Enseignant chercheur à l'Université Gaston Berger (UGB), Mamadou Youri Sall, invité d'Objection du dimanche 24 septembre, a été amené à faire une analyse sur la structuration actuelle de la société sénégalaise émaillée de violence, de crise d'autorité, de crise de repère et de crise de rivalités politiques. Dans son analyse, le directeur du Centre de recherche a non seulement mis l'accent sur la place et le rôle de l'éducation dans la formation citoyenne mais aussi sur l'éthique en politique.
« Le système éducatif existe dans toutes les sociétés. C'est le système qui permet de transmettre des valeurs, des parents jusqu'aux enfants pour qu'il y ait de la cohésion, l'entente. C'est ça d'abord la fonction principale de l'éducation », a affirmé Mamadou Youri Sall, enseignant chercheur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il était l'invité de l'émission Objection de ce dimanche 24 septembre. A la question de savoir si l'on a perdu ce système éducatif, il répond par l'affirmative. « Oui, on l'a perdu.... L'éducation de base, c'est ce qui nous permet de transmettre l'ensemble des valeurs qui nous permettent de vivre en communauté avec moins de difficultés et en bonne entente », lance-t-il. D'après l'enseignant chercheur à l'UGB, « quand on crée une institution qu'on appelle l'école républicaine, c'est pour que ces valeurs là soient au centre et que tout le monde ait ce socle de compétence qui permet de respecter l'aîné en tant que élément de la société. »
D'ailleurs, il dit se sentir mal quand on met l'accent sur l'employabilité. « En tant que membre de l'académie du Sénégal, je me sens mal, quand on met au centre l'employabilité. C'est mal dit. Qu'est-ce qu'on met au centre, citoyenneté. Le citoyen actuellement avec l'expression moderne, il n'a que des droits. À part payer les impôts, il n'y a que l'Etat qui a des devoirs ».
Ce qui est le contraire des la société de Suleymaani Baal. Selon le directeur du centre de recherche Baj-oordo, « Dans la société de Suleymaani Baal, il y avait d'abord des obligations et des devoirs. Leur école, c'est l'école des obligations et des devoirs. Le premier livre qu'ils enseignent, après le Coran, c'est de dire quel est la première obligation de l'homme. Mais dans notre école actuellement, le premier droit est celui de l'enfant. Parce ce l'enfant a le droit de s'exprimer. De droits partout, on ne parle jamais d'obligation. Il n'y a que l'Etat qui a le devoir d'octroyer de l'emploi, le devoir d'éduquer. Mais les individus n'ont que des droits. Ça pose des problèmes. Mais il faut montrer qu'il y a d'abord des obligations. »
Concernant la responsabilité des hommes politiques dans la gestion des deniers publics, l'invité d'Objection qui prend l'Almamy pour exemple lors du temps de Suleymaani Baal et du rôle joué par Pennda Sàr, indique qu'il faut bien assumer sa responsabilité. Et de déclarer : « C'est ça la question de la gestion des affaires de la cité. Que ce soit homme ou femme, il faut bien assumer et bien assumer sa responsabilité. L'Almamy assume sa responsabilité dans la grande mosquée. La femme assume sa responsabilité sur la gestion de l'ensemble des ressources halieutiques ou pas. Assumer avec responsabilité ses fonctions, avec autorité parce que conférer est reconnu par la population. Parce que les vertus sont au centre. Et c'est ça qui manque. »
Cependant, pour tirer les enseignements de ces expériences connues de par le passé pour une meilleure projection dans le futur, M. Sall propose quelques pistes de solutions : « je dis ce qui nous manque aujourd'hui, c'est les alternances pacifiques. Donc, le pouvoir qui tourne pacifiquement. C'est une difficulté en Afrique. Vous l'avait constaté avec les coups d'états partout. Seconde difficulté, c'est la transparence dans la gestion des deniers publics. Eux, ils avaient réussi à surveiller quand même les deniers publics pour qu'on ne les dilapide pas. Troisième difficulté, c'est l'éthique en politique. Quelle éthique ? L'éthique dans la redevabilité, de responsabilité mais aussi l'éthique du devoir. »