El-Hadji Babou Bitèye, enseignant en France a écrit un roman qui se déroule dans un établissement public français. Une oeuvre qui évoque les relations entre les enfants d'immigrés, leur rapport avec la France et avec leur pays d'origine. Au-delà des apparences est le titre du livre.
El Hadj Babou est né et a grandi à Pikine où il a fait ses études primaires avant de rejoindre Guédiawaye, pour poursuivre ses études secondaires (collège CES Canada et lycée Limamoulaye).
Il a entamé ensuite des études d'histoire à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar avant de venir poursuivre ses études, en France, à Rouen, où il vit depuis 2001. Titulaire du CAPES, il est professeur d'histoire-géographie dans le secondaire en Normandie depuis une quinzaine d'années.
Evoquer ce parcours est pertinent car, c'est ainsi que va naître son ouvrage « au-delà des apparences ».
L'idée d'écrire un roman sur le collège lui est venu du constat selon lequel « tout corps social, malgré sa volonté d'homogénéité qu'il prétend afficher, est traversé par des différences dans la perception et l'application de ses règles et/ ou de ses convictions et les enseignants n'échappent pas à cette situation. L'avantage que présente le collège est une société en miniature et que les débats et sujets que traversent cette dernière sont également présents entre ces murs. Donc, nous ne sommes pas isolés de nos réalités sociétales. En même temps, nous bénéficions encore de ce luxe de prendre le temps et le recul de transmettre et de discuter de sujets en dehors de l'actualité », dit-il.
Babou estime qu'il a essayé d'apporter à ses chers élèves des outils qui leur permettent de comprendre et de décortiquer le monde. « Mais il ne faut surtout pas croire que les élèves sont juste des récipients dans lesquels on verse des connaissances, ils ont aussi des convictions, des points de vue, des sensibilités pertinentes et nous aident également, en tant qu'adultes, à grandir, à nuancer nos positions. Ils sont aussi des acteurs de leur histoire et il était intéressant pour moi de mettre en évidence cette réalité là », note-il dans une correspondance.
Donc, l'écriture de ce livre est une volonté, de sa part, de partager avec le public ces réalités quotidiennes que beaucoup, peut-être, ignorent.
Le professeur d'Histoire-Géographie va plus loin. Il estime qu'écrire « permet effectivement de se questionner, de s'interroger sur soi d'abord et autour de soi. C'est un moyen d'investigation sur nos vies, nos convictions, nos actes, nos contradictions et entorses à nos convictions. C'est un exercice où on tente de se mettre à la place de l'autre, on donne la parole à tous les personnages, ce qui exige une abolition temporaire du jugement. Chacun a droit à la parole quelque soit son opinion. On rend compte ainsi de perceptions, de sensibilités éclairantes ou aveuglantes. Et il appartient aux lectrices et lecteurs de se faire leurs propres opinions ».
Le roman en est ainsi une forme de sagesse de l'incertitude. Donc c'est une investigation sur l'être humain et sa condition et une tentative de mieux le comprendre.
Il insiste sur le fait les personne ne sont faites que de raison, de rationalité. Elles sont aussi faites de sentiments, de passions, de folie, d'émotions, de subjectivité et « voilà ce que tente d'explorer l'aventure romanesque dans notre monde où les comptes semblent prendre le dessus sur les contes. Donc, à partir de mon poste d'observateur, qui est mon métier d'enseignant, je tente de donner un point de vue sur le déroulé du monde à travers des sujets aussi sérieux que l'amitié, l'amour, les relations humaines en général », convainc-t-il.
Ce roman explore la vie d'une femme de convictions, enseignante, Anna Grimberg, à travers son investissement professionnel, amical et sentimental. C'est ainsi qu'elle se retrouve au Sénégal où ses convictions seront mises à rudes épreuves. Le roman pose la question du rapport entre nos convictions philosophiques, politiques, spirituelles et nos réalités mouvantes et en perpétuelle accélération. C'est donc un roman qui explore des personnages au-delà de leur posture, de leur représentation, pour mieux les comprendre. Il donne aussi la parole aux élèves, ces citoyennes et citoyens en devenir qui ont aussi des choses à nous dire sur la marche du monde dont ils sont aussi des acteurs. Le livre est évidemment destiné à tout public sans exception.