Afrique: Forum sur la gouvernance de l'Internet en Afrique - L'UNESCO se penche la révision des indicateurs d'universalité

UNESCO (photo d'archives).
26 Septembre 2023

En marge du12e Forum sur la gouvernance de l'Internet en Afrique (AfIGF 2023), tenu du 19 au 21 septembre 2023, à Abuja, au Nigeria, l'UNESCO a organisé un panel sous le thème : « Réviser l'évaluation DOAM-X de l'universalité de l'Internet pour parvenir à une transformation numérique humaniste en Afrique », le 20 septembre 2023, dans la capitale nigériane.

Dans le but de s'assurer que les avantages de la technologie numérique favorisent une inclusion significative et sécurisée, l'UNESCO a élaboré un cadre d'évaluation de l'universalité d'internet à travers des indicateurs basés sur les Droits, l'ouverture, l'accès pour tous, la participation multipartite et les questions transversales (DOAM-X).

Ce cadre d'évaluation DOAM-X est actuellement mis en oeuvre dans 40 pays à travers le monde, dont 15 pays africains à savoir le Bénin, le Sénégal, le Kenya, le Ghana, le Niger, l'Éthiopie, la Côte d'Ivoire, le Cap-Vert, le Burkina Faso, la Namibie, la Tanzanie, la Gambie, le Burundi, le Congo et la RD du Congo.

Après plusieurs années d'implémentation, il importe de marquer une halte pour un bilan d'étape et tirer parti des différentes expériences en vue d'envisager la révision de ces principes d'universalité d'Internet.

Dans cette perspective, en marge du 12e Forum sur la gouvernance de l'Internet en Afrique (AfIGF 2023), tenu sous le thème : « Transformer le paysage numérique de l'Afrique : favoriser l'inclusion, la sécurité et l'innovation », du 19 au 21 septembre 2023, à Abuja, au Nigeria, l'UNESCO a organisé un panel sous le thème : « Réviser l'évaluation DOAM-X de l'universalité de l'Internet pour parvenir à une transformation numérique humaniste en Afrique », le 20 septembre 2023, dans la capitale nigériane.

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A ce cadre d'échanges, modéré par le Conseiller régional pour la Communication et l'Information de l'UNESCO, Elvis Michel Kenmoe, les panélistes ont partagé les expériences du Burkina Faso, Congo, Côte-d'Ivoire, Gambie, Kenya et de la RDC en matière de mise en oeuvre du cadre d'évaluation DOAM-X.

D'entrée de jeu, la spécialiste adjointe de programme Section pour les politiques numériques et la transformation numérique à l'UNESCO, Ttevik, Grigoryan, est revenue sur le contexte d'élaboration des indicateurs d'universalité d'Internet. Les principes DOAM-X mis en place par l'UNESCO constituent un cadre de travail volontaire et participatif pour les Etats et les différentes parties prenantes ; ils visent à faire une évaluation de l'universalité d'Internet basée sur des évidences, des preuves, a-t-elle indiqué. Et d'ajouter que le cadre DOAM-X a l'avantage d'être un processus permettant aux acteurs d'avoir une feuille route en matière de promotion d'internet.

Des acquis, mais encore du boulot

Abordant l'expérience du Kenya, premier pays à implémenter l'évaluation des indicateurs d'universalité d'Internet, Angela Minayo de Kicta Net a fait savoir que l'un des acquis est l'adoption d'une loi sur l'accès des personnes vivant avec un handicap à Internet.

Pour ce qui est de la Gambie, qui a un taux de pénétration internet de 27%, malgré les acquis, il reste beaucoup à faire, surtout face au déficit infrastructurel, a confié la vice-présidente de Information Technology Association of the Gambia, Menggeh Lowe. L'indisponibilité des données a été l'une des contraintes du processus d'évaluation des indicateurs d'universalité d'internet.

Selon elle, cette évaluation est arrivée à point nommé, au moment où la Gambie s'est dotée, pour la première, d'un ministère dédié à l'économie numérique.

En ce qui concerne le Burkina Faso, le processus d'évaluation des indicateurs d'universalité d'internet est en cours. Du rapport provisoire, en attente de validation, il ressort qu'il y a des acquis en matière de gouvernance d'internet.

A titre illustratif, le pays dispose d'un cadre juridique et institutionnel propice. Cependant, la multiplicité des acteurs institutionnels (ARCEP, CIL, CSC, ANPTIC, etc.) intervenant dans cette gouvernance, avec chacun son domaine de compétence, constitue une limite dans la mesure où la synergie d'actions entre institutions autonomes n'est pas systématique.

Le contexte sécuritaire, marqué par le sabotage des infrastructures de télécommunication par les terroristes, vient compromettre les efforts du pays en matière d'accès à Internet.

L'enseigne-chercheur à l'Université Bordeaux Montaigne en France, Pr Alain Kiyindou, qui a participé aux processus d'évaluation de l'universalité d'Internet au Bénin, Niger, Congo, Côte D'Ivoire et en RDC, a fait savoir qu'il y a eu des expériences variées en fonction des pays.

Le changement de ministres à la tête des départements, comme c'est le cas en Côte D'Ivoire, ou l'existence de deux ministères (de l'économie numérique et des TIC) en RDC sont des situations qui ne facilitent pas le processus d'évaluation, a-t-il précisé.

Pour que les rapports d'évaluation ne soient pas des documents de trop qui vont mourir dans les terroirs, Pr Kiyindou a suggéré qu'ils soient accompagnés de projets, d'actions concrètes adressées à des partenaires.

Plaidoyer pour une transformation digitale au service de l'Afrique

Dans la partie consacrée aux perspectives, l'expert Fabio Senne a fait savoir que la révision des rapports d'évaluation est en cours dans certains pays. Selon lui, l'un des défis majeurs reste la révision du cadre d'évaluation DOAM-X, avec en toile de fond, la réduction du nombre d'indicateurs.

Mais comment y arriver ? Si les panélistes ont reconnu que le nombre d'indicateurs est assez élevé, cela ne doit pas faire perdre de vue la nécessité d'étendre l'évaluation à d'autres secteurs comme la justice, l'environnement, le climat, les collectivités locales, etc.

Le renforcement de la visibilité des rapports d'évaluation à travers la forte médiatisation des ateliers de validation, le plaidoyer pour l'appropriation des indicateurs DOAM-X par les gouvernants et la société civile, la poursuite des réunions des ministres sur la gouvernance de l'internet, l'organisation des journées thématiques et des réunions des comités consultatifs, les évaluations annuelles nationales de la mise en oeuvre des recommandations, la constitutionnalisation du droit d'accès à internet, les réponses efficaces aux défis liés à la disponibilité des données sont, entre autres, des pistes d'actions ou de réflexions proposées par les panélistes pour une mise en oeuvre réussie du cadre d'évaluation des indicateurs d'universalité d'internet.

Le Directeur du Bureau régional de l'UNESCO pour l'Afrique de l'Ouest, Dimitri Sanga, a salué la tenue de ce panel qui a servi de cadre pour échanger sur les politiques, les pratiques en matière d'internet et leur impact en Afrique. Omniprésent dans toutes les activités humaines, a-t-il soutenu, l'internet a un impact profond sur la croissance économique, le renforcement des capacités, etc.

Il importe donc d'avoir une responsabilisation collective dans sa gouvernance. En tout état de cause, l'UNESCO va jouer sa partition à travers le plaidoyer pour la prise en compte de la dimension humaniste d'internet, accessible à tous, et ce dans le cadre d'un partenariat multisectoriel. L'ambition étant de faire face aux défis, de sorte que le développement de l'Afrique soit facilité par Internet, que l'universalité d'internet profite au continent, a conclu M. Sanga.

(De retour de Abuja, Nigeria)

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