Vétuste et suranné. Le palais de la justice à Anosy est loin de justifier son nom. Moins par les verdicts qui y sont rendus que par l'état général du bâtiment frappé d'un coup de vieux. À l'heure où les régions sont dotées de Palais de justice et de prison manarapenitra, il faut se pencher sérieusement sur celui d'Anosy vieux de plus d'un demi-siècle et censé être la référence nationale.
Pour ceux qui ont affaire au tribunal d'Anosy doivent laisser leur incontinence chez eux sinon il faut s'armer de courage et de résistance pour pouvoir supporter l'âcreté de l'effluve d'ammoniac dégagé par la seule toilette publique vaste d'un mètre carré. Urgence oblige, on s'y bouscule au risque de s'arroser les uns sur les autres. Le sésame coûte 100 ariary que l'on s'acquitte à une échoppe de fortune se trouvant à l'entrée avant de se frayer un chemin dans un trou de souris.
On sait pourtant combien ceux qui doivent affronter les juges ont le stress et augmentent facilement leur débit urinaire. Justement, les salles d'audience n'ont rien de rassurant. C'est déjà l'antichambre de la prison. Cela doit faire plusieurs années que les murs n'ont pas été ravalés. Il faut bien curer les oreilles avant de venir pour pouvoir entendre l'appel des noms par le responsable dont la voix naturelle sans sonorisation est facilement avalée par la hauteur de la salle et par l'assistance.
Des baffles restent stoïquement accrochés au mur mais les suies enrobées d'une bonne couche de poussière révèlent qu'ils sont là depuis l'époque de Titanic. La dernière fois où ce Palais de justice a fait l'objet d'une réhabilitation remonte à l'époque de Ravalomanana qui s'était inventé chef de chantier pour refaire les carrelages bâclés par l'entreprise titulaire du marché. Depuis, la clôture et les portes d'entrée ont été modernisées pour filtrer le public. Eh oui, quand la médiocrité entre au prétoire, la vérité en sort.