau microéconomique, la protection garantit leur qualité, leur design et leur identifiabilité. Cela les rend plus attrayants sur le marché, renforçant ainsi la compétitivité des entreprises qui les produisent. La protection confère également aux créateurs l'exclusivité d'exploitation des droits de propriété intellectuelle, offrant des avantages économiques significatifs. Aussi, les acteurs du tissage et de la teinture vont augmenter leurs sources de revenus et accéder plus facilement aux financements. Au niveau macroéconomique, l'Etat, grâce aux impôts sur les entreprises, tire profit de l'industrie de la mode et de la production de ces produits.
S : Comment doit-on lutter contre la contrefaçon ?
J.R. : La lutte contre la contrefaçon des labels tels que le Faso Dan Fani et le Koko Dunda est essentielle pour protéger l'authenticité et la valeur de ces produits emblématiques du Burkina. Le renforcement des compétences des acteurs impliqués dans la création, la production et la commercialisation de produits aidera à mieux comprendre et à défendre leurs droits de propriété intellectuelle.Les créateurs et les opérateurs économiques doivent être encouragés à acheter et utiliser les produits protégés. Des campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour éduquer les acteurs et le public sur les dangers et les conséquences de la contrefaçon.
A.A.N