Des férus de musique ont tentent de séduire le public lors du Kinshasa Jazz Festival. Le style est encore peu connu en RDC, pays du ndombolo et de la rumba.
En République démocratique du Congo, alors que le son chaloupé des guitares et des saxophones résonne dans les maquis et restaurants, une petite bande de férus de musique ont décidé d'y implanter le jazz. Peu connu en RDC, le style tout droit venu des Etats-Unis y trouve aujourd'hui son festival et quelques groupes. Mais comment donc se faire une place parmi les superstars du ndombolo et de la rumba ?
Dernière répétition pour Six Play, quintet congolais créé en 2012. A sa tête, Joe Kabongo, surnommé "Phrasé", guitariste de 40 ans qui, lorsqu'il a commencé à jouer en 1994, ne connaissait pas grand-chose au jazz.
"En 1994, j'étais encore gamin, je ne savais même pas ce qu'était le jazz, se souvient-il. Lorsqu'on a commencé avec le ndombolo et la rumba congolaise, on parlait de quelques musiciens de jazz. Je me demandais ce que c'était. On me donnait des définitions étranges. On me disait que c'était une musique qui venait de l'extérieur. A l'époque, être musicien de jazz, c'était passer pour un fou."
Ouverture culturelle
Ces musiciens d'un autre monde étaient rares sous Mobutu, qui rejetait les cultures occidentales. Selon Joe, les premiers vinyles sont arrivés au Congo dans les valises des religieux, et jouer du jazz était une forme de résistance.
Mais depuis l'ouverture culturelle, les artistes congolais deviennent curieux, note Joël Ciyola, batteur de 28 ans au sein de Six Play.
Pour lui, "avec le temps, la musique évolue. Surtout pour le musicien. Les musiciens peuvent parfois être lassés de jouer un seul type de musique. Après un temps, après avoir joué uniquement de la rumba, ils peuvent avoir envie de découvrir de nouveaux horizons. Et donc lorsqu'ils entendent parler du jazz, il se peut qu'ils veuillent comprendre son fonctionnement, qui est abstrait."
C'est pourquoi, les jazzmen et jazzwomen congolais ont aujourd'hui leur plateforme d'expression avec un local de répétition, ainsi qu'un festival, le Kinshasa Jazz Festival.
De plus en plus de groupes
Paul Ngoie, son coordinateur, faisait aussi partie des premiers initiés. Et il remarque que, s'il est encore timide, le jazz trouve aujourd'hui son public à Kinshasa.
Il rappelle que "le jazz congolais existe depuis peu de temps. Il y a 25 ou 26 ans, nous avons créé une communauté de musiciens de jazz. A l'époque, lorsque nous avons commencé, nous n'avions pas de groupe. Nous étions réunis au sein d'un grand groupe que nous avons appelé Big Band. Mais quelques années plus tard, plusieurs groupes se sont montés et aujourd'hui, on a plus de dix groupes avec beaucoup de jeunes."
Et pour l'édition 2023 du Kinshasa Jazz Festival, il faut dire que Congolais comme expatriés étaient au rendez-vous.