Fléau invisible, le « rôrô », une drogue dure ravageant la jeunesse malgache, a fini par alerter la communauté Hipstyle qui organisera la première édition du « Stop rôrô tour - Mada in iron » le 1er octobre.
Les toxicomanes « savent maintenant que les forces de l'ordre contrôlent les bras, alors, ils se piquent sur la cuisse », alerte Espérance Reziky, la co-fondatrice de la communauté Hipstyle. Elle ajoute « Quand ils et elles sont en manque, et n'ont pas les moyens de se payer la dose, il arrive qu'ils ou elles sniffent tout ce qui leur tombe sous la main, de la peinture par exemple ». Le décès d'un proche a alors poussé cette communauté à organiser « Stop rôrô tour », le 1er octobre à Analamaitso Analamahitsy à partir de 14 h.
Ensuite, ils présenteront le concept dans tout le pays, Antsirabe est la deuxième étape. Antsirabe parce que c'est l'une des villes, selon Espérance Reziky, qui subit de plein fouet la montée de la toxicomanie. « Que ce soit chez la gent féminine ou masculine », soutient-t-elle. Les membres d'Hipstyle se confrontent souvent à cette jeunesse touchée par la drogue dure. Un fléau en sourdine dont l'expansion fait trembler les parents malgaches. Plus que jamais, la génération 2000 et 2010, des lycéens et des collégiens, est exposée.
Pour ce 1er octobre, trois rock-band de renom vont monter sur scène. « Ils vont aussi sensibiliser avec engagement », souligne la co-fondatrice. Il y aura Loharano, Dimyz et F. Le premier a réussi à exporter son rock à l'extérieur en Europe notamment, avec un certain succès. Le second, une référence en la matière dans le pays et une valeur sûre à découvrir. L'argent récolté après l'événement servira à financer des projets de coaching et d'accompagnement des personnes souffrant de dépendance à la drogue dure.
Pour cela, la communauté travaillera avec des professionnels du milieu médical. Une nécessité à en croire le témoignage d'Espérance Reziky. « C'est une porte ouverte pour les maladies transmissibles. Un groupe de quatre toxicomanes veulent leur dose. Pourtant, un seul peut se la payer.
Celui-ci en achète et se l'injecte. Il plane. Avec la même seringue, les trois autres lui prélèvent du sang déjà imprégné de la substance et se l'injectent à leur tour ». Une réalité au charme de mort-vivant à Madagascar, un drame social dont l'issue ne sera jamais heureuse. Selon les villes qu'il va visiter, « Stop Rôrô tour » ne se cantonne pas seulement au rock, les prochaines éditions seront dédiées au rap, au jazz, au reggae et à d'autres genres musicaux.