On lisait sur la page Facebook du centre « Akany Avoko Ambohidratrimo Bevalala », un appel à l'aide pour soutenir le centre et cette enfant de quatorze ans qui va bientôt accoucher. Elle serait arrivée au centre quand elle était encore enceinte d'un mois. Le temps est passé et elle doit faire face difficilement à cette triste réalité. Rappelons que le centre Avoko devrait normalement être soutenu par le ministère de la Justice et l'Eglise protestante. Mais dans la réalité, les choses sont autres. Tout, ou presque, repose sur les éducateurs.
Pourtant, les centres Avoko accueillent des enfants placés par la Justice et d'autres enfants dont les cas dépassent les scripts de bon nombre de films d'horreur. Le ventre déjà lourd, le corps déformé par la grossesse et par les séquelles psychologiques de l'agression sexuelle qu'elle a subie, la photo de cette jeune fille fait débat sur les réseaux. Le visage caché, beaucoup disent que c'est une arnaque et à voir ce visage caché ne présume rien de vrai.
Certains avancent l'idée qu'un tel corps ne peut être celui d'une enfant et que c'est sûrement une femme adulte. Chacun y va de ses interprétations mais aussi de ses insultes. Car visiblement, la majorité de ceux qui ont laissé un commentaire ont strictement oublié les points suivants : il s'agit d'une enfant de quatorze ans, qu'elle est victime d'un viol et qu'elle va bientôt accoucher à un âge où cela n'est nullement sans risque.
Âmes sensibles s'abstenir de lire les commentaires. On observe surtout des femmes, de la trentaine et plus, voire des femmes de la cinquantaine qui ne mâchent pas leurs mots, tenant des propos qui dépassent l'entendement. «Il est fort probable qu'elle l'avait cherché. De nos temps, c'est vraiment ce genre de jeune fille qui allume les hommes et se plaint après. Comment se fait-il qu'elle soit enceinte alors qu'elle s'est juste fait violée une fois ? » « À voir ton gros ventre et tes seins, tu ne peux que mentir sur ton âge. Bien fait pour toi ».
La lutte contre les violences sexuelles, en particulier le viol et l'inceste, est un défi majeur à Madagascar. Si ces fléaux touchent de manière transversale la société, il est essentiel de reconnaître que les femmes malgaches ont un rôle crucial à jouer dans la prévention et l'éradication de ces crimes.
Cependant, il est tout aussi important de souligner que certaines femmes, malheureusement, peuvent être complices de ces violences, être complices de la tolérance envers les auteurs et le double voire triple victimisation des victimes en particulier lorsqu' elles sont des jeunes filles.
À Madagascar, le viol et l'inceste sont des tabous profondément enracinés dans le quotidien de la population, et il est difficile pour les victimes de trouver le courage de se manifester. Dans certains cas, les femmes, y compris les mères, peuvent faire pression sur les victimes pour qu'elles gardent le silence.
Les femmes malgaches, en tant que mères, soeurs, amies et membres influents de la communauté, ont un rôle unique à jouer dans l'éducation des jeunes générations sur le respect des droits et de l'intégrité des individus. L'éducation à la féminité positive est plus qu'urgente dans une société en agonie, vivant entre le désespoir, le mal-être chronique, la pauvreté économique et culturelle.
La lutte contre les violences sexuelles, en particulier le viol et l'inceste, est un défi urgent à Madagascar malgré que seules quelques organisations comme le mouvement féministe Nifin'Akanga osent s'y attaquer ouvertement. Les femmes malgaches ont un rôle crucial à jouer dans cette lutte, en tant qu'éducatrices, soutiens, défenseurs des droits et agents de changement. Nous exhortons quiconque pouvant aider le centre Akany Avoko et cette jeune fille et son futur enfant pour un nouveau départ, une nouvelle chance.