Madagascar: Ampasamarotanora, une sépulture d'enfants massacrés

Sur la prise d'Ambohibeloma comme sur celle de Manohilahy, trois ouvrages en parlent, à savoir les Tantara ny Andriana eto Madagascar d'après l'interprétation de Chapus et Ratsimba (1958), l'écrit du lieutenant Lefèvre en 1898, et celui recueilli à Ambohibeloma par le pasteur Rakotondrasoa et publié dans le périodique Teny Soa en 1885.

Après Manohilahy, Andrianampoinimerina s'en prend à l'autre village fortifié à l'Ouest de la Mananara, Ambohibeloma.

Selon le lieutenant Lefèvre («Légendes populaires sur l'histoire des Mandiavato et sur Andrianampoinimerina», 1898) le conflit entre le roi merina et Ambohibeloma devient inévitable après que Ratrimozafy, valeureux personnage d'Avaratr'Ambohitsitakatra, a tué Valavato, guerrier d'Imerina.

Dès son avènement, Andrianampoinimerina se préoccupe d'ailleurs de reprendre la région située au Nord et à l'Est de la Sahasarotra et d'Andrainarivo.

Cela se comprend car il est lui-même originaire de Kaloy (à 8 km de la Sahasarotra) où vécut son père et c'est, sans doute, dans cette zone d'Ambohibeloma qu'ont été enlevés l'un de ses parents, Rakotovahiny, et des Tsimahafotsy d'Ambohimanga. Ambohibeloma se trouve à 5 km d'Anjozorobe et à 15 km à l'Est de Manohilahy.

Un triple fossé, réuni en un seul sur le côté abrupt occidental, ceint le site accessible uniquement par les portes de l'Est.

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Celles-ci percent les remparts intermédiaires. «Les défenseurs circulent ainsi sans interruption sur la banquette de terre et le linteau du passage», précisent C. Mantaux, de l'Association malgache d'archéologie, et Pierre Vérin, du Centre d'archéologie de l'Université.

Le village n'est pas très élevé, mais se présente comme une presqu'ile au milieu des marais et les fossés sont particulièrement larges et profonds (10 m) par endroits. Il est peuplé de Bezanozano (de la région de Moramanga) avec des seigneurs merina.

Lorsqu'Andrianampoinimerina se présente devant le village, il se réclame des liens de parenté: «Venez donc, ô vous habitants d'Ambohibeloma, approchez-vous de moi : c'est ici que sont mes compagnons, mes parents, ici que sont mes pères et mes mères, venez donc à moi» (Tantara...).

Cette offre de paix familiale est rejetée par «un grand manieur d'amulettes», le Sihanaka Tohana, et ses gens «selon les formules de dérision courantes». Andrianampoinimerina décide alors d'entreprendre le siège et se fortifie.

Il divise son armée en quatre troupes, lui-même se retranchant au Sud-est sur le point le plus élevé appelé plus tard Nanjakana, avec les Voromahery.

Il place une partie des Avaradrano à l'Est (Ambohitrimerina), les Marovatana et les Mandiavato à l'Ouest (au village de Mandiavato) et les Tsimahafotsy au Nord, sur une colline qui portera leur nom plus tard.

Les mêmes Tantara... indiquent que ces troupes- au total huit cents hommes- encerclent Ambohibeloma, «encerclement concrétisé par une série de pierres levées marquant la prise de possession d'Andrianampoinimerina».

Ce dernier, comme à son habitude, cherche, une nouvelle fois, à convaincre «ses parents» de l'inutilité de leurs efforts. Mais en pure perte.

Puis il fait couper l'eau, mais les habitants sortent la nuit pour s'en procurer à l'extérieur.

Le fahirano qui traduit à la fois le siège (blocus) d'une place et la privation de l'eau, se poursuit longtemps, trois ans d'après l'agent britannique Coppalle de Toamasina.

Andrianampoinimerina imagine alors un curieux stratagème pour forcer la décision: l'emploi de papango hazo.

Il s'agit de cerfs-volants dont un bout était enflammé, traduisent Chapuis et Ratsimba; des flèches à feu, rectifie plus justement, le chroniqueur Rakotondrasoa.

En tout cas, ils enflamment les cases, mais « l'effet est rendu plus terrifiant par l'incendie des herbes sèches accumulées dans les fossés par les assiégeants».

Razakandraina, le seigneur des lieux, sera blessé lors de l'assaut. Évitant le massacre, des fuyards s'échappent en direction du pays Bezanozano jusqu'à Mandialaza.

«Des enfants moins rapides furent rattrapés par les guerriers descendus de Mandiavato et de Tsimahafotsy. Leur sépulture au lieu-dit Ampasamarotanora est encore marquée par de petites pierres levées. Ainsi les habitants allogènes furent soit chassés, soit exécutés. »

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