Afrique: ONU - Exigence d'ouverture

La quasi-totalité des Etats membres de l'Organisation des Nations unies-ONU- sont d'avis que l'Institution est au déclin de sa gouvernance mondiale sous le format qu'il maintient depuis sa création en 1945. Il y a soixante-dix-huit ans, jour pour jour, sa labélisation à la fin du conflit qui ravagea l'Europe, avec de lourdes répercussions sur d'autres continents, fut saluée par tous pour les valeurs qu'elle était censée incarner : faire en sorte qu'en toutes circonstances, le dialogue soit privilégié à la guerre, et que la paix devienne le socle de la société mondiale post-conflit.

Depuis, la guerre froide est passée par-là, le monde a replongé dans d'autres formes de violences pernicieuses, la course aux armements s'est poursuivie sans relâche, les arbitrages de l'Onu dans les conflits survenus après la Seconde Guerre mondiale ont exacerbé les rivalités entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Angleterre) et révélé les limites de la « maison commune ». Les dirigeants invités chaque année aux joutes de l'Assemblée générale de l'Onu à New York, chez l'Oncle Sam, réalisent que le prestige de la bien-nommée s'étiole.

S'ouvrir sur le monde, en prenant en compte les nouveaux défis de l'humanité : climat, terrorisme (pour ne pas aller loin), mais aussi la montée en puissance des pays dits émergents, et ces forces « nouvelles » que sont l'Afrique, l'Amérique du Sud et l'Asie, devient une exigence des temps modernes. L'Onu a intérêt à s'adapter à la configuration actuelle du monde en intronisant de nouveaux membres au sein de son Conseil de sécurité, tel est l'appel amplifié de différentes manières et en plusieurs occasions par des voix autorisées.

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L'Assemblée générale, ouverte le 19 septembre, a une fois de plus mis en exergue la question de la réforme du système onusien. Et comme par le passé, les divergences de vues entre les camps sont apparues. Si l'idée de voir un pays comme l'Inde entrer dans le cercle très fermé des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies recueillerait de potentiels suffrages de part et d'autre, en revanche « l'Est et l'Ouest », ne regarderaient pas dans la même direction concernant d'autres « appelés ».

Ces derniers, d'après ce que l'on apprend, ce seraient le Japon, l'Allemagne et le Brésil. Les deux premiers pays bénéficieraient du parrainage washingtonien, tandis que le dernier ne serait pas mal vu du côté de Beijing et de Moscou. Il est bien certain que le tapis rouge ne leur sera pas déroulé de sitôt, et pas plus durant les assises de ce mois. Mais comme on le voit, aucune allusion n'est faite pour ce qui concerne le continent africain en dépit du fait qu'il constitue, en tous points de vue, une des parties du monde où reposera certainement l'avenir de la planète dans les décennies à venir.

Est-ce parce que sur place, en Afrique, aucun consensus n'est encore trouvé sur la personne morale parmi la cinquantaine d'Etats pour assumer au nom de tous ? Si la pilule venait à passer, sera-ce seulement une seule place pour l'Afrique ou deux ? Comme le dit l'adage, « un tien vaut mieux que deux tu l'auras ». La première bataille portant sur le principe de l'élargissement du quota des membres n'étant pas encore gagnée, rien ne sert de convoiter plusieurs sièges.

Il est aussi vrai que les cinq membres actuels du Conseil de sécurité se neutralisant à longueur de retrouvailles heurtées ne réalisent pas encore que les appels aux réformes auxquels ils continuent de résister ne s'arrêteront pas tant qu'ils refuseront de voir la vérité en face. Quoi qu'on fasse, le temps joue en faveur du changement. On le mesure à cette image de clair-obscur qui accompagne les prises de parole des uns et des autres du haut de la tribune onusienne. Le coeur n'y est-il plus ? Restons prudents !

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