La politique de subvention de l'Etat sur les produits de consommation pour assister au mieux les populations est salutaire mais l'effet escompté n'est pas au rendez-vous. D'où l'invite de l'économiste Mor Gassama à une véritable politique de production locale.
La cherté du coût de la vie et la hausse discontinue des prix des denrées de consommation sont préoccupantes. Des ménages sont fortement impactés jour après jour sans issue. Interrogé sur cette situation ô combien intenable, l'économiste et enseignant-chercheur à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mor Gassama pointe du doigt «le faible niveau de production mais également un problème d'approvisionnement correct du marché en denrées alimentaires».
Sur certaines denrées comme l'oignon, il explique que la hausse des prix de l'oignon à la veille du Magal se justifie par un déficit de ce produit sur le marché. Pour lutter contre de pareilles situations, il faudrait encourager la production locale d'une part, s'assurer d'un approvisionnement correct du marché d'autre part.
Selon l'économiste, lorsque vous ne produisiez pas assez, «il y a de fortes chances que votre marge de manoeuvre sur les prix reste faible. Et c'est le cas sur certains produits comme le riz, le blé à forte consommation».
Certes, l'Etat subventionne régulièrement certaines denrées mais cette politique de subventions a ses limites. Elle ne peut pas se faire tout le temps et sur tous les produits. Et d'ailleurs, le Fonds monétaire international (Fmi) ne cesse de demander à l'Etat du Sénégal d'appliquer les coûts exacts du prix de l'électricité. Ainsi, l'Etat pourra mener à bien sa politique de protection sociale. De constat, la part annuelle de la subvention sur les produits est assez importante mais l'impact réel laisse à désirer. Rien qu'en 2022, la subvention à l'énergie a coûté 750 milliards de FCFA, et si rien n'est fait, la facture franchira la barre de 800 milliards. Sur les produits comme le riz, l'huile, le sucre, l'Etat a décaissé 50 milliards de FCFA en 2022. C'est dire que l'Etat fait beaucoup d'efforts dans ce sens mais l'effet escompté n'est pas rendez-vous. Certes, l'un n'exclut pas l'autre mais, il y a forcément un arbitrage à faire à ce niveau. Par contre, s'il s'agit de produits importés, les autorités concernées doivent doubler de vigilance pour s'assurer d'un approvisionnement correct du marché.
Ce qui évitera aux consommateurs d'assister à une forte hausse des prix des denrées alimentaires en un temps record. Dès lors, «des mesures correctives s'imposent pour ne plus connaître des perturbations similaires qui impactent négativement le niveau de vie des ménages, leur bien-être», a préconisé l'économiste.
En revanche, «s'il s'agit de produits importés, les autorités concernées doivent doubler de vigilance pour s'assurer d'un approvisionnement correct du marché», oriente-t-il. Ce qui évitera aux consommateurs de voir une forte hausse des prix des denrées alimentaires en un temps record.
Toujours, dans l'objectif de contrer la hausse discontinue des prix des denrées, il reste convaincu que la politique de la production locale ne peut pas être un simple voeu ou slogan. «Il faudrait des mesures concrètes allant dans le sens de trouver une solution durable», a expliqué Mor Gassama qui n'a pas manqué de saluer les ambitions du gouvernement revues à la hausse en passant d'un objectif d'autosuffisance en riz en 2015 à une autosuffisance alimentaire en 2020 pour notre souveraineté alimentaire. «Ce qui est une bonne chose mais il nous faut beaucoup plus d'organisation et de méthode, de patience et de persévérance aussi étant donné que la volonté politique a été clairement exprimée», a soutenu l'économiste.