Le président de la République, Macky Sall, qui séjourne aux Etats-Unis pour les besoins de l'Assemblée générale des Nations-Unies, a accordé un entretien à France 24 et à Radio France Internationale (RFI). Face aux journalistes, il est revenu sur les dissidences au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) après le choix du Premier ministre Amadou Ba comme candidat à l'élection présidentielle, l'abandon de sa troisième candidature et la dissolution de Pastef, entre autres sujets.
Interrogé sur le choix du Premier ministre, Amadou Ba, et les dissidences qu'il a occasionnées au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), Macky Sall, trouve qu'il n'a rien à se reprocher. « Je ne peux pas fracturer la coalition que j'ai mise en place et entretenue depuis douze ans. C'est la mienne parce que je reste le président de ladite coalition. Je reste le président de mon parti même si je ne suis pas candidat jusqu'à nouvel ordre. J'ai reçu mandat de la coalition de désigner mais j'ai voulu que ce choix soit collectif, qu'il soit discuté avec les différents acteurs ; ce qui a été le cas. J'ai consulté les différents acteurs. D'ailleurs, la plupart était de mon parti. C'est normal qu'il ait des résistances, mais au bout du compte, nous avons vu un processus d'alignement et d'acceptation ».
Il espère toutefois que d'ici l'élection présidentielle, tous les malentendus seront levés. « Il y'a encore deux ou trois qui pensent qu'ils doivent être candidats, mais c'est leur liberté, c'est leur droit. Je pense qu'avant le dépôt des candidatures, il y'aura des discussions qui permettront finalement d'arriver à une convergence totale. L'essentiel a été abattu autour de cette candidature pour donner une chance à la majorité de l'emporter dès le premier tour ».
Sur le poids électoral de son dauphin, Macky Sall se dit rassuré. « Amadou Ba est le choix d'une majorité. Son poids personnel va jouer, mais il part avec l'atout que les autres non pas. C'est d'avoir une majorité qui le soutient. C'est tout cela qu'il faut mettre sur la balance. Il a une majorité dernière lui. Il a le soutien du président. C'est un acteur politique. Tout cela mis sur la balance devrait l'aider à battre ses adversaires. C'est ma conviction qu'il gagnera ».
Une troisième candidature juridiquement valable
Face aux journalistes de France 24 et de Radio France Internationale (RFI), le président de la République, Macky Sall, a trouvé que sa candidature pour un troisième mandat est permise par la loi. « D'abord, il est important de dire que j'ai le droit si c'était ma volonté. Juridiquement, rien ne m'empêchait de concourir pour un second quinquennat. On peut l'appeler un troisième mandat en fait. C'est un second quinquennat, juridiquement il n'y a pas de débat là-dessus », a-t-il dit. Le choix de ne pas se représenter n'est que personnel, ajoute-t-il. « Maintenant j'étais devant mes responsabilités à savoir si le jeu en valait la chandelle.
D'une part, je l'avais dit parce que lors de la révision constitutionnelle et avant ma réélection en 2019, j'avais écrit un ouvrage dans lequel j'avais promis de faire un seul mandat de cinq ans. A partir de ce moment, le code d'honneur m'imposait de respecter ce choix surtout qu'il y'a une fausse polémique qui était entretenue ». La décision de surseoir à sa candidature est à lier, explique-t-il, à son souhait de préserver la démocratie sénégalaise.
« On me prêtait des intentions et sur la base de ces intentions, on a voulu peindre la démocratie sénégalaise en noir alors qu'il n'en était rien. Après avoir apprécié, j'ai estimé que la meilleure démarche était de ne pas tenter ce second quinquennat qui est de droit, mais ce n'est pas que c'est de droit que je dois le faire nécessairement surtout si ça doit coûter en vies humaines ou faire perdre au Sénégal sa légendaire démocratie ».
Toutefois, le président de la République, Macky Sall, pense que les violentes manifestations ayant occasionné des morts ne sont pas le résultat de sa supposée candidature. « Les morts n'ont rien à avoir avec le troisième mandat. Elles sont la conséquence des appels à l'insurrection suite à des problèmes politico-juridiques. Il n'y a jamais eu de manifestations contre le troisième mandat qui a entrainé un seul mort, ça n'existe pas. Il ne faut pas qu'on mélange les sujets ».
Sonko allié des forces occultes
Macky Sall n'a pas voulu par contre se prononcer sur l'incarcération du maire de Ziguinchor parce qu'estime-t-il, « le dossier est devant la justice ». Ce dont il est convaincu est l'alliance d'Ousmane Sonko à des forces occultes. Macky Sall trouve que cette relation n'est pas seulement une idée défendue par ses souteneurs mais, « des faits que tout le monde connait ».
Pour lui, « le Sénégal a fait l'objet d'agressions par différentes forces obscures pensant pouvoir mettre la main sur le pays ». Ce qui est dit-il, « une grosse illusion car, le Sénégal est une démocratie solide et il veillera personnellement jusqu'à ce qu'il rende le pouvoir que le pays ne soit pas déstabilisé, quels que soient les auteurs et leurs complices. » Pour lui, les forces occultes sont « des islamistes, des politiques, en somme un conglomérat d'intérêts qui pensait mettre la main sur le Sénégal qui a échoué lamentablement ».
D'ores et déjà, il ne se fait aucun doute sur la bonne tenue de la prochaine élection. « La présidentielle de février 2024 sera inclusive et ouverte à tous ceux qui peuvent concourir et il appartiendra au Conseil constitutionnel de définir qui sera candidat ou non ». Le Pastef est dissout parce que, « les partis politiques ont des obligations ; ils ne peuvent pas appeler à l'insurrection à longueur de journée, poser des actes condamnables ». La loi est claire, dit-il, « quand un parti sort de son droit, il est dissout et ce n'est pas la première fois qu'un parti politique est dissout au Sénégal ».