Madagascar: Ninany de Tence Mena et Ayo Naej - Focus sur l'art de la reproduction

Après « Drako hely », « Mapikirintsana euro » et autres morceaux provoquant l'hostilité des plus pudiques, Ninany est désormais un sujet de controverse ici et là. Sorti le mercredi 20 septembre 2023, le clip est au coeur du débat, le buzz de la semaine !

La chorégraphie est très suggestive, tout comme les paroles. La chanson de Tence Mena et d'Ayo Naej gêne les oreilles de ceux qui prônent le soatoavina malagasy. Pour les conservateurs, «Ninany» respire la connotation sexuelle. Ils ne sont pas les seuls à grincer des dents en écoutant le morceau diffusé sur les ondes de radio et les chaînes de télévision. « La musique se doit d'être éducative. Il y a des enfants qui, non seulement, écoutent mais regardent le clip », a fait constater une mère de famille de 35 ans. En effet, le refrain est si facile à reprendre que dans les cours de récréation, des gamins se mettent à chantonner « ty oe ninany », sans saisir le sens de la phrase.

Les usagers du réseau social Facebook fustigent également le couple et critiquent chaque mot du texte. Des influenceurs et humoristes reproduisent d'une manière sarcastique les mouvements d'ensemble » des deux amoureux. Néanmoins, quelques-uns n'y trouvent aucun problème. Selon ces derniers, « Ninany » est un morceau parmi tant d'autres qui expriment des sentiments. « Tence Mena et Ayo Naej évoquent leurs sentiments autrement. Le message me semble précis, il s'agit de partager tout ce qu'on éprouve pour son conjoint... Je trouve que c'est une déclaration d'amour, une manière de raconter la complicité entre deux personnes ayant une vie commune », essaie d'expliquer Régina, une fan du couple. Apparemment, chacun a son point de vue depuis la sortie du duo de la Lady Boss et du jeune millionnaire.

Sous un autre angle, ces artistes ont quelque part atteint leur but. Faire parler de soi, en bien ou en mal, est une stratégie courante pour avoir plus d'abonnés sur les réseaux sociaux. Tous les moyens sont bons pour que le public aille consulter sa page pour voir le clip. Par ailleurs, faudra-t-il admettre que chacun a le droit de manifester son talent.

Juguler l'inspiration empêchera un artiste de s'épanouir. Le parolier Josoa Radriantseho est entièrement de cet avis. « la sexualité est illustrée dans toutes les disciplines de l'art telles que la peinture, la sculpture, la poésie, la danse, le cinéma... Autrement dit, l'ensemble de ce qui est relatif au sexe ne date pas d'aujourd'hui, il faut le dire ainsi. Mais, discernons aussi les choses. Cela dépend de la région et de l'âge du public. Il y a des gens qui ne supportent guère les propos crus tandis que d'autres sont fiers de leur culture. C'est cela en fait la diversité culturelle. Madagascar est vaste. Notre île bien-aimée a des groupes humains ayant chacun leur façon de voir, leur propre tradition, leur savoir faire... Donc, moi, je dis, allons exploiter cette énorme richesse plutôt que de jeter la pierre à nos compatriotes. Nous avons la chance d'avoir cette pluriculturalité. Et c'est passionnant ! ».

D'un côté, ce parolier semble avoir raison, bien que le sexe soit un sujet tabou dans la société malgache, bon nombre de chansons de terroir prosent des rimes relatant les actes sexuels lors des rituels. Sans équivoque, la culture malgache est un large champ qui mérite d'être travaillé. Une solution pour éradiquer le clivage socio-ethnique qui est évidemment la source de l'incompréhension. De ce fait, « Ninany » devrait être objectivement analysé. En d'autres termes, l'art, par sa simple définition, est la représentation de ce qui est dans la nature. Ceci dit, Tence Mena et son mari ont puisé dans la nature de l'homme pour produire leur nouveau single !

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