Dakar — L'ONG Amnesty international et le bureau régional Etat de droit de la fondation Konrad Adenauer ont organisé, jeudi, à Dakar, une rencontre d'échanges sur les stratégies de lutte contre la traite des êtres humains en Afrique de l'Ouest, en vue d'éradiquer ce phénomène.
»Nous nous sommes réunis pour un colloque de deux jours d'échanges sur les stratégies de lutte contre la traite des êtres humains en Afrique de l'Ouest. Au terme de cette rencontre, nous espérons pouvoir faire des recommandations pertinentes aux Etats pour lutter efficacement contre ce phénomène », a expliqué Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty Sénégal.
La traite des êtres humains est un phénomène mondial qui affecte beaucoup la sous-région Ouest Africaine dont le Sénégal qui est »directement concerné aussi bien par la traite des enfants, des femmes, mais aussi des migrants ».
M. Gassama a précisé qu'en ce qui concerne les enfants, »le phénomène le plus connu concerne les talibés qui sont convoyés des différents pays de la sous-région vers le Sénégal et qui sont exploités dans la mendicité au profit des maîtres coraniques ou d'autres réseaux dans leur pays d'origine ».
Selon lui, »les facteurs facilitant la traite des êtres humains sont l'instabilité politique, les conflits, la pauvreté, le chômage, le non-respect de l'état de droit, le défaut de l'état d'assurer la protection et la prise en charge des citoyens, la corruption, entre autres ».
Pour une lutte efficace contre la traite des êtres humains, il a préconisé »la mise en place de stratégies globales pertinentes aux divers actes constitutifs de la traite des personnes à tous les niveaux et renforcer les activités génératrices de revenus au niveau des ménages ».
Aussi, M. Gassama mise sur la protection juridique des victimes et des témoins et l'effectivité des lois sur la traite des personnes avec la mise en place de sanctions appropriées et dissuasives, pour une lutte plus efficace contre le phénomène.
»Il y a très peu de poursuites et très peu d'arrestations par rapport à l'ampleur réel du phénomène », a déploré Seydi Gassama.
Il a fait appel à l'Etat pour le renforcement des ressources financières du comité de lutte contre le traite des personnes, afin d'avoir du personnel suffisant capable mener des campagnes de sensibilisation, lesquelles, dit-il, sont »primordiale surtout au niveau communautaire ».
Ingo Badoreck, directeur du bureau régional de l'Etat de droit de la fondation Konrad Adenauer, citant le rapport mondial de l'office des Nations Unies contre la drogue et la (ONUDC) sur la traite des personnes, a relevé que 3,5 millions d'africains étaient victimes de la traite des êtres humains en 2022.