Tunisie: Enseignement et dérapages rampants - Des cours payés cash !

23 Septembre 2023

Des pratiques insolites se multiplient et se généralisent dans le domaine de l'enseignement. Il ne s'agit pas du fléau des cours particuliers, mais d'un autre fléau non moins grave et fort préjudiciable aux bourses des familles tunisiennes.

On n'a pas cessé de remarquer, depuis des années, que des enseignants recommandent à leurs élèves de s'adresser à une librairie en particulier pour retirer un document, un cours ou un livre. Ces enseignants optent pour cette méthode pour gagner du temps et offrir à leurs élèves une opportunité supplémentaire de bénéficier de plus de données. En apparence, les intentions sont bonnes. Mais, quand on voit que ces services sont grassement payants, il y a un petit doute qui traverse nos esprits.

Où sont ces nouveautés tant annoncées ?

Ce qui ne marque pas de nous interpeller, c'est que ce phénomène prend des proportions assez sérieuses puisqu'il se propage de façon alarmante et s'étend à tous les niveaux de l'enseignement, du primaire au supérieur, en passant par le secondaire. Pour être plus clair, il faut signaler que des enseignants mettent des supports informatiques à la disposition d'un libraire qui les redistribue aux élèves contre une somme d'argent. En fait, le libraire va remettre des feuilles contenant un cours, des exercices, des informations ... en lien avec le programme scolaire ou universitaire.

Les prix pratiqués sont faits sur la base du nombre de copies et du tirage effectué. Comme, généralement, le nombre de ces feuilles est élevé, le tarif l'est aussi. Même si la feuille est parfois illisible, à cause de l'imprimante utilisée et qui semble en manque d'encre.

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Pour les étudiants, la facture est plus salée. Les enseignants leur demandent de retirer des documents volumineux qui leur coûtent plusieurs dinars. De plus, on leur ajoute une reliure !

On ne peut s'empêcher de s'étonner de voir un tel phénomène gagner du terrain et concerner tous les paliers de l'enseignement. De plus, notre étonnement est d'autant plus grand qu'on nous parle de numérisation et de l'introduction des nouvelles technologies dans le système éducatif. On nous annonce, à longueur de journée, la création d'une plateforme électronique pour aider dans tel ou tel domaine. Mais en réalité, on ne constate rien de concret.

L'enseignement à distance, par exemple, n'est qu'au stade des balbutiements. Les enseignants n'utilisent pas les moyens gratuits qui existent sur le Net pour ajouter une plus-value à leurs cours. L'institution d'enseignement traîne des pieds dans ce domaine. C'est ce qui permet à certains de profiter de ces lacunes pour se faire un peu d'argent aux dépens des élèves et des étudiants.

Il ne faut pas croire que les dépenses faites pour se procurer ces documents sont dérisoires. Tant s'en faut. Surtout que cela se poursuit tout au long de l'année scolaire ou universitaire. Et dire que le débat sur la gratuité ou non de l'enseignement bat son plein.

Utiliser "classroom"

Actuellement, on ne voit pas de vraies politiques allant dans le sens de la modernisation du système d'enseignement. Les efforts dont on nous parle ne sont pas vérifiables sur le plan pratique. Pourquoi n'existe-t-il pas de plateformes qui permettraient aux enseignants de mettre à la disposition de leurs élèves ou leurs étudiants ce qu'ils jugent nécessaire d'ajouter ? Pourquoi les obliger à s'adresser à des libraires pour se procurer ces documents contre argent comptant ? Ces pratiques sont-elles considérées comme saines par les autorités ? Faut-il laisser faire sans réagir ou sans donner son avis ?

Honnêtement, il y a de quoi se faire des soucis et s'interroger sur la prolifération de ce fléau. S'il n'y a rien venant des autorités, il faudrait, à tout le moins, encadrer ces pratiques pour qu'il n'y ait pas de dérapages purement mercantiles.

Le rôle des ministères concernés est primordial. On pense, d'ailleurs, aux ministères de l'Education, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, des Technologies de la communication, ainsi qu'aux autres structures concernées.

De toutes les façons, il existe sur internet tous les moyens qui permettent de communiquer entre les enseignants et leurs élèves, sans passer par les libraires et sans rien payer. Pourquoi ne pas y recourir en attendant que les autorités officielles parviennent à mettre en place le dispositif nécessaire ?

Il y a de nombreux professeurs qui ont recours à l'application "classroom" pour communiquer avec leurs élèves ou leurs étudiants. Cette application permet tout. Elle permet un contact entre les enseignants et les élèves, ainsi que les élèves entre eux. Elle offre une grande liberté dans l'échange des cours et des supports entre les membres d'un groupe.

On conseille vivement l'utilisation de ce moyen par les enseignants, sans trop se faire d'illusion sur des programmes officiels qui tardent à se concrétiser ou qui n'existent pas encore.

Enfin il serait raisonnable d'exiger des enseignants qu'ils n'imposent plus ces recours aux élèves et aux étudiants, car cela constitue une charge financière très lourde aux familles.

Notamment quand on sait que l'accélération de la mise en place des programmes de modernisation des moyens d'apprentissage revêt une urgence particulière. Il est temps de passer des paroles aux actes. Du moins en ce qui concerne l'enseignement.

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