A la tribune des Nations Unies à New York, le Président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a plaidé mercredi en faveur du retrait progressif de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) à partir de décembre 2023.
Tout en remerciant la communauté internationale pour son soutien, il a affirmé devant les autres Etats membres des Nations Unies, lors du débat général de l'Assemblée générale, que ce retrait, « après plus de deux décennies de présence des troupes des Nations Unies », était une étape nécessaire pour la consolidation des progrès entrepris.
Pointant du doigt l'incapacité des missions de maintien de la paix déployées, sous une forme ou une autre, depuis vingt-cinq ans à faire face aux rébellions et conflits armés touchant la RDC et la région des Grands Lacs, « ni à protéger les populations civiles », le Président congolais a affirmé qu'il était « illusoire et contre-productif de continuer à s'accrocher au maintien de la MONUSCO pour restaurer la paix en République démocratique du Congo et stabiliser celle-ci ».
Selon lui, « l'accélération du retrait de la MONUSCO devient une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions entre cette dernière et nos concitoyens ». Le projet de retrait échelonné, responsable et durable de la MONUSCO a été annoncé depuis 2018 et le plan de transition a été adopté en 2021, a-t-il rappelé.
Nouveaux mécanismes de collaboration
Il a précisé que la RDC explorait de nouveaux mécanismes de collaboration stratégiques avec l'ONU en intégrant les contingences actuelles. Il a indiqué avoir instruit le gouvernement d'entamer des discussions avec les autorités onusiennes pour « un retrait accéléré » de la MONUSCO, en ramenant le début de ce retrait progressif de décembre 2024 à décembre 2023. Il a fait état d'un courrier adressé au Président du Conseil de sécurité en date du 1er septembre 2023 sollicitant l'accélération de ce retrait.
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a réitéré la demande adressée par la RDC au Conseil de sécurité visant à sanctionner tous les auteurs, coauteurs et complices de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ainsi que des violations graves des droits de l'homme, du droit international et de la Charte des Nations Unies sur le territoire congolais.
S'étonnant de l'impunité dont jouissent les responsables de crimes, pourtant cités dans les rapports de l'ONU, il a mis en cause « le silence total » de l'Organisation avant de saluer les sanctions infligées par les États-Unis au Rwanda.
Il a affirmé que ce pays soutenait le groupe armé du M23 qui ne respecte, selon lui, aucun des engagements conclus par les chefs d'État de la région dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi. Sous les applaudissements d'une partie de l'Assemblée, il a ajouté que le M23 exigeait « un dialogue qui ne leur sera jamais accordé ».
Réchauffement climatique
Par ailleurs, le Président congolais a invité la communauté internationale à revitaliser les approches du réchauffement climatique, déplorant le non-respect d'engagements pris en 2009.
S'illustrant notamment par le Sommet africain sur le climat de Nairobi, la volonté du continent de jouer un rôle clef dans la solution au réchauffement planétaire a été mise en exergue par M. Tshisekedi Tshilombo.
Il a également appelé à la création d'un marché du carbone équitable.
Pressant les Etats d'élargir le Conseil de sécurité et d'intégrer deux représentants du continent africain comme membres permanents, le dirigeant a précisé qu'une réforme de l'ONU serait indispensable mais insuffisante.
Rappelant les progrès entrepris par la RDC, il a évoqué le Fonds national des réparations des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité (FONAREV) créé en décembre 2022.
Enfin, soulignant l'imminence des élections générales organisées en RDC, il a de nouveau appelé les institutions internationales à accompagner ce processus de consolidation de la démocratie.