Deux ou trois mois après la demande officielle en mariage, et quelques jours avant la cérémonie, le prétendant apporte à ses futurs beaux-parents des boeufs ou des chèvres en guise de cadeaux. C'est le fandao. « Autrefois et dans certaines régions, on ne donnait pas de boeufs, mais seulement un mouton et du tabac pour la future belle-mère », écrit Lotte Schomerus-Gernböck qui collecte, en 1965-1966 puis en 1968, avec une équipe d'enquêteurs, des informations chez les Mahafaly d'Ampanihy-Ouest (lire précédente Note).
A cette époque, le fiancé offre déjà une forte somme d'argent, la valeur d'un gros boeuf. Autrefois, poursuivent les enquêteurs, les cadeaux de mariage venant de la famille de la fille sont des cuillers en bois, des calebasses, des marmites, des nattes et des corbeilles. Le prétendant, quant à lui, donne des bijoux en argent, un lamba. Dans les années 1960, ils sont plus « somptueux » : lampe à pétrole, bouteille thermos, verres en duralex, assiettes, bols en émail, couteaux, fourchettes, cuillers, coussins, valises, tissus en flanelle et autres vêtements.
En outre, les parents les accompagnent de bijoux, en argent sinon en or, si ce métal n'est pas fady pour la famille. Les cadeaux offerts par la famille de la fiancée restent la propriété de cette dernière, sauf l'argent liquide. En cas de rupture de mariage, ceux du mari lui seront rendus. Durant le temps des fiançailles, le prétendant construit la nouvelle case, s'occupe de son aménagement, et en profite pour rendre souvent visite à sa fiancée. Les deux familles des futurs époux se réunissent le jour fixé par l'ombiasy (devin) ou les olobe (notables) pour la cérémonie du mariage.
Seul le mois d'aout est fady . Si un proche parent décède, le mariage est reporté de douze mois. Le jour faste est le vendredi, mais la cérémonie ne se tient jamais un dimanche. Si dans le village de la fiancée il existe un Hazomanga, le fiancé, accompagné de membres de sa famille, s'y rend de bonne heure avec un mouton.
La future belle-mère les accueille par un repas sans alcool. Puis, tout le monde se rend au Hazomanga, à l'heure qui convient au mpisorona (officiant) qui met un bracelet d'argent (sambelohane), d'une forme plate avec deux losanges, à chaque poignet de la fiancée ; et il place une chaîne avec de petites perles en argent (rose voatse) qui, autrefois, mesure un mètre voire plus, sur plusieurs rangées à son cou. Il bénit la jeune femme : « ... Conduis-toi bien, sois fidèle à ton mari.
Quand il revient d'un village, fais tuer une chèvre pour l'accueillir. » Puis, c'est le sacrifice du mouton dont il recueille le sang pour faire des marques sur le ventre de la jeune femme : « Que Dieu te donne des enfants » Se tournant vers le jeune époux, il déclare : « Fais bien attention à ta jeune femme. Si tu n'es pas content d'elle, ramène-la chez ses parents. » La cérémonie se termine et tout le monde retourne au village pour le repas. Cette fois-ci, le toaka (alcool, rhum, vin) est permis parce que c'est une grande fête au cours de laquelle les olobe (notables) y vont de leurs conseils au jeune couple.
La jeune femme prépare ses bagages et part avec son mari dans son village. S'il y a un Hazomanga, on y fait encore un sacrifice. Après les discours et de bons conseils pleins de sagesse, toute la famille accompagne la jeune mariée à son nouveau domicile. Les enquêteurs indiquent qu'il est admis- même si c'est rare- qu'un homme se marie le même jour avec plusieurs femmes.
En 1965, ils le constatent : l'homme épouse d'abord la vadibe et tout de suite après, dans le même village, la vady ivo et finalement la vady masay. Après le repas de noces, chaque nouvelle épouse se rend dans sa nouvelle case. « Il n'était pas rare qu'un homme prenne comme deuxième femme la soeur cadette de la première, mais elle doit obéissance à l'aînée. Car un mariage avec deux soeurs est sans complications, sauf dans le cas où c'est la cadette qui est la vadibe. » Et dans la hiérarchie familiale, la fonction de la première femme est plus importante que celle de la soeur aînée.
Enfin, dans les années 1960, la polygamie commence à ne plus se pratiquer, parce que la vadibe n'accepte plus une vady masay, sinon elle rentre chez son père. Car même en brousse, on trouve des femmes qui gagnent bien leur vie et qui préfèrent, de ce fait, rester indépendantes. Les enfants ne leur posent aucun problème, leur famille se chargeant de les accueillir et de les élever.