Afrique: Tuberculose - Après la déclaration ambitieuse des Nations Unies, les gouvernements doivent maintenant passer de la parole aux actes

Un enfant recevant des médicaments contre la tuberculose au Sud-Soudan dans le cadre d'un programme soutenu par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le PNUD. (photo d'archives)
communiqué de presse

Médecins sans Frontières (MSF) salue la deuxième déclaration politique des Nations Unies sur la tuberculose signée le 22 septembre, dans laquelle les dirigeants mondiaux se sont engagés à intensifier et à combler les lacunes en termes de dépistage, de traitement et de prévention de la tuberculose. MSF demande à tous les pays de traduire immédiatement ces engagements en actions. Les gouvernements ne peuvent pas se permettre de tergiverser, les progrès réalisés depuis la dernière déclaration de l'ONU, il y a cinq ans, étant insuffisants. Rien qu'en 2021, la tuberculose a tué 1,6 million de personnes. L'OMS estime que 4,2 millions de personnes, soit 40% des personnes atteintes de la tuberculose, ne sont pas diagnostiquées, et signale pour la première fois depuis de nombreuses années une augmentation des cas de tuberculose, notamment de la forme résistante aux médicaments.

« La déclaration d'aujourd'hui ne doit pas rester lettre morte : nous encourageons les pays à prendre toutes les mesures possibles pour sauver la vie des personnes atteintes de tuberculose, notamment en mettant immédiatement à jour les directives nationales sur la tuberculose et en appliquant les recommandations de l'OMS pour améliorer le dépistage et le traitement, et en accordant enfin la priorité au dépistage et au traitement des enfants atteints de tuberculose », a déclaré le Dr Maria Guevara, secrétaire médicale internationale de MSF. « Il faut investir davantage dans la recherche et le développement, en particulier pour améliorer les tests de dépistage de la tuberculose chez les enfants. Avec encore 1,2 million d'enfants et de jeunes adolescents atteints de tuberculose chaque année, il est clair que le monde n'a pas fait suffisamment de progrès depuis la dernière réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose en 2018. »

Pour que les pays puissent élargir l'accès aux outils médicaux de lutte contre la tuberculose, les tests et les traitements nécessaires doivent être disponibles et abordables. Cette semaine, l'entreprise américaine Cepheid et sa société mère Danaher ont pris la décision encourageante de réduire de 20 % le prix du test GeneXpert MTB/RIF Ultra dans les pays fortement touchés par la tuberculose, de 9,98 dollars à 7,97 dollars. Cependant, le prix du test Xpert MTB/XDR, utilisé pour diagnostiquer la forme la plus sévère de la maladie, reste inchangé et exorbitant à 14,90 dollars. MSF renouvelle son appel à Cepheid et Danaher à réduire le prix de tous les tests GeneXpert. Par ailleurs, MSF exhorte de nouveau Johnson & Johnson (J&J) à renoncer à l'application de ses brevets secondaires pour la bédaquiline, un médicament-clé contre la tuberculose, dans tous les pays fortement touchés par la tuberculose, et à abandonner toutes les demandes de brevets secondaires en cours.

« Les gouvernements se sont mis d'accord sur des objectifs ambitieux dans la déclaration d'aujourd'hui sur la tuberculose, une maladie évitable et curable qui tue encore 1,6 million de personnes par an, en partie parce que les monopoles des entreprises empêchent les personnes d'accéder aux tests et aux traitements dont ils ont besoin pour rester en vie », a déclaré Stijn Deborggraeve, conseiller pour la campagne d'accès aux médicaments de MSF. « Il est encourageant de constater que Cepheid et Danaher ont pris conscience de cette injustice et ont réduit le prix du test GeneXpert MTB/RIF Ultra de 20%, nous espérons maintenant voir des réductions de prix aussi significatives pour tous les autres tests. Il est également impératif que Johnson & Johnson renonce d'urgence à sa stratégie agressive en matière de brevets afin que tous les pays puissent avoir accès aux formes génériques de la bédaquiline. »

Les gouvernements ont également convenu de prendre les mesures nécessaires pour pallier les lacunes mortelles dans le diagnostic et le traitement de la tuberculose chez les enfants. Le diagnostic est en effet plus difficile, en partie parce que les tests existants sont basés sur des crachats venant des voies respiratoires, difficiles à produire pour les enfants. En conséquence, on estime que plus de 60 % des enfants atteints de tuberculose dans le monde ne sont jamais diagnostiqués, et parmi ceux qui meurent de la tuberculose, 96 % n'ont jamais reçu de traitement. En 2022, l'OMS a mis à jour ses recommandations en matière de tuberculose pédiatrique afin de permettre au personnel médical de diagnostiquer et de commencer le traitement chez les enfants avec les outils disponibles, mais ces recommandations ne sont pas encore largement suivies. Bien qu'il existe des formulations adaptées aux enfants pour tous les médicaments contre la tuberculose recommandés par l'OMS, y compris la bédaquiline, de nombreux pays fortement touchés par la tuberculose n'ont pas encore mis ces formulations adaptées à la disposition des enfants atteints de tuberculose, ni mis en oeuvre les nouvelles recommandations de traitement.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.