A la tribune des Nations Unies, le ministre de la Fonction publique du Burkina Faso, Bassolma Bazié, a dénoncé samedi les sanctions de la communauté internationale visant son pays après le coup d'Etat de septembre 2022.
Dans un discours au débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies, M. Bazié a mis en garde contre l'ivresse du pouvoir, « l'hypocrisie diplomatique et les mensonges d'État » faisant courir l'ONU à sa perte. Dénonçant la paralysie du Conseil de sécurité, il a avancé que les preuves de la dissonance entre les discours s'agissant du respect des valeurs de la Charte - droit à l'autodétermination, souveraineté des États, inviolabilité du territoire et respect du droit international, entre autres - se trouvaient en Libye, au Sahel et dans « la crise entre la Russie et l'Ukraine ».
Au sujet de la Libye, il a exigé des excuses de la communauté internationale pour l'avoir « saccagée et mise à genoux », avant que les eaux du déluge n'endeuillent le pays davantage. Il a désigné la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union africaine (UA) et un ancien Président de la France, Nicolas Sarkozy, comme responsables de la chute du Colonel Kadhafi.
Peuple frère du Niger
Partant de ce constat, il a dressé un parallèle entre cette ingérence en Libye et la situation actuelle au Niger. Du communiqué lu par les autorités du Niger, il en ressort que la France est, « de connivence avec le Secrétariat général de l'ONU », à la base de cette situation inqualifiable, a-t-il dit. L'ONU ne doit en aucun cas être un instrument dans les mains d'un quelconque pays, fut-il la France.
Il a aussi mis en opposition les discours invitant au respect de la Charte et le fait que les dirigeants représentant le peuple frère du Niger aient été pratiquement interdits d'accès au Siège des Nations Unies.
Le ministre burkinabé a solennellement appelé tous les peuples d'Afrique à se mobiliser davantage dans la fraternité « afin d'éviter que les impérialistes mettent le feu au Niger comme en Libye ». La CEDEAO, l'UA et l'ONU, a-t-il insisté, doivent représenter les peuples, au lieu de servir une poignée de chefs d'État: « elles ne doivent pas être utilisées et instrumentalisées pour déstabiliser des pays frères en assassinant leurs leaders ».
Vivement critique envers la France tout au long de son intervention, il l'a accusée d'être « venue de nulle part imposer son instrument qu'est le G5 Sahel », alors que le Mali, le Burkina Faso, le Niger et d'autres pays se sont organisés sur leurs frontières communes en mutualisant leurs forces pour faire face au terrorisme. Il a aussi très sévèrement critiqué la communauté internationale pour avoir imposé des sanctions au Burkina Faso à la suite du coup d'État du 30 septembre 2022, communauté internationale qu'il a qualifiée de « nébuleuse » et caractérisée par sa « non-assistance à un État en proie au terrorisme » et sa « complicité au pillage de l'Afrique », entre autres. De son point de vue, cette communauté internationale devrait être traduite devant la Cour pénale internationale (CPI).
Groupe Wagner
Le ministre a évoqué deux groupes armés agissant au Burkina Faso - les « forces de défense et de sécurité » et les « volontaires pour la défense de la patrie » - en des termes positifs, les qualifiant de « patriotes ». Or certains chefs d'État de la CEDEAO et de l'UA, s'est-il alarmé, tentent de faire croire à la communauté internationale que ce sont des milices : « C'est cela, le mensonge éhonté d'État! »
Enfin, sur la question de la présence du groupe Wagner au Burkina Faso « chantée par une certaine presse téléguidée depuis l'Élysée », il a déclaré que ces groupes armés susdits constituaient en fait le groupe Wagner. « Oui, Monsieur le Président, c'est nous, les Wagner du Burkina Faso! », s'est exclamé le ministre.