Sénégal: Démence - un taux de prévalence de 9, 1 % (gériatre)

Dakar — Le taux de prévalence de la démence au Sénégal s'élève à 9,1%, avec une proportion de 45% pour la maladie de l'Alzheimer, a indiqué le chef du service de gériatrie à l'hôpital de Fann, Professeur Mamadou Coumé, relevant aune augmentation exponentielle des troubles cognitives au niveau hospitalier.

"Nous avons eu à faire des études en Afrique. La moyenne de survenue des maladies liées aux troubles neurocognitifs est de 10 %. Au Sénégal, sur un échantillon d'une dizaine d'années, nous sommes à 9, 1 %. Parmi ces maladies neurocognitives, la maladie d'Alzheimer occupe 45 %", a-t-il révélé.

Il intervenait lors d'une conférence axée sur le thème "La maladie d'Alzheimer : du diagnostic à la prise en charge". "Ni trop tôt, ni trop tard, réduisons les risques maintenant" est le thème de cette conférence organisée à l'occasion de la célébration de la journée consacrée à cette maladie.

La maladie d'Alzheimer constitue "la forme de détérioration cognitive la plus fréquente au monde". "Elle rentre dans le cadre des troubles cognitifs majeurs [caractérisés] par une perte progressive et irréversible des fonctions cognitives. Ce sont les lésions qui détruisent progressivement les neurones responsables de la mémorisation", a-t-il expliqué.

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"Nous avons les maladies cardiovasculaires, les maladies rhumatismales, les maladies métaboliques, puis viennent les maladies neurocognitives en quatrième position", a-t-il déclaré.

"Nous avons une augmentation exponentielle des troubles cognitifs que nous hospitalisons, parce que c'est maintenant des malades qui viennent pour des troubles du comportement, des chutes répétitives, une dénutrition, et durant l'hospitalisation, l'évaluation met en route le diagnostic de l'Alzheimer", a expliqué le gériatre.

Le Pr Coume, qui est le président de l'Association nationale des maladies d'Alzeihmer et autres pathologies neuroévolutives, soutient que" l'âge, les prédispositions génétiques et la faiblesse du réseau social" sont des facteurs qui favorisent la survenue de cette maladie.

"Il y a aussi des antécédents familiaux de troubles cognitifs, la cardiopathie, l'AVC, l'épilepsie, la chute/traumatisme crânien et l'histoire familiale de démence", a-t-il relevé.

Selon le neurologue et psychiatre Pape Mactar Bâ, la maladie d'Alzheimer est "une pathologie neuro dégénérative". "Quand on parle d'une pathologie neuro dégénérative, c'est une pathologie qui est caractérisée par une mort neuronale progressive. Et les neurones, ce sont ces cellules qui sont au niveau du cerveau et qui nous permettent de faire des tâches complexes comme par exemple se souvenir d'informations et stocker des informations et pouvoir les récupérer plus tard", a-t-il détaillé.

Avoir du mal à se souvenir des informations ou des épisodes de sa vie

Selon lui, " la maladie se présente sous plusieurs formes cliniques différentes. Maintenant, celle qui est la plus classique est caractérisée par une perte progressive de la mémoire. Le sujet a du mal à se souvenir d'informations de vie, ce qu'on appelle des épisodes de vie. Par exemple, ce qu'il a mangé la veille.(...)".

Il affirme que la personne affectée a "du mal à s'orienter dans l'espace et à se rendre à des endroits où il avait l'habitude de se rendre ou cela deviendquelque chose de difficile. Le sujet également, dans les formes évoluées de la maladie, arrivera à reconnaître difficilement des personnes familières comme ses enfants", a ajouté le Pr Ba, neuropsychologue.

"Je me rappelle de ces personnes qui viennent me voir accompagnées de leurs fils ou de leurs filles qui me disent ma mère, mon père ne me reconnaît plus. Et quand vous demandez au patient qui vous accompagne, il a du mal à mettre un nom sur les personnes qui l'accompagnent", a déclaré le Professeur Bâ.

"Cela donne l'image d'un homme qui est particulièrement riche et qui va s'appauvrir inéluctablement. C'est un peu cette image qu'on peut avoir de la maladie d'Alzheimer", a encore souligné le neurologue.

En ce qui concerne la prise en charge, le Pr Bâ a souligné que "il y a le traitement médicamenteux avec une articulation entre les spécialistes que sont les neurologues, les gériatres, les psychiatres mais également avec des familles. Le rôle de la famille est important parce que c'est une pathologie qui constitue un véritable drame au niveau familial et sociétal".

Sauvegarder la structuration du réseau social

Dans ce sillage, la prise en charge des malades d'Alzheimer doit selon le professeur Dialé Ndiaye Ndongo "sauvegarder la structuration du réseau social", car la famille a un rôle important à jouer dans la prise en charge de cette maladie. "Il ne faut ni les exclure ni les marginaliser", a-t-elle recommandé.

Le Pr Mamadou Coumé préconise de "stimuler et encourager les activités quotidiennes et de loisir, garder les liens avec les amis, fréquenter les magasins, les restaurants et les lieux de culte". Selon lui, "priver le malade de toute activité et de tout contact aggrave le déclin des capacités fonctionnelles restantes".

La maladie d'Alzheimer a été découverte en 1906 par le psychiatre allemand Alois Alzheimer.

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