Congo-Kinshasa: Tribune libre - Pourquoi le Bandundu n'a jamais eu un Président de la République malgré sa singulière crème intellectuelle ? Que faut-il faire pour y remédier ?

analyse

En RD. Congo, l'histoire de la candidature à l'élection présidentielle est d'abord celle des Partis politiques ou des Organisations non gouvernementales structurés dirigés par des personnalités les plus en vue et les plus influentes de l'échiquier national.

C'est pour cette raison, dit-on, que tout le monde ne peut pas devenir Président de la république.

Malheureusement, certains estiment que tant qu'on n'est pas président de la république ou candidat à l'élection présidentielle, c'est qu'on n'a pas réussi sa vie, inutile pour soi-même et c'est comme un affront.

Il faut donc se débarrasser de cette vision de la Res publica pernicieuse.

Il demeure néanmoins intéressant de montrer qu'il n'existe pas de portrait-robot des bons leaders ou présidents de la république, ou de schéma bien défini de la gestion à tour de rôle de l'institution « Présidence » comme s'il s'agissait d'un partage de gâteau.

En RDC, il est souvent question de l'appropriation de la fonction président de la République par tous ceux qui se retrouvent comme ressortissants de la province ou ethnie à laquelle appartient le nouveau chef de l'État. Chaque fois qu'un président est élu, sa fratrie proclame tout haut que c'est notre tour maintenant.

C'est un grand risque pour la démocratie et cette posture peut conduire à la constitution des véritables communautés se repliant sur elles-mêmes et mettant en péril le développement durable du pays et la fibre nationale.

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Nous estimons que le nouveau président, s'il est un ressortissant Bandundu, au regard de la qualité des acteurs politiques et responsables des Ongs de cette entité territoriale, devra privilégier les compétences, l'éthique morale et gouvernementale quels que soient ses terreaux de croissance et rompre avec cette culture d'appropriation de la fonction président de la république par ceux qui se revendiquent de la même province.

Il est aussi important de prouver pourquoi le Bandundu n'a pas encore eu un président de la République et comment répondre à ce défi pour le moment ? Très rapidement quelles sont les circonstances qui ont permis aux anciens présidents : Joseph Kasa-Vubu, Joseph Mobutu, Laurent Désiré Kabila, Joseph Kabila et l'actuel de devenir présidents de la République ?

Joseph Kasa-Vubu avant de devenir le premier président de la république démocratique du Congo s'est révélé au grand public national et international en tant que dirigeant et président de l'Abako.

Ipso facto, après une élection largement remportée par cette association culturelle de la défense de la langue kikongo, il était devenu le premier bourgmestre noir de la commune de Dendale (aujourd'hui commune qui porte son nom, Kasa-Vubu). Il put accroître son prestige moral en suscitant un renouveau culturel par les populations bakongo, mettant en exergue leur particularisme . Malheureusement Mobutu doit son ascension au pouvoir par un coup d'État militaire qui demeure la voie illégale décriée de nos jours . Quant à Laurent Désiré Kabila, ce sont des conditions conjoncturelles favorables qui permirent son accession au pouvoir, après des années de dictature de Mobutu.

La suite est une succession des élections entachées de fraudes et d'un deal décrié par Emmanuel Macron (ici même à Kinshasa), Corneille Nangaa, le prix Nobel de la paix le Dr. Denis Mukwege, le conseiller spécial de Kabila, le bâtonnier Jean Mbuyu mais surtout par l'église catholique et tous les chiffres réels de la CENI, publiés par le fameux journal anglais « Financial times ». Ils avaient eu accès au serveur de la Céni, Dieu seul sait comment !

Aujourd'hui le candidat président de la République originaire de Bandundu, pour être présidentiable, doit être capable de rassembler, il doit jouir d'une côte de popularité importante et justifier d'un palmarès véritable.

En outre, pour espérer avoir un ressortissant de Bandundu accéder aux fonctions présidentielles, ce candidat doit faire fédérer tous ses compatriotes de la province autour d'une grande coalition et surtout dégager un consensus autour de sa personne, consensus comme ciment de l'unité de la province. Quand on accorde l'importance seulement à sa fratrie, c'est courir le risque d'un échec assuré.

La coalition peut être aussi la solution à ce que chaque acteur puisse renoncer en faveur de celui qui est capable de gagner l'élection présidentielle, car tout le monde ne peut pas devenir président de la république

Les cerveaux de la cour royale Bankie de Mfum' Ngol' Moka Mpati

Professeur Florent Gabati

Professeur Pini Pini Nsansay

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