Au Ghana, la succession du chef de l'Etat, Nana Akufo-Addo, qui boucle deux mandats de quatre ans, est ouverte. Cet avocat de profession de 79 ans doit passer la main, à l'issue de l'élection présidentielle du 7 décembre 2024. Dans la perspective de ce grand rendez-vous électoral, le parti au pouvoir, le NPP, s'active déjà pour trouver un dauphin digne de ce nom au Président Akufo-Addo. Trois personnalités se dégagent du lot, notamment l'actuel vice-président, Mahamudu Bawumia, l'ex-ministre du Commerce, Alan Kyerematen et le député Kennedy Agyapong. Pour départager ces trois ténors du NPP, des primaires ont été initiés. Le premier tour de ces primaires s'est tenu, en août dernier, avec en prime la victoire du vice-président, Bawumia, avec 68% des voix contre respectivement 10,29% et 14,3% pour les deux autres prétendants.
L'économiste de 59 ans est en pole position et devrait selon toute vraisemblance remporter le second tour des primaires, prévu pour le 4 novembre prochain. Bawumia marche résolument sur les traces de son parrain politique, Akufo-Addo, qu'il rêve de succéder à la tête de l'Etat. S'il est en passe de défendre les couleurs du NPP à la future présidentielle, Bawumia devra batailler ferme pour avoir un destin national. Sur la route qui mène au palais présidentiel, il devra se mesurer à un challenger de taille, l'ex-chef de l'Etat, John Dramani Mahama, qui a dirigé le Ghana, de 2012 à 2016. Suite à sa victoire aux primaires internes, cet homme politique averti a été désigné, en mai dernier, candidat du principal parti d'opposition, le NDC, pour le scrutin présidentiel en vue. Habitué aux combats électoraux, Dramani Mahama ne sera pas face au Président Akufo-Addo, cette fois-ci, mais à son éventuel dauphin. Il avait échoué à se faire réélire en 2016 face à Akufo-Addo et entend bien prendre sa revanche sur son filleul. Si son action au sommet de l'Etat n'avait pas été particulièrement appréciée, à cause de sa mauvaise gestion économique et de certains dossiers de corruption, le candidat du NDC reste un dinosaure politique. Il jouit d'une certaine popularité auprès des Ghanéens et peut faire valoir son expérience dans la gestion de la charge présidentielle.
Dramani Mahama dispose également d'un autre atout : sa colistière, l'ancienne ministre de l'Education, Jane Naana Opoku-Agyemang. Pas très connue du grand public, cette ancienne vice-chancelière de l'université de Cape Coast n'a pas la réputation trouble des hommes politiques et pourrait, de fait, rassurer les potentiels électeurs. Si sa victoire dans les urnes venait à être confirmée au second tour des primaires du NPP, Bawumia, pour sa part, va hériter d'un bilan économique non élogieux de son parrain. La pandémie de la COVID-19 et la guerre en Ukraine ont plongé le Ghana dans une grave crise financière. La charge de la dette de ce pays d'Afrique de l'Ouest, producteur d'or et de cacao, a explosé, au grand dam de ses habitants. La vie est devenue tellement chère que les Ghanéens n'en peuvent plus. Certains d'entre eux ont battu le pavé, la semaine écoulée pour crier leur ras-le-bol aux autorités qui peinent à redresser la barre.
Le gouvernement a dû appeler le Fonds monétaire international (FMI) à la rescousse pour ne pas sombrer. Un préaccord portant sur un prêt de 3 milliards de dollars et étalé sur trois ans a été signé, en décembre 2022, avec l'organisation pour éviter un défaut de paiement. De toute évidence, le vainqueur de la présidentielle de 2024, qu'il soit du NPP ou du NDC, les deux principaux partis rivaux, sera confronté à plusieurs défis. Il devra s'employer à soulager les souffrances des populations, vu le contexte économique précaire. A moins qu'une évolution positive de la situation ne soit enregistrée, avant la fin de l'année prochaine. Le successeur d'Akufo-Addo devra également s'attaquer à la corruption, un phénomène à la peau dure. Last but not least, le futur champion des urnes devra également prendre à bras-le-corps, la question de la lutte contre le terrorisme, le Ghana étant désormais dans le collimateur des groupes armés. Le 21 septembre dernier, des individus non identifiés ont perpétré une attaque, dans le Nord-est du pays, qui a fait 9 morts. Ce sont autant de défis à relever pour un Ghana paisible et prospère.